Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 11:09
Elisabeth Plé. Université Reims Champagne-Ardenne / ESPE, participe au projet « La main à la pâte »  Mercredi 5 février 2014 au CRDP de Lille.

Elisabeth Plé. Université Reims Champagne-Ardenne / ESPE, participe au projet « La main à la pâte » Mercredi 5 février 2014 au CRDP de Lille.

En maternelle, l'enseignant vise les apprentissages « incidents » grâce à deux types d’activités :

1) activités de familiarisation pratique,

2) aux activités d’élaborations intellectuelles et de conceptualisation.

Développer des compétences…

« Devenir élève » : apprendre l’école pour apprendre à l’école.

Les élèves des familles défavorisées ont du mal à savoir, comprendre, comment fonctionne l’école.

Ces élèves défavorisés ont un rapport premier au monde : « Ils font pour faire », ils n’en comprennent pas l’utilité. Il s’agit de faire comprendre ce qui ce joue au niveau des apprentissages. En effet, être dans l’action sans être dans la réflexion empêche les apprentissages.

Le langage écrit permet de prendre de la distance.

Elisabeth Plé, Mercredi 5 février 2014

Elisabeth Plé, Mercredi 5 février 2014

Découvrir le monde, c’est passer du monde des évidences à un monde de questionnement.

Comment faire du quotidien une énigme ? Comment questionner le quotidien ? Le monde interroge. On se confronte à des échecs. Ainsi l’élève va-t-il changer de regard.

L’école doit compenser les inégalités. Ne pas être sur un mode uniquement productif mais être également sur un mode réflexif.

Entre un monde "Perceptif" et un monde "Affectif".

Cet axe perceptif – affectif est le tremplin des apprentissages.

Ce sont des tremplins mais également des obstacles car l'affectif peut emporter l'adhésion sans réflexion et le perceptif peut s'avérer éminemment trompeur.

Nous connaissons tous cet exemple rebattu du soleil paraissant tourner autour de la terre.

Faire des sciences, c’est donc passer du sensible au raisonné.

Et cela ne peut se produire sans l'étayage d'un adulte conscient du cheminement à suivre afin de développer chez l'élève cette curiosité lucide.

 Clés et images pour les sciences en maternelle de 3 à 6 ans, par Elisabeth Plé.

Qu’est-ce que la science ?

« Ce n’est pas seulement savoir que, mais savoir que cela ne peut-être que comme ça » Reboul, 1992, c’est faire accéder aux raisons.

Les débats scientifiques ne sont pas des débats d’opinion. Il faut exposer son point de vue, l’argumenter.

2- références pour le problème ; Dewey et Bachelard.

Pour Dewey le problème est devant soi : l’élève va essayer jusqu’au moment où il va se trouver en situation de réussite.

Pour Bachelard, le concept est tout autre, c'est chemin faisant que l’enfant va tomber sur le problème.

 

Quelques exemples concrets : 

Avec de la pâte à modeler : essayez de faire flotter la boule de pâte à modeler.

Avec des plaques de polystyrène : essayez de les faire couler.

Sans étayage de l’adulte, les observations de l'enfant ne vont pas lui permettre d'élaborer un raisonnement complexe. Il s'agit donc de pousser les questionnements plus avant, de mettre "en mots" ce qui a été obtenu.

 

Selon la "Méthode Dewey", l'expérimentation se déroulerait ainsi : (Le problème est devant soi.) Les élèves font des trous dans les plaques. Posent des cailloux dessus – ces derniers tombent au fond, le polystyrène remonte. Cherchez des cailloux qui flottent. Ils n’y arrivent pas.

« Du caillou ça coule toujours » (passage de l’objet caillou à du caillou - matière.)

Selon la "Méthode Bachelard", l'expérimentation se déroulerait ainsi : (On tombe sur le problème). On se met autour d’une bassine. « Qu’est-ce qui flotte, qu’est-ce qui coule ? »

Boule de pétanque : ça coule, c’est lourd. L’un dit : Non, sur la mer des objets lourds flottent, les légers sont emportés.

