Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 15:56

"Eduquer, ce n'est pas emplir un vase, c'est allumer un feu."

 

« Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier,

attendrir, apaiser, mettez des livres partout. » (1) 

Victor Hugo.  

 

« Le préambule des programmes de 2008 commence par cette phrase : 

Donner à chaque enfant les clés du savoir 

et les repères de la société dans laquelle il grandit est la première exigence de la République 

et l’unique ambition de l’école primaire. » 

Christian Poslaniec.

 

Il se trouve que l’album – par l’attrait qu’il suscite, par la richesse littéraire (lexical / syntaxique) et graphique dont il est porteur – se prête tout particulièrement aux exigences de savoirs et de culture dont l’école du premier degré est porteuse. 

Olivier Graff (2) – inspecteur à l’éducation nationale – ne manque pas de souligner combien les albums - dès la petite section de maternelle - peuvent préparer les élèves à acquérir les connaissances liminaires qui leur seront utiles au cycle 2 et 3.

Ainsi l’album permet-il d’élaborer (de construire) de solides repères culturels (classiques et modernes) tout en éclaircissant l’intentionnalité de l’auteur. C’est-à-dire qu’il s’agit de rendre lisible les lignes implicites qui composent l’écriture d’une œuvre quelle qu’elle soit.

Ceci suppose – de la part de l’enseignant non seulement de disposer de solides connaissances, mais également de choisir les œuvres à étudier en fonction des critères pédagogiques que ce dernier se sera fixé (3). 

 Petit-Pierrot.jpg

Quels repères culturels ou éléments littéraires travailler ?

Il  faut bien faire des choix…

Les auteurs de l’ouvrage se proposent d’aménager un parcours pédagogique réalisé sur la base de 4 points (Les références à d'autres oeuvres - Le récit - Le personnage - Le genre) à travailler en classe. 

(Le but étant de rendre "explicite" la foule d'éléments implicites qu'ils contiennent - lesquels - vont venir entraver la compréhension du jeune lecteur, puis, peu à peu, le conduire à l'échec et enfin au dégoût de l'acte de lire.)

Le but – in fine – étant évidemment d’acquérir une forme « savante » de lecture.

Les deux premiers s’adressant plutôt aux élèves de Petite et Moyenne section (Tome 1).

Les deux suivants, davantage aux Moyennes et Grandes sections (Tome 2). 

 

Tome 1 :

 

1) Les références à d’autres œuvres :

 

La construction du stéréotype du renard conforme à son archétype. 

Il s’agit avant tout de construire, c’est-à-dire de pointer les éléments qui vont permettre de fabriquer cet archétype. 

Par exemple dans le cas du renard (il est rusé – beau parleur – trompeur – menteur – malin, etc. ) 

Afin de valider ce stéréotype ; les auteurs proposent 4 œuvres à découvrir :

 

"Roule galette "

 

Le stéréotype : Le renard, un archétype à définir pour identifier son rôle (statut narratif dans les œuvres). 

Le récit : La structure en randonnée : répétition par juxtaposition. Comprendre et interpréter un récit répétitif (avec ritournelle répétitive).

La galette croise au cours de ses pérégrinations : un lapin, un  ours, un loup gris qui « parlent trop » ;

Si le renard arrive en dernier, ce n’est pas un hasard. La galette se laisse prendre au jeu (ce qui n’est pas sans rappeler la fable du Corbeau et du Renard) et se fait croquer (la fin est violente.) 

 

« Cette approche de l’acte de lire doit permettre à chaque élève de mettre en œuvre une pensée en réseaux. » (2) p 10. (Faire du lien entre le texte lu et le lecteur – entre les lecteurs – entre le lecteur / le livre et le monde – entre le texte et d’autres supports culturels.)

Roule Galette, de Natha Caputo et Pierre Belvès, travail offert par le CDDP du Cantal

 

"Poule Plumette". Poule-Plumette-de-Paul-Galdone.jpg(Stéréotype : Le renard (sa roublardise, toujours) + Récit : La structure en randonnée : répétition par accumulation).6-images-sequentielles-de-Poule-Plumette.jpg

 

"Une petite oie pas si bête." . (Stéréotype : Le renard (sa roublardise, mais cette fois, l’oie va-t-elle se laisser dévorer ?) + Récit : La structure répétitive par symétrie). Il y a ici possibilité de travailler sur les expressions (bête comme une oie, cervelle de moineau, etc.)

