Lorsque vous mangez à l’extérieur – en vous tenant bien à l’écart du charbon gazoline et des vapeurs plastiques des barbecues de vos congénères de camping – il peut vous arriver de vivre les faits suivants :
Une femme repue de soleil se lève et, l’air satisfait, poings posés sur la taille, entame une conversation allègre avec son ami de maillot de bain. Habileté sévère des UV : cinq doigts blafards lui égayent le ventre d’un frais médaillon.
Plus étrange encore que ce body painting de l’extrême « touche pas à mon estomac » - de sympathiques finnois vissent avec dextérité des guirlandes d’anniversaire dans les parois ignifugées de votre mobil home. Puis, satisfaits du résultat, grillent un poulet au chalumeau à côté de vos bonbonnes de gaz. L’odeur de grésil au piment de sombres pensées vous poussent à anxieusement consulter les statistiques.
Heureusement, indiquent les pourcentages, ces voyages époustouflants rencontrent peu d’accidents mortels. Vous voici donc sauvé du fardeau de cogitations inutiles.
Vous en étiez presque à ne penser à rien – c’est-à-dire vous laisser couler délicieusement dans un magma de réflexions informes et flottantes – lorsque tout à coup, votre fourchette se fiche dans le sol.
Et c’est troublant – vous vous dites - cette rencontre d’un angle et d’une pesanteur avec la matière. C’est tout à fait improbable ce mariage de l’acier et du sol - comme si le métal avait trouvé là un emplacement idéal, l’endroit exact où il se devait d’être, visant une trajectoire idéale :
1) Frayant l’air en un instant.
2) Précipité par la gravité.
3) Planté dans la poussière.
« Là, là… » pointez-vous du doigt à vos voisins - donc au monde entier. Les regards des vacanciers demeurent hagards. « Là, là… » répétez-vous.
La coexistence de l’improbable joyeux et de la sévère réalité, intériorisez-vous, tremblant. Là, là… L’exploration des idées sous les feux nourris de poésie.
« Là quoi ? » Interroge un homme ruminant sa viande, « Tiens, voilà ton couvert. » ajoute ce dernier, fourchette gouvernant le vide.
Votre regard se perd dans ce mélange de réalité fruste et d’ordinaire surréaliste.
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Le néant.
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