Se retenir, se surveiller, se contrôler font partie des « qualités » nécessaires à la socialisation.
Pourtant...
(Feuilleter le livre) Entrez dans l'univers D' Emily Gravett !
« Tout le monde a peur de quelque chose. »
Enonce d’emblée l’éditeur d’Emily Gravett. Ce dernier poursuit : « Le grand livre des peurs est le livre indispensable pour vous aider à triompher de vos peurs. Rédigé par une spécialiste du tracas en tout genre, il est le fruit d’une vie entière passée à combattre toutes sortes de peurs à l’aide d’un crayon. »
Clémence Coeurdevey, dans son Blog, Livr'esse du livre, interroge :
"Qui n’a jamais eu peur « des toutes petites bestioles » ? Qui n’a jamais souffert de «Où-suis-je-phobie » ou encore de « ligyrophobie » ? Emily Gravett, tout comme dans Les Loups, son premier album, prouve encore une fois sa finesse d’expression et sa sensibilité dans un album magnifiquement illustré et truffé de détails à découvrir et redécouvrir.
Mêlant les vraies phobies et celles inventées, Emily Gravett dédramatise certaines angoisses auxquelles petits et grands peuvent être confrontés. "
Peur d'aller se coucher (Clinophobie).
Peur des monstres (Tératophobie).
Peur de dire que l'on fait encore pipi au lit à 9 ans (Enurésie).
Cette démarche met en évidence qu’une écriture « thérapeutique » n’est pas neuve. Les journaux intimes, romans autobiographiques jouent ce rôle. Mais également la fonction « cathartique », c’est-à-dire cette capacité de se libérer soi-même de ses craintes, à travers la figure du personnage ou plutôt – du héros, tels Gavroche ou Harry Potter - de la littérature n’est plus à prouver.
"Pour les enfants, les chevaliers de la Table Ronde sont remis au goût du jour et on voit apparaître un nouveau héros : le « petit héros ». Il leur ressemble, a leur âge mais possède un don qui lui permet de vivre des aventures extraordinaires. Il y a eu d’abord la bibliothèque rose, Les Malheurs de Sophie et la Comtesse de Ségur. Puis Chair de Poule a fait son apparition, le besoin des enfants à l’époque était de ressentir la peur, de croire à l’irrationnel. " (Figure du héros).
Les contes, les mythes dont se drapent les lecteurs, afin de surmonter leurs propres angoisses, sont de cette étoffe … Les peurs, les craintes sont
particulièrement vives chez l'enfant en construction, celui-là même qui "découvre le monde". Un monde plein de mystères. Un monde fait de coutumes étranges, d'usages difficiles à intégrer. Un
monde d'adultes pas si accueillant ni amical, qu'on pourrait le croire (la violence des images "informations ?" télévisuelles l'atteste).
Le site consacré à la littérature de jeunesse de Lille 3, poursuit, à propos du "Grand livre des peurs" : "Ce livre est un très bel album, il est très travaillé et très bien illustré. L’enfant peut s’identifier ou comprendre la petite souris. Il peut aussi apprendre à surmonter ses peurs qui sont peut-être identiques à celles de cette dernière. "
« Souvenez-vous une peur affrontée est une peur surmontée. »
Plus facile à dire qu'à faire, comme nous le démontre magistralement un maître du genre, Tim Burton...
Vincent Tim Burton VF + Paroles [KEOXPROD]
par keox11
Essayons donc, de surmonter nos peurs...
En créant, par exemple, en collectif - il est plus aisé de surmonter ses peurs ensemble (Les angoisses
sont solitaires, se démultiplient par le phénomène d'autosuggestion comme le symbolise l'animation de Tim Burton. D'où le succès thérapeutique des groupes de paroles et des thérapies de groupe :
On ne se sent plus isolé, on ne se sent plus "seul au monde porteur de son problème"...) - la carte de la peur...
En découpant dans des magazines toutes les choses qui nous effraient.
Pistes de travail trouvées dans un excellent document proposé par l'Académie de besançon (cycle 3 mais adaptable au cycle 2) :
Etudier le champ lexical de la peur :
Langage familier - Langage courant - Langage soutenu...
chair de poule, balise grave, gorge sèche, dents qui claquent, poils dressés, trouille, chocottes,
tremblote, sang
glacé, sueurs froides, trouillomètre peur, tracas, angoisse, être effrayé, frissons, stress, transe, inquiet,
terrifié, pétrifié, nerveux, adrénaline tous les mots dont le suffixe est phobie, spasme, nausée, tétanie, arythmie, tachycardie,
Etude des noms / adjectifs / verbes ...
Peur / apeuré / apeurer ; tracas / tracassé / tracasser ; angoisse / angoissé
/ angoisser ; frayeur / effrayé / effrayer ; stress / stressé / stresser ; inquiétude / inquiet
/ inquiéter ; terreur / terrifié / terroriser ; pétrification / pétrifié / pétrifier ; nervosité / nerveux / énerver ; tétanie / tétanisé /
tétaniser...
Pistes de travail :
Relever les différentes phobies de la souris : distinguer celles qui sont plausibles et
propres aux souris (phobie des chats, des oiseaux…), de celles qui le sont moins (isolophobie,
oùsuisjeophobie…). Constater alors que les peurs qui ne sont pas propres aux souris concernent les enfants (voir tableau
ci-dessous).
Travailler le champ lexical de la peur ; distinguer langage familier, courant, soutenu (voir tableau
ci-dessous).
Relation nom / adjectif / verbe (voir tableau ci-dessous). Distinguer de ce qui est intentionnel de la part de l’auteur de ce qui ne l’est pas
(action de la souris dans le livre : raturage, ajout, grignotage…).
Relever les différents termes exprimant les phobies donnés par l’auteur ; distinguer les
conventionnels de ceux inventés. Partir de ce travail pour établir son propre inventaire des peurs. Inventer des mots désignant des peurs en utilisant le suffixe
–phobie.
Réaliser sa propre carte touristique de l’île de la peur en partant de la silhouette de l’enfant (ombre chinoise, photographie).
Relever les phrases qui comportent des rimes, utiliser ce procédé pour exprimer ses
peurs (« J’ai des angoisses aiguës devant les
couteaux pointus », « Ce qui se cache sous mon lit me donne du souci »…).
Prolongement(s) :
Ecrire son propre grand livre des peurs pour, comme le préconise l’auteur, noter
ses peurs et les affronter par le biais du dessin, de l’écriture, du collage (en travaillant et
en faisant appel à différents
types d’écrits pour illustrer ses peurs). « Chacun peut triompher de ses peurs grâce à une expression artistique ».
Mise en réseau :
Etablir le grand livre des peurs des personnages de la sélection.
Billy se bile, Anthony Browne : comparer les procédés pour vaincre ses peurs ; (dans ce livre, ce sont les
poupées qui permettent d’évacuer les tracas).
Emily Gravett, explique son travail...
Elle-même souffre de nombreuses phobies, elle a commencé son travail - par hasard - en découpant des photos, des images de ses peurs qu'elle a posées sur le bureau de sa fille. Cette dernière ayant particulièrement aimé ces images, l'auteur(e) en a fait un livre. Elle espère que vous l'aimerez et que vous prendrez plaisir à le lire...