"Eduquer, ce n'est pas emplir un vase, c'est allumer un feu."
« Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier,
attendrir, apaiser, mettez des livres partout. » (1)
Victor Hugo.
« Le préambule des programmes de 2008 commence par cette phrase :
Donner à chaque enfant les clés du savoir
et les repères de la société dans laquelle il grandit est la première exigence de la République
et l’unique ambition de l’école primaire. »
Christian Poslaniec.
Il se trouve que l’album – par l’attrait qu’il suscite, par la richesse littéraire (lexical / syntaxique) et graphique dont il est porteur – se prête tout particulièrement aux exigences de savoirs et de culture dont l’école du premier degré est porteuse.
Olivier Graff (2) – inspecteur à l’éducation nationale – ne manque pas de souligner combien les albums - dès la petite section de maternelle - peuvent préparer les élèves à acquérir les connaissances liminaires qui leur seront utiles au cycle 2 et 3.
Ainsi l’album permet-il d’élaborer (de construire) de solides repères culturels (classiques et modernes) tout en éclaircissant l’intentionnalité de l’auteur. C’est-à-dire qu’il s’agit de rendre lisible les lignes implicites qui composent l’écriture d’une œuvre quelle qu’elle soit.
Ceci suppose – de la part de l’enseignant non seulement de disposer de solides connaissances, mais également de choisir les œuvres à étudier en fonction des critères pédagogiques que ce dernier se sera fixé (3).
Quels repères culturels ou éléments littéraires travailler ?
Il faut bien faire des choix…
Les auteurs de l’ouvrage se proposent d’aménager un parcours pédagogique réalisé sur la base de 4 points (Les références à d'autres oeuvres - Le récit - Le personnage - Le genre) à travailler en classe.
(Le but étant de rendre "explicite" la foule d'éléments implicites qu'ils contiennent - lesquels - vont venir entraver la compréhension du jeune lecteur, puis, peu à peu, le conduire à l'échec et enfin au dégoût de l'acte de lire.)
Le but – in fine – étant évidemment d’acquérir une forme « savante » de lecture.
Les deux premiers s’adressant plutôt aux élèves de Petite et Moyenne section (Tome 1).
Les deux suivants, davantage aux Moyennes et Grandes sections (Tome 2).
Tome 1 :
1) Les références à d’autres œuvres :
La construction du stéréotype du renard conforme à son archétype.
Il s’agit avant tout de construire, c’est-à-dire de pointer les éléments qui vont permettre de fabriquer cet archétype.
Par exemple dans le cas du renard (il est rusé – beau parleur – trompeur – menteur – malin, etc. )
Afin de valider ce stéréotype ; les auteurs proposent 4 œuvres à découvrir :
"Roule galette "
Le stéréotype : Le renard, un archétype à définir pour identifier son rôle (statut narratif dans les œuvres).
Le récit : La structure en randonnée : répétition par juxtaposition. Comprendre et interpréter un récit répétitif (avec ritournelle répétitive).
La galette croise au cours de ses pérégrinations : un lapin, un ours, un loup gris qui « parlent trop » ;
Si le renard arrive en dernier, ce n’est pas un hasard. La galette se laisse prendre au jeu (ce qui n’est pas sans rappeler la fable du Corbeau et du Renard) et se fait croquer (la fin est violente.)
« Cette approche de l’acte de lire doit permettre à chaque élève de mettre en œuvre une pensée en réseaux. » (2) p 10. (Faire du lien entre le texte lu et le lecteur – entre les lecteurs – entre le lecteur / le livre et le monde – entre le texte et d’autres supports culturels.)
Roule Galette, de Natha Caputo et Pierre Belvès, travail offert par le CDDP du Cantal.
"Poule Plumette". (Stéréotype : Le renard (sa roublardise, toujours) + Récit : La structure en randonnée : répétition par accumulation).
"Une petite oie pas si bête." . (Stéréotype : Le renard (sa roublardise, mais cette fois, l’oie va-t-elle se laisser dévorer ?) + Récit : La structure répétitive par symétrie). Il y a ici possibilité de travailler sur les expressions (bête comme une oie, cervelle de moineau, etc.)