La bûche. La bûche flotte. Un objet lourd flotte ; 

Il y aurait des objets lourds qui flotteraient. Ils sont tombés sur un problème : c’est chemin faisant qu’ils sont tombés sur le problème.

But : Susciter un intérêt désintéressé (Mettre en questionnement. Soulever le problème.)

Derrière ces intérêts désintéressés, sous ce questionnement des évidences, l'enfant peut entrer dans une alternance de réussites et d’échecs. Il peut également ne pas trouver tout de suite de réponses à ses questionnements. Il faut laisser mûrir les apprentissages, ne pas donner la réponse tout de suite.

Le concept est au cœur de l’activité.

 

 

Plaisir premier (aimants)

L’aimant attire le fer et pas les autres métaux…

  1. On fait un classement entre les objets attirés et ceux qui ne sont pas attirés : il y a des cuillères attirées et d’autres non (celles en plastique).
  2. On présente des objets en métal divers. « Ils sont en quoi ces objets ? » Réponse : ils sont en fer parce qu’ils sont froids, durs et qu’ils font du bruit. On donne un aimant. Un tas d’objets non ferreux est donné à une élève (Louise) : « Ça ne marche pas. » [La maîtresse étaye, observe pour que l’élève ne vienne pas magnétiser les objets des autres.] Un autre élève dit : « c’est ton aimant qui ne marche pas. » Il essaye, sans succès. Un troisième dit : « il faut retourner l’aimant. » Ca devient le problème de tout le monde. Tout le monde s’implique. Louise pense que c’est  à cause d’elle que l’aimant ne fonctionne pas. Elle ne remet pas en cause les objets : elle est trop impliquée.  Un dernier au loin intervient : « Ce ne sont peut-être pas des objets en fer. »

 

L’air.

Le ballon vole dans l’air, donc...

C3 : construire la matérialité de l’air.

C2 : L’air, le voir…

C1 : Le vent, c’est de l’air en mouvement.

Situation I :  Faire avancer, bouger des objets sans les toucher :

En salle de motricité :

  1. Balles, voitures, bateaux…. « Vous allez devoir faire avancer  ces objets au sol sans les toucher. »

Conclusion : ça marche bien avec la balle, pas trop avec la voiture (prise au vent faible)…

  1. « Vous allez devoir soulever le rideau sans le toucher. »

Vous allez dessiner ce que vous venez de faire « Je veux voir les objets bouger sur votre dessin ».

Une élève a montré qu’elle soufflait en le matérialisant par des traits.

Niveau de conceptualisation est important.

 

Situation II : Dehors, du souffle au vent.

« Regardez dehors, voyez-vous des choses bouger ? »

La maîtresse propose deux objets : un ballon de baudruche et un gros ballon. Elle les lâche dans la cour. « Que se passe-t-il ? » « Qu’est-ce qui les fait se déplacer ? »

… C’est le vent qui les a fait se déplacer. On ne le voit pas… « Comment matérialiser le sens du vent sur le dessin ? » : Les élèves dessinent la balle et le ballon qui se déplace, font des traits, mais pas de flèches de sens.

La phase d’écrit est très important : c’est là où les élèves vont se « représenter » le problème.  Tous vont s’y engager, pas seulement ceux qui interviennent oralement.

La maîtresse va présenter un album documentaire où il y a des flèches pour que les élèves les réinvestissent.

Question d’un auditeur : « Pourquoi ne pas utiliser les fumées pour repérer le vent ? »

« Certes la chose est intéressante. Ici, la question était celle de l’agir. »

Ensuite mettre un papier sur les voitures. Les élèves sont persuadés que les voitures vont avancer moins vite. C’est l’inverse qui se produit, donc, il y a surprise.

Partager cet article
Repost0
26 janvier 2019 6 26 /01 /janvier /2019 19:58

La neige

 

Changement d’état de la matière.

Compétence : Observer le passage de l’état solide à l’état liquide.

