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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 14:02


Comment échapper à l’absolue liquidité des heures, à la continuité des jours, l’insensibilité des mois ? Comment sortir du coma ? Sentir les pulsations sous les visages lisses des passagers d’un train partant dans le matin froid ? Comment, enfin, percevoir des gouttes de présences noyées dans le mouvement d’une foule avançant à débit constant ?

Il y a les pratiques à risque – bien sûr – ces palpitations du danger où la mort frôle la terre du vivant. Ce besoin de côtoyer le frémissant, cette soif du fracas, cette possibilité du pire, cette fréquentation du vertige… Bref, tout ce qui permet d’échapper au bourbier de l’ordinaire et de sortir – tête haute - de la défécation du présent. C’est que – savent-ils - L’infini n’est pas la répétition éternelle d’un même mais l’effondrement d’un tout réalisé en un point précis. C’est une condensation. Une brèche, une déchirure, un électrochoc.  
Le volume d’un univers contenu dans un dé à coudre.
Néanmoins, si s’évader de l’invariable réclame – certes quelques exceptions -  il est d’autres façons d’être saisi. Il est bien des manières de suspendre sa chute au milieu d’un ciel titubant. 
Lesquelles ? Celles des mots qui vous ferment les yeux. Des phrases qui soulèvent et abandonnent le corps en lettres de pensées. Là où le roulis du texte peuple l’instant d’instants. Là où l’on ne se préoccupe ni de faim ni de soif, pas plus de vie que de mort. 

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 13:56

L’Art serait-il une reproduction ? Une idée ? Une combinaison de couleurs ? Une imitation ? Une abstraction ? Une œuvre originale issue d’un être singulier ?

Nous le voyons, nous avons beau penser de l’Art - gratter à sang notre questionnement épidermique - nous nous agaçons d’entendre des définitions aussi parcellaires qu’insatisfaisantes.
Heureusement, des acrobates de la pensée – plus virtuoses que d’autres, faut croire - pénètrent dans l’arène des idées et parviennent à mettre un peu d’ordre dans ce cirque de propositions. L’équilibriste es art, Jacqueline Lichtenstein 1* par exemple, mais également le philosophe Régis Debray dont la pensée de haute voltige fait le régal de tout questionneur émerveillé. A nous de saisir le trapèze original lancé à travers l’espace des conventions à géométrie plate. Que nous dit-il ? « L’art, c’est du beau fait exprès »*2.
La proposition interpelle.                        
Du fait exprès – l’objection de la photographie étant balayée par l’intentionnalité de la prise de vue -, la chose est entendue. Quant au beau, naturellement, il s’agit ici de la catégorie kantienne du beau… d’une « finalité sans fin », celle procurant une « satisfaction désintéressée ».   Car évidemment, en matière d’art contemporain la laideur rivalisant de médiocrité -,  retenir ce critère aurait pu paraître contestable. C’est pour cette ambiguïté de la langue que nous l’écarterons.
 « Du fait exprès »…  Bien. Retenons. Mais dans quel but ? Pour quoi faire ? … Montrer… Offrir ?...
Oui, c’est cela…  Donner.
« Du fait exprès pour donner à voir  » L’idée semble étrange. Pourtant sa proximité avec le « donner à penser » philosophique n’est pas inintéressante.  
L’Art – avec grand A, SVP – ne serait-il pas, en effet, ce qui ajoute, accroît, augmente ?
Pour preuve, piquons au fil du hasard deux exemples, celui d’une barre de béton d’un côté et de l’autre celui d’une œuvre de Sonia Delaunay. Comparons. L’essentiel distinguant les deux œuvres ne réside-t-il pas justement dans l’expression de chacune ? Autrement dit, dans le contenu de leurs propositions ?
Face à l’évidence – une fois n’est pas coutume - nul besoin de réfléchir ad vitam aeternam. Constat : la première ne représente qu’elle-même, proposition certes solide, mais quelque peu – avouons-le - monolithique et lourde. La seconde est couleurs, formes, profondeur, semble donc douée quant à elle, d’angles de vue à géométries multiples. Nous entrons là dans le monde courbe de la physique  des multitudes … : une sorte d’univers hyper-dimensionnel.
Nous le voyons, tout comme l’infime translation de sens provoque l’écart qui interpelle, du regard en biais émerge la pensée qui arrête.
Aussi, de la même manière, en s’exprimant sur les photographies atypiques de Gilbert Garcin, le physicien Etienne Klein, donne-t-il à voir une matière qui nous échappe… Plus qu’une interprétation décalée, la densité des savoirs propres au monde de la physique apporte une vision* étonnante. Un éclairage détonant…  Un autre langage, un ajout, un enrichissement, en ce qu’une lecture ordinaire – la nôtre, c’est-à-dire exempte de paramètres scientifiques –  en est incapable et donc, face aux photomontages demeure muette.
L’artiste serait-il alors un traducteur de monde ?
             De la lecture infinie d’un paysage, en tout cas, surgit l’intérêt du flâneur.     