 

"Poucet le poussin." . (Stéréotype : Le renard (sa roublardise, toujours) + Récit : La structure en randonnée : répétition par accumulation). La fin est suggérée par le dessin. Travail de Mr Dommergue, Aurillac 3 (sur le site de L'Académie de Clermont-Ferrand).

Poucet le poussin

 

Voici une autre proposition de lecture "réseau" offerte par l'Inspection d'Aurillac.

Exploitation proposant une lecture comparée de 4 versions du conte «Petite poule rousse». Tableau comparatif, déroulement des activités, productions d'écrits. Les 4 titres sont : «La petite poule rousse et le renard russe» de Maud Riemann, édition Bilboquet ; «La petite poule rousse», édition Nathan ; «Petite poule rousse et Renard rusé» de Sally Hobson, édition Pastel et «Poule rousse» racontée par Lida, illustration de Morela, édition Père Castor flammarion.

 

2) Le récit :

 

a) La structure répétitive par accumulation.

 

b) "Le roi de la grande savane" (Moyenne Section).  La structure répétitive par substitution. 

Le roi de la grande savane

Les animaux veulent « devenir calife à la place du Calife. » Il s’agit d’une satire sociale pleine d’humour. Le texte est très musical. La fin est conforme au début. 

 

Tome 2 :

 

3) Le personnage :

 

L’ours (personnage non stéréotypé).

 

Le loup, (Archives départementales de Meurthe-et-Moselle), le stéréotype du loup :  

(Bayard Presse) un incontournable de la littérature enfantine.

Un travail proposé par les conseillers pédagogiques (Claudine Demiot - maître formateur - école maternelle Evariste Galois Poitiers. Présentation et mise en forme du diaporama : Annie Jussaume – maître formateur Circonscription Poitiers Ouest est très éclairant sur la manière de "CONSTRUIRE LE STEREOTYPE DU LOUP. Un exemple dans une classe de moyenne et grande sections. Pourquoi construire le stéréotype d'un personnage ?") Attention, il est nécessaire de construire le stéréotype avec soin, de bien l' "asseoir" avant toute chose. L'auteur souligne en effet, combien - trop souvent - nous avons tendance à déconstruire ce qui n'est pas encore "construit" chez le tout jeune élève. 

Je propose de travailler à partir de ces albums (Ceci n'est qu'une proposition sans prétention. Il conviendra d'ajouter un questionnement relatif à la construction du stéréotype.) : "Je m'habille et je te croque" -  "C'est moi le plus fort." d'Eric Ramos (Académie de Clermont-Ferrand) - "Loulou" de Grégoire Solotareff (L'intérêt de l'album réside dans la construction du stéréotype par le personnage lui-même, c'est le regard du lapin posé sur lui qui va lui faire prendre conscience de "sa nature". Va-t-il y succomber ?) -  "Loup y es-tu ?" (Est à côté du stéréotype  - Pourquoi ?)

 

L’ogre. 

Le monstre "Va-t'en, Grand Monstre vert.".

 

4) L'une des caractéristiques du genre "Conte Merveilleux" :

 

La triplication ou la présence du nombre 3 dans les contes. Par exemple « Les 3 petits cochons », Magnard Jeunesse - ici, le conte est présenté dans sa version originale. C'est-à-dire que les deux premiers cochons se font dévorer par le loup, le dernier parvenant - quant à lui - à se débarrasser définitivement du loup. (Ce qui fait beaucoup de morts.) Le conte est vraiment très riche.

 

La Petite Poule Rousse. poulerousse.jpg

 

 

 

      Contributions de collègues à la formation 2011 / 2012

"Lexique - Littérature"

 

Stéréotype de la "Princesse". 

 

      --------------------------------------------

 

(1) Victor Hugo. in Danièle Sallenave, Nous on n'aime pas lire, Gallimard, 2009, p 11. 

(2) Conférences du 18/01/12 à Douai-Rieulay - Auteur de l’ouvrage tome 1 : 

Litterature-er-langage-a-l-ecole-maternelle.jpg             Tome 2

(3) « … ces textes sont choisis pour […] la manière remarquable dont ils illustrent les genres littéraires auxquels ils appartiennent (contes, légendes, fables, poèmes, récits de littérature enfantine). Ainsi, tout au long de l’école maternelle, les enfants sont mis en situation de rencontrer des œuvres du patrimoine littéraire et de s’en imprégner et grâce à la répétition d’histoires ou de contes adaptés à leur âge, classiques et modernes, ils parviennent à comprendre des récits de plus en plus complexes et longs, et peuvent les raconter à leur tour. » programmes de 2008, (2) p 8,.