 

Situation de départ : il neige dehors.

 

Questionnement dans la classe, émergence des conceptions :

 

La neige dehors, c’est solide, on peut en faire des boules et des bonhommes de neige.

C’est blanc, ça sort des nuages. Mais est-ce que c’est pareil que la pluie ? Car la pluie, c’est tout de suite liquide, c’est de l’eau.

On ramasse la neige.

On ramasse la neige.

Questionnements soulevés :

 

Est-ce que la neige, c’est de l’eau ?

Est-ce que la neige, c’est de la pluie ?

 

Expérimentations imaginées par les élèves. Formulation des résultats attendus :

 

On pourrait laisser la neige dans un pot sur la table.

On pourrait faire du vent avec un cahier.

On pourrait remuer avec un stylo, les doigts.

On pourrait laisser la neige dans la main.

On pourrait ajouter de l’eau.

On pourrait mettre le pot sur le radiateur.

Ça va fondre. Ça va devenir de l’eau.

Neige sur le radiateur.         Neige dans la main                On ajoute de l'eau.                On remue avec les doigts.
Neige sur le radiateur.         Neige dans la main                On ajoute de l'eau.                On remue avec les doigts.
Neige sur le radiateur.         Neige dans la main                On ajoute de l'eau.                On remue avec les doigts.
Neige sur le radiateur.         Neige dans la main                On ajoute de l'eau.                On remue avec les doigts.

Neige sur le radiateur. Neige dans la main On ajoute de l'eau. On remue avec les doigts.

Résultats des expérimentations :

 

Quand on laisse la neige dans la main, ça fond, ça devient de l’eau.

 

Quand on met la neige sur le radiateur, ça devient de l’eau.

 

Quand on remue, ça devient de l’eau.

 

Quand on fait du vent avec un cahier, ça fond mais très lentement.

 

Quand on ajoute de l’eau, ça fond et ça devient liquide. Mais l’eau du pot est beaucoup plus froide que celle de la bouteille.

On remue avec un cahier.

On remue avec un cahier.

Conclusion : La neige, c’est bien de l’eau. Quand l’eau est vraiment froide, elle devient solide. On dit qu’elle est à « l’état solide ». C’est la température qui fait changer d’état.

 

Eduscol - Qu'est-ce que la matière ? 

 

Eduscol - les différents états de la matière. 

La neige à l'état solide prend la forme du pot.
La neige à l'état solide prend la forme du pot.

La neige à l'état solide prend la forme du pot.

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 07:04

 

« L'Art, le beau doivent être partout. » Martine Aubry

Hervé Di Rosa est l’un des pionniers de la « Figuration libre ». Mélange d’un tout-mais-pas-n’importe-quoi joyeux et coloré, l’artiste produit un décalage suffisamment inconfortable pour  irriter et interroger. En quoi la fresque murale présentée à Lille est-elle si éloignée de la vision officielle de l’Art ?  Est-ce la palette ? Le tracé ? Le décalage ? L’usage de la faïence ?

Utilisant la joie, l'humour, l'art brut, l'accumulation, le détournement, la curiosité et l'ouverture aux autres, l'artiste déploie l’ensemble des codes sociaux et des matériaux plastiques à disposition afin de rendre l’Art accessible à tous.

Pari réussi ?

Une chose est sûre, affirme Madame La Maire de Lille, Martine Aubry, Hervé Di Rosa Parvient à « outrepasser les frontières ». Formule heureuse, n’est-il pas ?

Réflexion surgissante,  laissant entendre  un dépassement des normes couplé à un lien avec l’autre. Car Hervé Di Rosa outrepasse – effectivement - les limites de l’acceptable et dépasse les bornes de la norme tant sa pratique – certainement fort agaçante pour les hyper-conceptualistes - brise la complexité en visant le plus simple.

