Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 16:16
Igor Mitoraj -chute d'Icare - Agrigente photo Virginie Le chêne parlant-2-08-17

Igor Mitoraj -chute d'Icare - Agrigente photo Virginie Le chêne parlant-2-08-17

Robert Shana ParkeHarrison - Galery. 

« Soyez le changement de ce que vous voulez être » Gandi


 « Etre le héros de sa vie », voilà l’esprit des productions américaines. 


Dans la série télévisée Arrow, le fils de bonne famille - Oliver Queen - lutte pour son émancipation.
L’œil du spectateur admire l’acteur plein d’assurance. L’éphèbe épris de justice combine deux éléments. D’abord, il se rachète une conduite – de goujat sans manières ni morale, le Don Juan s’éprend de bien et de justice (les trois-quarts des productions américaines sont téléphonées depuis ce code de la rédemption). Ensuite, plein de cette audace courageuse, l’âme r-éveillée effectue avec succès toutes ses missions, atteint tous ses désirs. 
Confronté au danger, à la violence, face aux ennemis, Olly – diminutif d’Oliver -  se tient droit, présent dans son univers, courageux au possible. Contrairement à vous et moi, cet « action man » détient une limpide ténacité, une intensité muette - une puissance. Sa respiration, se fait brise. Ses déplacements ont l’adresse du vent éveillé. Tout à coup, on hume son impatiente envie d’en découdre. Dans un magnifique moment de bravoure, la force-fragile affronte le pire sans s’accabler, se joue des odeurs organiques, enfin, contre vents et marée,  en un happy end glorieux : triomphe. 


Ainsi naît l’accomplissement – l’être fictionnel exécute ses plans et les mène à leur terme. En réalisant tout en se réalisant, en accomplissant sans coup férir, le héros fait surgir le résultat de la  promesse, du désir - la réalité. 


« Le libre arbitre est un effet de survie » nous apprend Michel Onfray dans un entretien avec Pierre Rhabhi.
Reprenons le paragraphe en son entier :
« Vous le formulez très bien », dit Michel Onfray à Pierre Rabhi. Le philosophe poursuit : « Le libre arbitre est un effet de survie. Arrive un moment où l’on se dit : soit je me laisse faire et je suis broyé, soit je survis, et, dès lors, il faut que je prenne mon destin en main. C’est là qu’on se « crée liberté », pour le dire comme Nietzsche. A priori, on n’a pas la liberté de choisir sa vie. Mais c’est parce qu’on construit son propre libre arbitre qu’un jour, alors, on peut dire non : je ne veux pas de cette vie-là, j’en veux une autre. » Philomagazine


 

Effectivement, Myster Queen fonctionne à la survie. Au moins durant son séjour forcé sur l’île, l’héritier  millionnaire en dollars ne l’est pas moins en exploits.  Doué d’un courage construit par l’épreuve - celle d’avoir perdu son père -, confronté aux divers agents du mal en raison d’un complot fomenté contre sa famille, l’esprit défensif devient offensif . 
Autrement dit : le beau gosse dégomme tous les méchants un par un. 

 

D’accord « celui qui le veut, le peut », voilà les ressorts de la fiction. Mais dans la ‘vraie vie’, qu’en est-il vraiment ?


L’adage germanique ayant bercé mes années de collège – et la jeunesse de Cynthia Fleury - est-il vérifiable ?  Le « Wer will, der kann » que l’on nous faisait écrire en première page du cahier, le « quand on veut, on peut », est-il proverbial ou artificiel ?


Quelques exemples…
Premier cas : L’étudiante se paye des études et, par là même, s’arrache à son destin. 
Prenant son avenir en main, la  fille a décidé de détruire l’injonction qui lui était faite de rester à sa place – de ne pas se la jouer « futée », de ne pas faire « sa maligne », bref, de ne pas dépasser le maître. 
La chose est réalisable. Cette dernière a un toit où dormir. Le produit de son travail salarié peut donc être affecté aux études.
Aurait-elle agit de même si cette dernière s’était trouvée à la rue ? 
Peu probable. Comment, en effet, subvenir à des besoins propres et à des frais d’inscription de concert ? 


Autre exemple : dans un magasin de vêtements, une vendeuse exerce ses talents.

En pleine après-midi, la responsable régionale débarque et ordonne : virez-moi ça !
Etant sous période d’essai, le sort de la recrue est - quoi qu’il advienne - scellé. 
Pourtant,  la directrice du magasin – lucide de la réaction en chaîne que va entraîner sa réponse - oppose un non catégorique. 
Voilà de quoi se réjouir, nous exclamons-nous. La jeune âme vivant en famille a osé dire « non », s’est crée liberté. On a envie de croire en l’universalité d’une réponse si belle, d’en faire un exemple, un automatisme, une valeur cardinale, un fait acquis. Une composante de la grandeur humaine.
Pourtant, cette personne aurait-elle agi à l’identique, seule, avec un enfant à charge ?
Soyons honnête – à moins d’être une complète irresponsable - , l’employée restera à sa place. Cette fois, la travailleuse dans le  prêt-à-penser-fémimin éprise de bien, pleine de la volonté de se « créer liberté », s’écrasera, se taira, obéira. 
Question non de lâcheté – ou de manque de courage - mais de responsabilité. De nécessité.