Partager cet article
Repost0
15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 05:43

 

893742304

« Lire devrait être tout autre chose, une expérience de la vie, 

la connaissance ou l'anticipation, 

à travers des situations fictives, 

de ce que c'est que vivre, 

c'est à dire se réjouir et avoir peur, 

aimer,

 désirer ». 

Danièle Sallenave - Nous, on n'aime pas lire ... p 98-99

 

 

A Céline,

ayant perdu sa mère il y a deux ans,

Qui vient de perdre son père. 

alba-3.JPG

      Perdre ses parents, quoi de plus insupportable ?

Comment trouver sa place, en ce monde, lorsqu’on est une enfant de 5 ans, seule, assise dans la poussière ? Peut-on vivre – après la disparition d’un père  ? Le manque tout à coup – envahi la scène à travers l’image de cette enfant – splendide, lumineuse, simple, « innocente » - assise en tailleur, dont la présence éclate. 

Peut-on surmonter le vide d’une caresse, d’un regard bienveillant, d’une présence ?


       Alba-1.JPG

 

Alba fait l’expérience du vide. On imagine mal une confrontation au réel plus violente. Mais ici, le désespoir, la souffrance, il n’en est pas question. L’enfant débute dans la vie – avec une manière à elle – celle du jeune âge – une naïveté encore, qui la protègent.   

Alba est un album certes de la perte et du manque mais non pas de l’inertie. La fillette  déambule au fil des pages – en paix – en recherche, en quête, en conquête. Pour elle, se pose une seule et même question, toujours, lancinante, répétitive : « Mais où est passé mon père ? » 

alba-7.JPG

Alba - peu à peu - à travers son petit monde, ses recherches infructueuses, ses rencontres sans résultats… se confronte au malheur… à l’échec.  Mais elle ne se laisse pas ensevelir par la tristesse. Elle (se) trouve...

Quoi ? 

Des raisons de continuer.

 alba-6.JPG

Chaque animal porte – apporte – une partie du monde. Au lieu de pencher leurs têtes attristées, ils lui décrivent les bons moments – certes révolus mais réels. Les fourmis lui parlent de toutes petites choses, lui enseignent la bénédiction des moments vécus ensemble.  

Un éléphant l’emporte, « écrase tout sur son passage ».

Les grenouilles lui rappellent les chants et les danses du passé.

L’évidence commence à saisir Alba. Quelque chose d’anormal se trame – elle le sent, elle le pressent – sans pouvoir le mettre en mot. 

C’est l’instant où sa lucidité se réveille.

Alba ne sait plus trop que penser… Pourquoi papa ne l’a-t-il pas emmenée avec lui ? Pourquoi ne lui a-t-il rien dit ? Elle s’assied songeuse et un peu triste, les pieds dans l’eau.

« Il n’était pas triste ? » interroge-t-elle. 

      Alba n’est pas dupe.

              Naturellement elle a compris combien la recherche du suprême bonheur est un leurre.  

 « Les hommes ne savent jamais - réellement - que quand ils ont fait l’expérience du malheur. »

              Elle sait et avance - seule. 

                              Elle sait ce que signifie - être seule - toute seule.

Pourtant,   Alba chemine…Saisit des petits instants de bonheurs – minuscules. Rencontre des zèbres, puis enfin, des girafes. Ces soutiens collectifs – peignent le tableau de moments positifs qui peu à peu s’ajoutent les uns aux autres - dessinent une vision du monde artistique. Elle fait l’expérience de la terre. Un assemblage de couleurs, de sons, de perceptions… La poésie du monde ?

La représentation de ce qui a été. 

Le paradoxe d’une beauté qui émerge des cendres. La vie se nourrit du disparu. Sa vie commence là où tout s’effondre. 

      « Alors, Alba voit courir les zèbres dans la plaine et leur galop fait trembler la terre. Elle entend barrir les éléphants et leurs cris font s’envoler des milliers d’oiseaux. Elle entend chanter les grenouilles et les cigales. Et elle se dit que c’est là le plus beau cadeau de la terre. »

alba-8.JPG

      Un rayon de lumière sur le visage perdu de Céline.

La lecture - ça procure des petits bonheurs pour une bonne partie de la journée.