Efficace, effectivement. L’œuvre présente une suite de visages juxtaposés, une série de faces aux joues rondes, aux sourires simplifiés et à l’œil cyclopéen. Un tout artistique, certes harmonieux, mais anéantissant impitoyablement la perspective, utilisant des aplats vifs, jouant à plein les clichés du langage relationnel : tout en caractères tranchés cernés de noir, vision – en apparence – sans nuance où se tendent de féroces facilités émotionnelles…  

 

 

 

 


Ce style épuré serait-il synonyme de facilité ? De simplicité ? D’un art de rue sans message ? La fabrique d’un art ordinaire, inintéressant, donc ?

Ou serait-ce  l’inverse ?

Car ce n’est peut-être pas si impensable que cela de se jouer de l’inévidence  par le biais de l’évidence. C’est qu’il y a une intelligence du sensible, une pensée de l’accessible, laquelle est déjà une traduction du visible.  

Sourire à pleines dents, n’est-il point déjà opposer le coloré à la morosité d’un art complexe se voulant intellectuel jusqu’à l’illisible ?

N’est-ce point encore marcher sur le fil des codes sociaux ? Présenter les artifices dans leur nudité rupestre : caractères minimaux – bruts -  caricaturaux et pourtant riches d’enseignements ?

C’est que ce sourire adressé est un langage.

D’abord celui du stéréotype, tant à bien y regarder, ces personnages sont parés d’attendus. On y découvre la caricature du chercheur à la loupe, du militant au poing levé, du garagiste au bidon d’huile, du vacancier au chapeau de paille, du graffeur à la bombe de peinture et de la  belle parée de boucles fleuries de bijoux.

 Ensuite, celui du graphisme. Un œil. Unique, à la forme géométrique des plus dépouillées, presque similaire d’un personnage à l’autre. Et pourtant, en quelques lignes minimales l’artiste génère des différences interprétatives maximales. Ici, des regards complices, là, l’amoureux, rêveur, parce qu’entre ciel et terre ou – tout simplement – parce que l’amour échappe à l’ordinaire droiture des lois établies et s’évade des règles strictes, a la tête penchée à l’oblique. Ici, l’« air » désabusé d’un homme fort sérieux. Ou encore, là, le regard dubitatif d’un travailleur en service ou scrutateur d’un militant en colère. Qu’est-ce qui produit cette « impression » ? Qu’est-ce qui différencie l’œil perdu de pensées – vague d’un plein submergeant - de celui, dénué de pensées, au  flou laissé par le vide ? Qu’est-ce qui différencie la colère d’un vacancier, de la révolte d’un syndicaliste ? Où se joue les différences d’impressions produisant ici un sourire joyeux plein de présence et là un sourire amoureux plein d’une absence ? Qu’est-ce qui sépare le sourire spontané de l’obligation feinte ?

La réponse se situe sûrement dans les nuances géométriques du visage, lesquelles sont indubitablement complexes et poussent à l’analyse. Qui ne s’est déjà surpris à méditer sur la flexion d’un sourire étonnant ? Qui ne s’est arrêté sur un regard porté vers le songe ? Autant d’indices silencieux faisant d’un imperceptible une œuvre et du minuscule un texte.   

Entrons dans l’étude scrutatrice des éléments et de leurs liens.

Etrange attitude, en effet, décalée dans ce concert de sourires que celui du vacancier au chapeau de paille colérique. Manque de tact – peut-être – de ce chercheur à la loupe impudique scrutant une jeune femme voilée.

Où les limites sont-elles outrepassées ?

Sont-ce… Les dents serrées ? Les sourires unanimes ? La simplicité ? La complexité des rapports sociaux ?

Dans cette photo de groupe, tous ces personnages font-ils société ? S’écoutent-ils ? Dialoguent-ils ? Ou sont-ce des rires juxtaposés, échanges superficiels et dialogues façades ?

De fait, un schéma simple appelle une foule de différences invisibles. Touches indétectables pour le spectateur pressé. Mais finalement très accessible pour peu que la pensée s’y attarde.

 

 

 

------------

Quelles exploitations en classe ?