Petite balade, donc, en langue des sciences…
 

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 13:51

Que faire, interroge le philosophe Bernard Stiegler,  quand, d’ici peu, les formes d’emploi que nous avons connues n’existeront plus ? Quand 30% des emplois disparaîtront au profit des robots ? Quand les compétences humaines seront passées dans la machine, que restera-t-il au travailleur pour prouver qu’il est employable ?
C’est une barbarie de détruire les systèmes sociaux, n’hésite pas à dénoncer le philosophe engagé au sein de plusieurs projets et associations. 1*
Face à l’entropie qui décompose la société de toute part. Face aux savoir-vivre détruits. Face à une espérance de vie décrite par Amartya Sen, prix Nobel d’économie, paradoxalement plus élevée au Bengladesh qu’à Harlem, tant le consumérisme a détruit le tissu social et les capacités des habitants d’une ville, c'est-à-dire les savoirs.
Face aux informations balancées sur la toile à 200 millions de mètres par secondes - soit deux fois plus rapidement que la foudre, précise-t-il, laquelle ne tombe qu’à 100 millions de mètres par seconde. Il faut – poursuit-il, créer de la néguentropie : c’est-à-dire de la culture et du rêve. Il faut pouvoir exister dans un monde qui n’a pas besoin de vous. Redistribuer. Instituer un revenu, à la manière des intermittents du spectacle.  
En d’autres termes, réintroduire de la responsabilité et lutter contre la barbarie. Croître au sens de l’étymologie grecque, phusis, du verbe  "Phusein", c’est l’origine de la physique. C’est ce qui fait que le monde se transforme, est dynamique… C’est l’harmonia.
Nous nous devons de construire un nouveau pacte social. Entrer dans une économie de la contribution, celle de la « capacitation », consistant à reconstituer les capacités de chacun. Autrement dit, passer au néguentropocène.
Le philosophe Pascal Chabot, enfonce le clou. Le progrès utile, celui de la mesure instantanée, n’est pas le progrès subtil, nuance-t-il. Or apprendre, douter, creuser, aller plus loin dans la pensée sont des processus souterrains. Leurs bénéfices s’apprécient à long terme, se détermine sur un temps long. Nous ne sommes pas dans la même temporalité.   
Mais des initiatives existent, encore s’agit-il de « Faire monter l’intelligence collective au niveau du politique. » 

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2*
https://sites.google.com/site/etymologielatingrec/home/p/physique-la
"Physique" vient du verbe Grec, "φυω" ("phuo", dont l'infinitif est "φυειν" "phuein", source Merriam Webster) signifiant croitre, générer.
Ce mot Grec "Phuein" est lui-même dérivé de la source indo européenne "bheu"[4], qui signifie "croître", "être".
En sankrit "bhu" signifie la terre, où croissent les cultures [5] comme opposé au ciel [6]

Cette racine donnera le grec "pheo", ou le verbe grec "phuomai[7]" ou"fuomai" ("φυομαι"[8]) ou encore "phusis" qui a le sens du "souffle", de "la vie". Son équivalent est la racine indo européenne antérieure "bhu" [9] signifiant "croitre", "être"

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 13:43

Pourquoi assister à des conférences ?... Pour ces petits miracles, le partage de ces passions, émotions, pensées. Pour ces attaques en force, ces percées majeures de la croûte du vulgaire. 

"Pourquoi j'écris ?" 
Henri Lopes

J'écris parce que je suis un Africain ; un homme vieux de plusieurs millions d'années dont la mémoire et l'imaginaire ne tiennent qu'au fil ténu et fragile d'une tradition orale brumeuse ; un homme dont la bibliothèque date de moins d'un siècle.
J'écris pour introduire dans l'imaginaire du monde des êtres, des paysages, des saisons, des couleurs, des odeurs, des saveurs et des rythmes qui en sont absents ; pour dire au monde des quatre saisons celui des saisons sèches et des pluies ; pour dire au ciel de la Grande Ourse celui de la Croix du Sud.
Mais vous dire l'Afrique ne consiste pas pour moi à vous en faire un reportage ni à vous rédiger un traité de sociologie, d'ethnologie ou... d'entomologie. Le pays que mes romans évoquent n'existe dans aucun guide Michelin, dans aucun récit de voyage, dans aucun manuel d'histoire ou de géographie. C'est de mon pays intérieur que chaque fois je vous entretiens.
Peut-être ne suis-je au bout du compte qu'un dangereux menteur. Mais un menteur de haut vol, car il s'agit dans ce jeu-là de mentir juste, de «mentir-vrai». 
Écrire, c'est transfigurer la réalité.
J'écris pour assumer ma négritude, pour recouvrer mes «poupées noires». J'écris pour dire l'ami Manuel du poème de René Depestre :

L'homme qui se rase avec un tesson de bouteille, 
L'homme qui ne sait pas que la terre tourne...