 

      « Quand on a été bien tourmenté, bien fatigué par sa propre sensibilité - dit Chamfort - on s’aperçoit qu’il faut vivre au jour le jour. Oublier beaucoup. Enfin, éponger la vie à mesure qu’elle s’écoule. » 

Au fil de ses pérégrinations, elle acquiert un apaisement.  Une sagesse ?

La joie d’exister et d’être au monde. 

Une liberté. Sans mortification ni jubilation. « Il faut convenir que pour être heureux en vivant dans le monde, il y a des côtés de son âme qu’il faut entièrement paralyser. » 

 

                                                     Alba n’est pas heureuse, elle est. 

 

Nota :  (proposition d'étude de l'album - activité en classe).

----------------------------------------------------

Don't Worry - Be Happy now... 

(Toute ressemblance avec l’ânesse chantante ne serait que purement fortuite.) 

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 09:52

l-agneau-qui-ne-voulait-pas-etre-un-mouton.jpg

L’agneau qui ne voulait pas être un mouton

Un troupeau de moutons se révolte contre le loup.

Une fable où il est question de courage, de solidarité et de résistance.
(Editions Syros).

 

 

« Il y a un enjeu démocratique très important derrière.

Etre lecteur, c'est complexe : ça demande des références.

Ca demande une culture.

Est-ce que ça, on le réserve à l'élite ? 

Est-ce qu'on est suffisamment méprisant 

pour dire que  dans les milieux populaires,

il faut faire des choses faciles ? »

Yvanne Chenouf.

 

« On aurait dû dire non, résister davantage. »
Matin Brun,
 Franck Pavloff.

 

  

Quand le troupeau – endormi – broute paisiblement, le loup n’est jamais loin !

 

Le Blog "A lire au pays des merveilles" reprend avec beaucoup de clarté la thématique difficile du livre.


« Depuis toujours, on vivait dans le pré, nous, les moutons. Celui-là, on ne l'aimait pas.

  

 

Depuis toujours,le soleil se levait et se couchait sur nos toisons.

  

 

Pourtant un soir, un loup vint à rôder autour du troupeau.

On aurait dû se méfier et se serrer les coudes.
Seulement voilà, depuis toujours, on vivait tête baissée, occupés à brouter, alors on a continué !"

 

Histoire ordinaire de "petites lâchetés occasionnelles,  habituelles" et pourtant, comme l'indique le site consacré à la littérature de Lille 3 "en rien moralisateur.".

 

Le loup engloutit d’abord un mouton malade, après tout…

 

Puis un mouton noir… Bof, on ne l’aimait pas trop.

 

Un mouton à trois pattes, un autre qui louchait, une mère et ses petits…

   

Faire fonctionner l’intelligence, se libérer des influences sournoises qui nous manipulent, nous endorment.

  

Exploitation pédagogique de l'album proposée par l'Académie de Marseille.

Exploitation possible en Arts Plastiques proposée par L'Académie de Lyon 2.

Apprendre à lire au cycle 2... Académie de Guadeloupe.

Autres pistes... Curiosphère.

 

Le roman de Franck Pavloff " Matin Brun ", s’y emploie - lui aussi - doucement, posément, intensément. 

 

Pour une exploitation pédagogique de "Matin Brun" en seconde.

   

 

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit…
Je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes...
Je n'ai rien dit,
je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs...
Je n'ai rien dit,
je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques.
Je n'ai rien dit,
je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester. »
 

« Rue des écoles »,
une émission de Louise Tourret du mercredi 25 novembre 2009 diffusée sur France culture,
aborde cette question d’une littérature enfantine engagée et engageante, celle qui provoque un choc, invite à la réflexion du lecteur.

 

« Les écrivains sont des experts de la langue... L'album, c'est sûrement la lecture la plus exigeante qui existe.... - Explique Yvanne Chenouf [Pour enseigner la compréhension Yvanne Chenoufd'albums, circonscription de Grenoble 4] professeur à l'IUFM de Livry-Gargan - C'est à dire que l'on fait toujours comme si parce qu'il y a des images ce serait pour les petits... chez Syros.   

L'agneau qui ne voulait pas être un mouton... fait référence aux moutons de Panurge de Rabelais...

Il est assez simple à comprendre... parce qu'il a une narrativité assez linéaire... l'album 'l'agneau qui ne voulait pas être un mouton'... est construit sur des ellipses... des ellipses constituées à la fois sur les images, à la fois sur le texte... ce qui veut dire que ça va donner de la part du lecteur un énorme travail de complétude...   la littérature de jeunesse est référentielle, c'est à dire, elle fait référence à la mythologie et elle fait référence à la littérature classique ».