Stéréotypes :

Qu’est-ce qui « signifie » ? Qu’est-ce qui est porteur de sens ?

Visages ( Quoi, les yeux ? La bouche ? La bouche associée aux yeux ?)

Vêtements

Accessoires ?

Comparer avec des graffs de rue :

Qu’est-ce qui fait langage ?

   (Comparaison langage d’une image – langage d’un texte)

L’image ?

Ce qui est dit ?

Comparer avec des images « naturelles »

Qu’est-ce qui parle ? Nous imaginons, faisons « parler » ?

----

Galerie photos

 

 

 

 
Partager cet article
Repost0
19 mai 2018 6 19 /05 /mai /2018 20:29

 

Olivier Houdé, le 29 novembre 2017, La Sorbonne

Controverses de Descartes

 

Olivier Houdé évoque les résistances cognitives favorisant ou inhibant l'apprentissage. Pour ce faire, le chercheur met en regard deux types de procédures utilisées par les élèves confrontés aux résolutions de problèmes, à savoir : l’algorithme et l’heuristique.

En ce sens, si l'automatisme (étant un excellent moyen de mémorisation)  s’avère nécessaire, ce dernier peut également entraîner des processus heuristiques. Autrement dit, des pensées automatiques, des raccourcis, la plupart du temps efficaces,  mais pouvant également se révéler faux. 

Par exemple, lorsque Jean Piaget effectue des tests de conservation des quantités. Le psychologue présente un certain nombre de pions alignés, puis le  même nombre de pions mais cette fois, espacés les uns des autres. A la question posée de savoir si les deux collections sont identiques, certains enfants répondent par la négative. Plus l’élève est jeune, constate Jean Piaget, plus ce dernier va fournir une réponse erronée, le psychologue  interprète ces réponses enfantines comme non logiques. 

Néanmoins, contrairement aux idées reçues, l’élève n’est pas illogique. La plupart du temps, comme on peut le constater dans les affichages de classe, la longueur de la suite numérique correspond à la quantité effec

tive. Plus la suite est longue, plus le nombre est quantitativement grand. Seulement ici, cette observation automatisée ne s’avère pas pertinente. L’enfant doit donc dépasser cette impression, « inhiber » cette idée en passant par une procédure algorithmique de comparaison, tel le comptage de la collection afin de répondre.   

Merci à Olivier Houdé de son aimable accord.



 

----------------

Pour aller plus loin :

 

Lisez, si vous le pouvez : Bentolila Alain et al., L’essentiel de la pédagogie, Nathan, 2017

Avec les contributions de : "Meirieu Philippe, Boimare Serge, Bouysse Viviane, Jousselme Catherine, Houdé Olivier, Bentolila Alain, Germain Bruno, Duquesne-Belfas Françoise, Girodet Marie-Alix, Quéré Yves, Hadji Charles, Beneych Paul, Martin Brigitta, Mounié Sébastien" 

Vous y trouverez une mine d'informations. Pour vous mettre en "appétit", quelques extraits parlants : "Chapitre 4 - Les sciences cognitives et les apprentissage à l’école primaire, par Olivier Houdé

P 77 : " 3 Piaget revisité : heuristique, algorithmes et inhibition

Un autre exemple, dans le domaine mathématique, permet de bien comprendre la généralité de ce phénomène. Il s’agit de la tâche de conservation du nombre jadis inventée par Piaget (Piaget & Szeminska, 1941). Devant deux rangées qui ont le même nombre de jetons (7 et 7 par exemple) mais qui sont de longueurs différentes (après l’écartement de l’une des deux rangées), jusqu’à 7 ans l’enfant considère qu’il y a plus là où c’est plus long ». Piaget croyait que l’enfant n’était pas logique, qu’il était dominé par son système 1. Or la difficulté est ici d’apprendre à inhiber l’heuristique « longueur égale nombre » alors même que l’enfant est déjà capable de compter (Houdé 2000).