J'écris pour dépasser ma négritude et élever ma prière à mes ancêtres les Gaulois ; Gaulois de toutes les races s'entend, de toutes les langues, de toutes les cultures. Car c'est pour moi que Montaigne s'est fait amérindien, Montesquieu persan et Rimbaud nègre. C'est pour m'aider à déchiffrer l'Afrique que Shakespeare a fait jouer ses tragédies, que Maupassant m'a légué ses nouvelles. 
J'écris pour avoir la force de vivre le pays de solitude, le pays métis.
J'écris pour décharger dans les mots mon envie de danser sur la place publique ; j'écris pour toi ; pour t'offrir cette coupe, toi dont la silhouette et les pas de danse me poursuivent dans mon sommeil ; toi que j'ai aperçue hier, toi dont je ne prendrai jamais la main, toi dont je ne suis pas digne. 
J'écris pour atteindre le plaisir pour m'y baigner. J'écris dans la bonté. J'écris dans la fureur. J'écris pour ne pas basculer. J'écris dans la folie. J'écris pour revenir de la folie. J'écris pour me soigner.
J'écris parce que je ne sais pas, j'écris pour apprendre. Chaque ouvrage est une université et, quelles que soient les préférences de mes lecteurs, mon dernier livre est pour moi le plus abouti.
Quand je crois maîtriser ces mots qui me sont à la fois outil et matière, ils me glissent entre les doigts, m'échappent et m'enivrent.

 

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 10:58
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant
Youssef Seddick - Bernard Stiegler   Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant

Youssef Seddick - Bernard Stiegler Les rencontres inattendues de Tournai - le 30-08-15 Photo Virginie - Le Chêne parlant

Comment pratiquer les nombres, autrement dit la musique, la poésie, de manière à ce que ces derniers soient innombrables, c’est-dire dépassent le calcul et deviennent incalculables ?

La musique produit de la néguentropie, explique le philosophe Bernard Stiegler, lors des rencontres inattendues de Tournai, le 30 août 2015, c’est-à-dire quelque chose d’absolument inattendu.

 

Car il s’agit d’éviter les raccourcis, poursuit Bernard Stiegler. Autrement dit, les données – les rétentions - laissées sur les Smartphones, et récupérées par les vendeurs d’objets. Ces derniers nous télécommandant, nous imposant nos désirs. Guidant nos volontés. Canalisant  nos protentions – nos achats, nous faisant croire qu’il s’agit des nôtres. 

Le dernier stade de la barbarie.

Oui, de la barbarie, car le système prive les individus de leur désir, de leur capacité de vouloir, d’analyser, de s’exprimer. Ca les amène à devenir des bombes vivantes.

La musique doit sauver le monde.  Parce qu’elle est l’Art des protentions. 1* Elle produit de l’attente collectivement. A travers elle, on peut faire faire des choses aux gens, raison  pourquoi elle est usitée dans les églises, à l’armée… La musique peut évidemment, bien sûr, produire le pire mais aussi le meilleur.

Elle crée une transformation. Une méditation. Il y a une pharmacologie de la musique.

 

Nous devons nous en emparer.

Croire en l’improbable. Et ça, c’est un vrai universel.

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Présentation

  • : Le chêne parlant
  • : L'éclectisme au service de la pédagogie & L'art de suivre les chemins buissonniers. Blogue de Virginie Chrétien chrétien. Maître formatrice en lien avec l'ESPE de Lille. Rédactrice chez Slow Classes. Partenariat : philosophie Magazine. Écrivaine : La 6ème extinction - Virginie Oak.
  • Contact

Introduction.

L’éducation, dans son étymologie même, c’est : «Educere, ex-ducere, c’est conduire « hors de » rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz dans Le Philosophoire. Charles Coutel parle quant à lui d'[Educarea] ēdŭcāre ‘prendre soin de l’ignorance de l’élève’. "Le rôle de l’éducation - dit-il - c’est de me disposer à mon humanité en moi grâce à mon instruction." Ecoutons George Sand… « Mes pensées avaient pris ce cours, et je ne m'apercevais pas que cette confiance dans l'éducabilité de l'homme était fortifiée en moi par des influences extérieures. » George Sand, La mare au diable, Folio Classique, 892, P 37. Ce blogue se propose de partager des outils pédagogiques, des moments d'expériences, des savoirs, des lectures, de transmettre des informations relatives à la pédagogie ordinaire et spécialisée, des idées d’activités dans les classes allant du CP au CM2 en passant par la CLIS. Enfin, on y trouvera aussi quelques pensées plus personnelles. « Notre savoir est toujours provisoire, il n'a pas de fin. Ce n'est pas l'âge qui est le facteur déterminant de nos conceptions ; le nombre de « rencontres » que nous avons eues avec tel ou tel savoir l'est davantage, ainsi que la qualité de l'aide que nous avons eues pour les interpréter... » Britt-Mari Barth, le savoir en construction. ________________________________________________________________________________________________ 1 Le Philosophoire, L’éducation, n° 33, P16 2 P 52, Britt-Mari Barth – Le savoir en construction – Retz – Paris – 2004 – Isbn : 978725622347

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Contributions gracieuses : Magazine Slow-classes. Numéro 1 Faire Mouche en géométrie et 2. Le moulinet à vent : mettre des mathématiques dans les voiles. ....... SLOW CLASSES : Slow Classes __________________________________________ Partenariat gracieux Philosophie Magazine. Philomag ________________________________________

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