 

Jacques Mahieux, inspecteur de l'éducation nationale, adjoint à l'inspecteur d'académie de Seine Saint Denis, poursuit :


« Entrer dans des textes difficiles, la littérature de jeunesse a aussi cette fonction là… L'enjeu, c'est de rendre un lecteur autonome. »  Lire des contes

 

Yvanne Chanouf : « Les adolescents aiment bien lire les mêmes choses ensemble, participer à quelque chose... L'importance de l'apprentissage c'est de dire...  ce qui se passe à l'écrit, ce n'est pas la même chose que ce qui se passe sur l'image. (tv)  Pour que ça rentre dans la vie (la lecture), il faut que ça devienne une pratique sociale. »

 

Raison pourquoi, j'offre tous les jours (ou presque) un moment de lecture aux élèves, moment dit de "lecture offerte".

 

Elle défend, dans un entretien donné au journal "L'express" : "... une fréquentation assidue des livres. Il ne s'agit pas de dire aux enfants: «Tu dois lire», sans jamais lire soi-même. Si dans la famille la lecture a une valeur, les enfants se diront «ça doit être important» et, par mimétisme, liront aussi. Le problème est que la lecture est une pratique sociale avant d'être une pratique scolaire, comme dit Jean Foucambert, ex-chercheur à l'INRP. Les milieux lettrés sont le plus souvent privilégiés. Les autres milieux n'ont ni les moyens d'acheter les livres ni le temps et la disponibilité d'esprit pour lire le soir une histoire à leurs enfants et lire eux-mêmes. C'est une bataille culturelle et politique. "

   

Yvanne Chenouf : "lire, c'est transformer le monde !" 

 

« On est juché sur les épaules de ceux qui ont construit le savoir avant nous ». Grandir ne peut être que le bien commun, une route vers l’émancipation. Pour cela, « sucer des fables » avec le lait de l’enfance, mettre en avant la littérature dans l’enseignement, c’est aider à construire une conscience collective, une tradition littéraire, mais aussi des identifications sociales multiples.

 

La chercheuse conclut :

 

A quoi bon apprendre à lire si ce n’est pas pour apprendre à faire tourner le monde autrement ? »

 

 

 

Entrez dans l'univers de Didier Jean et Zad

 

 

 

 

-------------------------------------------------------------------------------------------------------

 Pour aller plus loin...

 

Voici une vidéo reprenant le texte intégral de "Matin Brun"

sous forme d'animation.  

 

 

 

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 12:42

 

« La lecture, ça engage . »
Eric Marty,
Cité Philo,

13 / 11 / 11.

 

 

 

Un petit tourbillon de colère Barbara Brun   -   Charlotte Demanie

  

En ces temps d’ego surdimensionnés, d’exacerbation d’un moi sans autre, de droits dénués de devoirs, il ne paraît pas inutile de travailler sur l’image que peut renvoyer l’enfant « plein de colère » sur les autres.  

 

Luccia  « petite fille très capricieuse…toujours de très mauvaise humeur… n’étant jamais contente de rien… aimable pour personne… tap[ant] violemment des pieds et tourn[ant] sur elle-même, tel un petit tourbillon de colère. »

 

Bref, vous l’aurez compris, le genre de petite fille vraiment insupportable - et somme toute - que personne ne supporte plus, va faire une étrange découverte...

Par un curieux jeu de miroir - initié par une grand-mère lui faisant boire un breuvage étonnant…  - cette dernière va faire l’expérience de l’empathie - se transformer en « l’autre ».

Et quel autre !

 

 

Alors Luccia devint arbre (végétal), Lama (animal), flûte (objet), puis Sandro (humain)… son petit frère.

 

 

Elle comprit alors, quelle abominable créature (dragon) elle avait été jusqu’alors.

 

Ce livre « sensible » par ses images, son thème, son écriture, peut être l’occasion d’une discussion très profitable sur ce qu’est le « vivre ensemble ». Sur ce que cela induit d’efforts comportementaux et de « communication / communion » avec l’autre.

Bien évidemment, il ne s’agit pas de tomber dans l’idéalisme mièvre du « Tout le monde, il est beau. Tout le monde il est gentil. »

 

Naturellement, Carlo Ginzburg (historien) a raison de nous mettre en garde contre l’empathie.