Dans le cerveau, une heuristique et une stratégie très rapide, très efficace – donc économique pour l’enfant ou pour nous-mêmes -, qui marche très bien, très souvent, mais pas toujours, à la différence de l’algorithme exact, stratégie plus lente et réfléchie, mais qui conduit toujours à la bonne solution (le syllogisme, de comptage, etc ;)

P 78 : D’où vient l’heuristique « longueur égale nombre » ? Par exemple, sur les rayons des supermarchés, en général, il est vrai que la longueur et le nombre varient ensemble (covarient) : face à deux alignements de produits du même type, celui qui est plus long contient aussi le plus de produits. Le cerveau de l’enfant  détecte très tôt ce type de régularité visuelle et spatiale. De même à l’école ou à la maison quand on apprend les additions ou les soustractions (ajouts/retraits) avec des objets sur une table, si on additionne, on ajoute un ou plusieurs objets (1+1+1+1…) et c’est plus long ; si on soustrait, c’est l’inverse. C’est encore vrai dans les livres de « maths pour petits » ou sur les murs des classes. On y découvre en général la suite des nombres de 1 à 10 illustrée par des alignements d’objets de longueur croissante (des alignements d’animaux ou de fruits). Donc quasiment partout, sauf dans la tâche de Piaget, la longueur est le nombre varient ensemble

 

Partager cet article
Repost0
27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 11:01

De l’importance de la chimère et de l'émerveillement.

Le petit prince marche à côté, 

Aucune chance, pour lui, d’attraper jamais ce point fixe - sans consistance - appelé but ou objectif. 

Son intensité se mesure en décibel de silence.

 

« En effet. Quand il est midi aux Etats-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au  coucher de soleil.

Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais…

-          Un jour, j’ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois !

Et un peu plus tard tu ajoutais :

-          Tu sais… quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil…

-          Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ? Mais le petit prince ne répondit pas. » p 26-27

 

 Etna - Sicile 2017

 

Le petit prince, comme les enfants, a une connaissance intuitive de la pyramide de l’importance. 

Philosophie en lettres minuscules, (le petit prince étant - dans le texte d'Antoine de Saint-Exupéry - l'assemblage d’un nom commun couplé à un adjectif dénué de majuscules), l’enfant sait voir le précieux d’un éléphant contenu dans un chapeau. Remarque la beauté d'une rose ordinaire. Célèbre le lever journalier du soleil ou le gris d'un nuage luisant sous un ciel d’orage. Chérit, plus que toute autre possession, la lumière d’une présence, fut-elle celle, capricieuse, d'une rose égocentrique. Et derrière le brouhaha des actions inutiles - s'occuper d'un volcan éteint, on ne sait jamais - sous la collecte du dérisoire, une boite en carton, une caisse en bois, un dessin approximatif, ce dernier, sait détecter les preuves des choses essentielles. 

 

 

Sicile 2017

Malheureusement, ses seules compétences, sa capacité d’observation, son imagination, n’entrent pas dans la vie à labeur tenace. Que lui reste-t-il, alors ?

Les rencontres.

Réalistes. Décevantes. Le petit prince, comme l’enfant, a pour hiérarchie, la linéarité des sentiments premiers. Peu lui importe les consignes, les conquêtes, l’exploit – invocations purement adultes consistant, par une pensée du dessus – autrement dit du supérieur - à briguer nombre de  titres et accumuler des avoirs dérisoires. Son ambition a la taille de la coquille du moi, se résume à ses quelques pas d'histoire, englobe son proche univers : la rose, le renard, l'aviateur.  

Il persévère, pourtant. Chaque jour, à respirer le dialogue rance et convenu des hommes oublieux de leur enfance. Chaque minute à mesurer l’ampleur du désastre. A observer le monstre bruyant et hyperbolique d’une modernité phagocytant la vie des employés, plaçant l’agent, la notoriété, au zénith du primordial.