"Poucet le poussin." . (Stéréotype : Le renard (sa roublardise, toujours) + Récit : La structure en randonnée : répétition par accumulation). La fin est suggérée par le dessin. Travail de Mr Dommergue, Aurillac 3 (sur le site de L'Académie de Clermont-Ferrand).
Voici une autre proposition de lecture "réseau" offerte par l'Inspection d'Aurillac.
Exploitation proposant une lecture comparée de 4 versions du conte «Petite poule rousse». Tableau comparatif, déroulement des activités, productions d'écrits. Les 4 titres sont : «La petite poule rousse et le renard russe» de Maud Riemann, édition Bilboquet ; «La petite poule rousse», édition Nathan ; «Petite poule rousse et Renard rusé» de Sally Hobson, édition Pastel et «Poule rousse» racontée par Lida, illustration de Morela, édition Père Castor flammarion.
2) Le récit :
a) La structure répétitive par accumulation.
b) "Le roi de la grande savane" (Moyenne Section). La structure répétitive par substitution.
Les animaux veulent « devenir calife à la place du Calife. » Il s’agit d’une satire sociale pleine d’humour. Le texte est très musical. La fin est conforme au début.
Tome 2 :
3) Le personnage :
L’ours (personnage non stéréotypé).
Le loup, (Archives départementales de Meurthe-et-Moselle), le stéréotype du loup :
(Bayard Presse) un incontournable de la littérature enfantine.
Un travail proposé par les conseillers pédagogiques (Claudine Demiot - maître formateur - école maternelle Evariste Galois Poitiers. Présentation et mise en forme du diaporama : Annie Jussaume – maître formateur Circonscription Poitiers Ouest est très éclairant sur la manière de "CONSTRUIRE LE STEREOTYPE DU LOUP. Un exemple dans une classe de moyenne et grande sections. Pourquoi construire le stéréotype d'un personnage ?") Attention, il est nécessaire de construire le stéréotype avec soin, de bien l' "asseoir" avant toute chose. L'auteur souligne en effet, combien - trop souvent - nous avons tendance à déconstruire ce qui n'est pas encore "construit" chez le tout jeune élève.
Je propose de travailler à partir de ces albums (Ceci n'est qu'une proposition sans prétention. Il conviendra d'ajouter un questionnement relatif à la construction du stéréotype.) : "Je m'habille et je te croque" - "C'est moi le plus fort." d'Eric Ramos (Académie de Clermont-Ferrand) - "Loulou" de Grégoire Solotareff (L'intérêt de l'album réside dans la construction du stéréotype par le personnage lui-même, c'est le regard du lapin posé sur lui qui va lui faire prendre conscience de "sa nature". Va-t-il y succomber ?) - "Loup y es-tu ?" (Est à côté du stéréotype - Pourquoi ?)
L’ogre.
Le monstre "Va-t'en, Grand Monstre vert.".
4) L'une des caractéristiques du genre "Conte Merveilleux" :
La triplication ou la présence du nombre 3 dans les contes. Par exemple « Les 3 petits cochons », Magnard Jeunesse - ici, le conte est présenté dans sa version originale. C'est-à-dire que les deux premiers cochons se font dévorer par le loup, le dernier parvenant - quant à lui - à se débarrasser définitivement du loup. (Ce qui fait beaucoup de morts.) Le conte est vraiment très riche.
Contributions de collègues à la formation 2011 / 2012
"Lexique - Littérature"
Stéréotype de la "Princesse".
--------------------------------------------
(1) Victor Hugo. in Danièle Sallenave, Nous on n'aime pas lire, Gallimard, 2009, p 11.
(2) Conférences du 18/01/12 à Douai-Rieulay - Auteur de l’ouvrage tome 1 :
Tome 2
(3) « … ces textes sont choisis pour […] la manière remarquable dont ils illustrent les genres littéraires auxquels ils appartiennent (contes, légendes, fables, poèmes, récits de littérature enfantine). Ainsi, tout au long de l’école maternelle, les enfants sont mis en situation de rencontrer des œuvres du patrimoine littéraire et de s’en imprégner et grâce à la répétition d’histoires ou de contes adaptés à leur âge, classiques et modernes, ils parviennent à comprendre des récits de plus en plus complexes et longs, et peuvent les raconter à leur tour. » programmes de 2008, (2) p 8,.