« L’empathie – dit-il - n’existe pas . c’est un mot piège. Il y a des limites d’identification (j’en ai déjà souligné l’effectivité à propos du langage) ; il a toujours une distance avec l’individu. »  
Cité philo – 20 / 11 / 11 « Pratiques – métiers – œuvres : Ginzburg un penseur aux confins de l’histoire. »

 

Evidemment – oui – le concept est piégeant. L’apparence de « bons sentiments » peut masquer bien des médiocrités intellectuelles (telles l’absence de penser ou l’achat d’une conscience à bon compte, à peu de frais.)

Néanmoins, le manque actuel d’interactions sociales, l’expérience trop fréquente non pas d’enfants faisant partie d’un groupe social mais d’une accumulation – juxtaposition – d’individus singuliers (dans le sens d’entités compartimentées, cloisonnées)  à peine socialisés pousse à (ré)agir.

C’est justement parce que le monde est désespérément désespérant (pour ma part, les choses sont claires depuis mes 7 ans), que l’on se doit de travailler sur les règles, les devoirs, prendre conscience de ce que nos actions provoquent sur les autres, bref, entrer dans « l’entendement » de ce qu’est l’autre. Avancer dans « l’aventure humaine ». Ne rien lâcher.

Parce que le monde est aussi celui que l’on (se) construit.

 

Au reste, peut-être devrions-nous parler d’altérité plutôt que d’empathie ? Danièle Sallenave écrit à ce propos :
"Je reconnais en toi, qui es en face de moi, une conscience qui est égale à la mienne. C'est ce qui est refusé quand on vous regarde « de haut » ou « froidement », quand on a l'impression qu'on « ne vous voit même pas » ( chose qu'expérimentent, par exemple, les vieux)." P 87.

 Danièle Sallenave, Nous on n'aime pas lire, Gallimard, 2009.

 

Aussi, le choc d’une image, d’une histoire, d’un album, d’une discussion peuvent-ils être l’occasion de « réfléchir » des pensées autres, de pointer des comportements réflexes, de construire un nouveau rapport aux autres.

Créer des signes qui poussent à penser l’égoïsme et la haine, de remettre ses gestes en question.

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 11:29

Se retenir, se surveiller, se contrôler font partie des « qualités » nécessaires à la socialisation.

 

Pourtant...  

Petite souris, Le grand livre des peurs

  (Feuilleter le livre)                                                     Entrez dans l'univers D' Emily Gravett !

 

« Tout le monde a peur de quelque chose. »

 

Enonce d’emblée l’éditeur d’Emily Gravett. Ce dernier poursuit : « Le grand livre des peurs est le livre  indispensable pour vous aider à triompher de vos peurs. Rédigé par une spécialiste du tracas en tout genre, il est le fruit d’une vie entière passée à combattre toutes sortes de peurs à l’aide d’un crayon. »

 

Clémence Coeurdevey, dans son Blog, Livr'esse du livre, interroge :

"Qui n’a jamais eu peur « des toutes petites bestioles » ? Qui n’a jamais souffert de «Où-suis-je-phobie » ou encore de « ligyrophobie » ?  Emily Gravett, tout comme dans Les Loups, son premier album, prouve encore une fois sa finesse d’expression et sa sensibilité dans un album magnifiquement illustré et truffé de détails à découvrir et redécouvrir.

Mêlant les vraies phobies et celles inventées, Emily Gravett dédramatise certaines angoisses auxquelles petits et grands peuvent être confrontés. "

   Tératophobie (peur des monstres)                                                              .

 

 

Peur d'aller se coucher (Clinophobie).

 

Peur des monstres (Tératophobie).

 

Peur des petits oublis (Dystychiphobie) 

Peur de dire que l'on fait encore pipi au lit à 9 ans (Enurésie).

Cette démarche met en évidence qu’une écriture « thérapeutique » n’est pas neuve. Les journaux intimes, romans autobiographiques jouent ce rôle. Mais également  la fonction « cathartique », c’est-à-dire cette capacité de se libérer soi-même de ses craintes, à travers la figure du personnage ou plutôt – du héros, tels Gavroche ou Harry Potter -  de la littérature n’est plus à prouver.

 

"Pour les enfants, les chevaliers de la Table Ronde sont remis au goût du jour et on voit apparaître un nouveau héros : le « petit héros ». Il leur ressemble, a leur âge mais possède un don qui lui permet de vivre des aventures extraordinaires. Il y a eu d’abord la bibliothèque rose, Les Malheurs de Sophie et la Comtesse de Ségur. Puis Chair de Poule a fait son apparition, le besoin des enfants à l’époque était de ressentir la peur, de croire à l’irrationnel. " (Figure du héros).