De fait, il pleure souvent. Il pleure beaucoup, tant il saisit l’ampleur de l’autisme adulte. Celui de l’oubli de l’enfance, de la focalisation sur de fausses valeurs. Tant il sait ne pas posséder les clés d’un monde où le vouloir ne suffit pas toujours à atteindre le seul primordial essentiel, celui du cœur.

Et puis, parfois, au détour d'un chemin, l’étonnement d’un rien, car l’enfant s’émerveille de tout et n’importe quoi, reprochent les grandes personnes. L’essentiel donc, la lumière des rencontres : la respiration d'un aviateur meilleur dessinateur que réparateur, la saveur d'une eau fraîchement sortie du puits, l'éclat amical d'un renard à l’œil brillant. 

Son errance est une collecte de bouts de mémoires ébréchées,

Une collection de vieilleries frappant la rétine du cœur.  

Aussi, s’esquive-t-il lentement vers un murmure fatigué à l’orée de la nuit.

 

 

 


Sicile 2017

Bog BLOGSPOT

-------------------

Un partage FRANCE CULTURE

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chêne parlant
  • : L'éclectisme au service de la pédagogie & L'art de suivre les chemins buissonniers. Blogue de Virginie Chrétien chrétien. Maître formatrice en lien avec l'ESPE de Lille. Rédactrice chez Slow Classes. Partenariat : philosophie Magazine. Écrivaine : La 6ème extinction - Virginie Oak.
  • Contact

Introduction.

L’éducation, dans son étymologie même, c’est : «Educere, ex-ducere, c’est conduire « hors de » rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz dans Le Philosophoire. Charles Coutel parle quant à lui d'[Educarea] ēdŭcāre ‘prendre soin de l’ignorance de l’élève’. "Le rôle de l’éducation - dit-il - c’est de me disposer à mon humanité en moi grâce à mon instruction." Ecoutons George Sand… « Mes pensées avaient pris ce cours, et je ne m'apercevais pas que cette confiance dans l'éducabilité de l'homme était fortifiée en moi par des influences extérieures. » George Sand, La mare au diable, Folio Classique, 892, P 37. Ce blogue se propose de partager des outils pédagogiques, des moments d'expériences, des savoirs, des lectures, de transmettre des informations relatives à la pédagogie ordinaire et spécialisée, des idées d’activités dans les classes allant du CP au CM2 en passant par la CLIS. Enfin, on y trouvera aussi quelques pensées plus personnelles. « Notre savoir est toujours provisoire, il n'a pas de fin. Ce n'est pas l'âge qui est le facteur déterminant de nos conceptions ; le nombre de « rencontres » que nous avons eues avec tel ou tel savoir l'est davantage, ainsi que la qualité de l'aide que nous avons eues pour les interpréter... » Britt-Mari Barth, le savoir en construction. ________________________________________________________________________________________________ 1 Le Philosophoire, L’éducation, n° 33, P16 2 P 52, Britt-Mari Barth – Le savoir en construction – Retz – Paris – 2004 – Isbn : 978725622347

Contributions et Partenariats.

Contributions gracieuses : Magazine Slow-classes. Numéro 1 Faire Mouche en géométrie et 2. Le moulinet à vent : mettre des mathématiques dans les voiles. ....... SLOW CLASSES : Slow Classes __________________________________________ Partenariat gracieux Philosophie Magazine. Philomag ________________________________________

Blogs voisins

Silapédagogie silapédagogie Aider ses élèves. com, un site de mathématiques créé par Marc Godin, chercheur en mathématiques, ce dernier est pointu et passionnant. Aider ses élèves . com Document Aider ses élèves . com - document

Emissions à écouter

___ Gai savoir Raphaël Enthoven - Paula Raiman et les indispensables Nouveaux chemins de la connaissance. Gai savoir ................................................................. Les nouveaux chemins de la connaissance - Adèle Van Reeth Les nouveaux chemins d'Adèle Van Reeth

Sites plus

Jaques Darriulat Jacques Darriulat _________________________________________ Philolog Philolog _______________________________________ Le lorgnon mélancolique. Le lorgnon mélancolique