Dorian Astor, Les bibliothèques idéales
Lors de la présentation du dictionnaire Nietzsche au Goethe-Institut de Paris avec Dorian Astor, Jean-Luc Barré, Raphaël Enthoven, Mériam Korichi, Enrico Müller, Arnaud Sorosina et Léon Wisznia, Il y avait un jeune homme nerveux, brûlant d’angoisse, très touchant. Ce dernier, se leva d’un bond, n’osant pas poser sa question, n’ayant de cesse que de se confondre en excuses, bafouillant des explications, baissant la tête, ne parvenant pas exprimer le fond de sa pensée, s’excusant mille et une fois de son autisme, se reprochant indéfiniment de ne pouvoir retenir le nom des intervenants, lesquels, devinrent : pour Enrico Müller, « L’homme assis sur la chaise noire. »… Raphaël, « L’autre assis sur le fauteuil vert. » ou encore Dorian « Vous, assis à côté de l’homme sur le fauteuil vert » ; belle leçon d’humilité, s’il en était besoin… Enfin, après moult efforts et plus encore d’encouragements, ce dernier parvint à formuler son excellente interrogation. Il s’agissait – en effet - de comprendre quel lien unissait des interventions aux thèmes très éloignés les uns des autres et aux contenus – en apparence - très différents.
Silence religieux dans la salle.
Après avoir écouté la réponse, non sans regarder tout autour de lui, bouger les bras, n’y tenant plus, le jeune homme saisit son sac tout de go et se dirigea précipitamment vers la sortie. Dorian, contrant la fuite d’ombre et d’angoisse, l’arrêta avant qu’il ne sorte et compléta sa réponse.
De fait, le corps anxieux se posa et resta jusqu’à la fin.
La sensibilité est sans artifice.
Il y a eu, ce jour-là. A cet instant précis. Au cœur de l’échange. Un hommage à la fragilité, entre ciel et grâce. Un pur espace de délicatesse. Une offrande à la pensée.
Dorian Astor et Mickaël Foessel
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