 

Harry-Potter--l-enfant-heros.gif
Les contes, les mythes dont se drapent les lecteurs, afin de surmonter leurs propres angoisses, sont de cette étoffe … Les peurs, les craintes sont particulièrement vives chez l'enfant en construction, celui-là même qui "découvre le monde". Un monde plein de mystères. Un monde fait de coutumes étranges, d'usages difficiles à intégrer. Un monde d'adultes pas si accueillant ni amical, qu'on pourrait le croire (la violence des images "informations ?" télévisuelles l'atteste). 

 

Le site consacré à la littérature de jeunesse de Lille 3, poursuit, à propos du "Grand livre des peurs" : "Ce livre est un très bel album, il est très travaillé et très bien illustré. L’enfant peut s’identifier ou comprendre la petite souris. Il peut aussi apprendre à surmonter ses peurs qui sont peut-être identiques à celles de cette dernière. "

     

« Souvenez-vous une peur affrontée est une peur surmontée. »

 

Plus facile à dire qu'à faire, comme nous le démontre magistralement un maître du genre, Tim Burton...  

 

 
Vincent Tim Burton VF + Paroles [KEOXPROD] par keox11

 

Essayons donc, de surmonter nos peurs...    

La carte touristique de l'île de la peurEn créant, par exemple, en collectif - il est plus aisé de surmonter ses peurs ensemble (Les angoisses sont solitaires, se démultiplient par le phénomène d'autosuggestion comme le symbolise l'animation de Tim Burton. D'où le succès thérapeutique des groupes de paroles et des thérapies de groupe : On ne se sent plus isolé, on ne se sent plus "seul au monde porteur de son problème"...) - la carte de la peur...

 

peur des oiseaux (ornithophobie) 

En découpant dans des magazines toutes les choses qui nous effraient.  

 

 

 

 

 

  

      

Pistes de travail  trouvées dans un excellent document proposé par l'Académie de besançon (cycle 3 mais adaptable au cycle 2) :

 

Etudier le champ lexical de la peur :
Langage familier  - Langage courant  - Langage soutenu...
chair  de  poule,  balise  grave, gorge  sèche,  dents  qui claquent, poils  dressés,  trouille, chocottes,  tremblote,  sang
glacé,  sueurs  froides, trouillomètre peur,  tracas,  angoisse,  être effrayé,  frissons,  stress,  transe, inquiet, terrifié, pétrifié, nerveux, adrénaline tous les mots dont le suffixe est phobie,  spasme,  nausée, tétanie, arythmie, tachycardie,  
 
Etude des noms /  adjectifs / verbes ...
Peur  /  apeuré /  apeurer  ;  tracas  /  tracassé  /  tracasser ;  angoisse  /  angoissé  /  angoisser ;  frayeur  / effrayé /  effrayer  ;  stress  /  stressé /  stresser  ;  inquiétude  /  inquiet  /  inquiéter  ;  terreur  /  terrifié /  terroriser ; pétrification / pétrifié / pétrifier ; nervosité / nerveux / énerver ; tétanie / tétanisé / tétaniser...

 

Pistes de travail :

 
Relever  les  différentes  phobies  de  la  souris :  distinguer  celles  qui sont  plausibles  et  propres  aux  souris  (phobie  des  chats,  des oiseaux…),  de  celles  qui  le  sont  moins  (isolophobie, oùsuisjeophobie…).  Constater  alors  que  les  peurs  qui  ne  sont  pas propres aux souris concernent les enfants (voir tableau ci-dessous).
Travailler  le  champ  lexical  de  la  peur ;  distinguer  langage  familier, courant, soutenu (voir tableau ci-dessous).
Relation nom / adjectif / verbe (voir tableau ci-dessous). Distinguer de ce qui est intentionnel de la part de l’auteur de ce qui ne  l’est  pas  (action  de  la  souris  dans  le  livre :  raturage,  ajout, grignotage…).
Relever  les  différents  termes  exprimant  les  phobies  donnés  par l’auteur ;  distinguer  les  conventionnels  de  ceux  inventés.  Partir  de ce travail pour établir son propre inventaire des peurs. Inventer des mots désignant des peurs en utilisant le suffixe –phobie.
Réaliser sa propre carte touristique de l’île de la peur en partant de la silhouette de l’enfant (ombre chinoise, photographie).
Relever  les  phrases  qui  comportent  des  rimes,  utiliser  ce  procédé pour  exprimer  ses  peurs  (« J’ai  des  angoisses  aiguës  devant  les
couteaux  pointus »,  « Ce  qui  se  cache  sous  mon  lit  me  donne  du souci »…).

 

Prolongement(s) :
Ecrire  son  propre  grand  livre  des  peurs  pour,  comme  le  préconise l’auteur,  noter  ses  peurs  et  les  affronter  par  le  biais  du  dessin,  de l’écriture,  du  collage  (en  travaillant  et  en  faisant  appel  à  différents
types d’écrits pour illustrer ses peurs). « Chacun peut triompher de ses peurs grâce à une expression artistique ».

 
Mise en réseau :
Etablir le grand livre des peurs des personnages de la sélection.
Billy se bile, Anthony Browne : comparer les procédés pour vaincre ses  peurs ;  (dans  ce  livre,  ce  sont  les  poupées  qui  permettent d’évacuer les tracas).

   

Emily Gravett, explique son travail...

 

Elle-même souffre de nombreuses phobies, elle a commencé son travail - par hasard - en découpant des photos, des images de ses peurs qu'elle a posées sur le bureau de sa fille. Cette dernière ayant particulièrement aimé ces images, l'auteur(e) en a fait un livre. Elle espère que vous l'aimerez et que vous prendrez plaisir à le lire...  

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chêne parlant
  • : L'éclectisme au service de la pédagogie & L'art de suivre les chemins buissonniers. Blogue de Virginie Chrétien chrétien. Maître formatrice en lien avec l'ESPE de Lille. Rédactrice chez Slow Classes. Partenariat : philosophie Magazine. Écrivaine : La 6ème extinction - Virginie Oak.
  • Contact

Introduction.

L’éducation, dans son étymologie même, c’est : «Educere, ex-ducere, c’est conduire « hors de » rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz dans Le Philosophoire. Charles Coutel parle quant à lui d'[Educarea] ēdŭcāre ‘prendre soin de l’ignorance de l’élève’. "Le rôle de l’éducation - dit-il - c’est de me disposer à mon humanité en moi grâce à mon instruction." Ecoutons George Sand… « Mes pensées avaient pris ce cours, et je ne m'apercevais pas que cette confiance dans l'éducabilité de l'homme était fortifiée en moi par des influences extérieures. » George Sand, La mare au diable, Folio Classique, 892, P 37. Ce blogue se propose de partager des outils pédagogiques, des moments d'expériences, des savoirs, des lectures, de transmettre des informations relatives à la pédagogie ordinaire et spécialisée, des idées d’activités dans les classes allant du CP au CM2 en passant par la CLIS. Enfin, on y trouvera aussi quelques pensées plus personnelles. « Notre savoir est toujours provisoire, il n'a pas de fin. Ce n'est pas l'âge qui est le facteur déterminant de nos conceptions ; le nombre de « rencontres » que nous avons eues avec tel ou tel savoir l'est davantage, ainsi que la qualité de l'aide que nous avons eues pour les interpréter... » Britt-Mari Barth, le savoir en construction. ________________________________________________________________________________________________ 1 Le Philosophoire, L’éducation, n° 33, P16 2 P 52, Britt-Mari Barth – Le savoir en construction – Retz – Paris – 2004 – Isbn : 978725622347

Contributions et Partenariats.

Contributions gracieuses : Magazine Slow-classes. Numéro 1 Faire Mouche en géométrie et 2. Le moulinet à vent : mettre des mathématiques dans les voiles. ....... SLOW CLASSES : Slow Classes __________________________________________ Partenariat gracieux Philosophie Magazine. Philomag ________________________________________

Blogs voisins

Silapédagogie silapédagogie Aider ses élèves. com, un site de mathématiques créé par Marc Godin, chercheur en mathématiques, ce dernier est pointu et passionnant. Aider ses élèves . com Document Aider ses élèves . com - document

Emissions à écouter

___ Gai savoir Raphaël Enthoven - Paula Raiman et les indispensables Nouveaux chemins de la connaissance. Gai savoir ................................................................. Les nouveaux chemins de la connaissance - Adèle Van Reeth Les nouveaux chemins d'Adèle Van Reeth

Sites plus

Jaques Darriulat Jacques Darriulat _________________________________________ Philolog Philolog _______________________________________ Le lorgnon mélancolique. Le lorgnon mélancolique