Ruwen Ogien,  dans un excellent livre intitulé "L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine" 2011, décrit très précisément l’influence exercée par une odeur, une rencontre, une dispute voire même un tas de feuille tombé au sol sur des choix décisionnels futurs 1*.


Mais revenons à nos vouloirs.
Quels sont les ingrédients de ce « je veux »  ? Quelle est la nature de son pouvoir ?
Peut-on faire « de [sa] vie un rêve et d’un rêve une réalité. » comme l’indique Antoine de Saint-Exupéry. Lequel - ironie de l’histoire - a été viré d’un journal par manque d’imagination
 
Retour à la case fiction.
On assimile souvent Matrix à un film traitant de la réalité, dénonçant l’illusion. 


Néo, le héros de la superproduction hollywoodienne  – a toujours su que quelque chose n’allait pas dans sa vie. Raison pourquoi le placide jeune homme choisit de suivre le chemin de la vérité, de combattre, donc, les agents « Smiths » et autres programmes.


Dès le départ, souligne le glossaire des principaux symboles, concepts et personnages, Neo apparaît épuisé, fatigué 2* p 165. 
Pourquoi ? 
« L’épuisement favorise les justes. », nous indique le résumé du film. « Les grands hommes trouvent la fortune et n’encourent aucun blâme. » «[…] au milieu des épreuves, la joie peut être préservée – et là réside précisément la dimension fertile de l’épuisement. […] Si l’épuisement est abordé avec rigueur, l’être s’accorde avec l’instant. » 2 * p 167.
Pour ma part, j’y lis non un accord ou une voie d’accomplissement mais essentiellement une réaction 2* p 166.

 

"La prophétie était un mensonge. L'élu n'a jamais été prévu pour mettre fin à quoi que ce soit. Ce n'était qu'un système de contrôle de plus." A cela, Morpheus est obligé de répondre : "Je n'y crois pas." Mais il reconnait un peu plus tard : "j'ai eu un rêve, et ce rêve m'a maintenant abandonné." in Matrix,machine philosophique, ed ellipses, p 164.

Développement :
Conformément à l’ordinaire des fictions, Neo agit. 
Avalant la pilule rouge – l’image n’est pas mince - le guerrier entre en action.
Résultat, sans préparation ni indications, notre oiseau voulant subjuguer le ciel - tel Icare le soleil - s’écrase lourdement sur le macadam. Jusqu’à la fin du film, notre soldat de la vérité se confronte avec violence à la fiction du réel. 
Comme dans la vraie vie, atteindre un but réclame pratique et apprentissage. (Heureuse chose que l’existence de logiciels accélérés – on en réclame.) 
Mais ce n’est pas tout, chacun de ses combats sont un fatras de déconvenues. Néo n’est pas seul.
Son vouloir s’oppose à celui d’autrui. Ses buts, ses idéaux de réussite, son envie de vaincre se heurte systématiquement - avec violence - à la voix poussiéreuse de l’agent Smith, aux sarcasmes du Mérovingien, à la fluidité métallique de jumeaux spectraux. L’engagé tourbillonne alors dans une suite de chutes sans profondeur contrôlée. Sa conviction décline au rythme de l’obscurité lui barrant la route. Au goût de ses victoires et de ses défaites involontaires.
Peu à peu, l’horizon se trouble,  sa force, celle là même qui se contorsionne violemment pour atteindre la lumière, s’amenuise. Le ciel s’écroule. L’avenir est incertain. 
Le vouloir ne saurait donc suffire au pouvoir.  
La volonté n’est qu’impulsion de départ. L’aiguillon du changement une pointe sans obligation de résultat. Si la flèche ne pique, elle n’atteint bien souvent  rien d’autre que vous-même. 


 La rude découverte n’a pourtant rien d’original.
   Le glorieux Achille - hêrôs d’Homère entre les héros - chef de guerre incontestable sera frappé par derrière : éliminé d’une simple flèche au talon par le lâche Paris. Siegfried vulnérable d’une feuille tombée sur son épaule sera frappé par Hagen. Jeanne d’Arc ? La bergère brûlée vive est carbonisée au feu de sa foi de réussite.

     Même Vercingétorix et César atteints tous deux d’un Syndrome de personnalité aigu – celui de se prendre pour des "demi-dieux" – seront trahis par la contingence des évènements. 



Le héros a besoin de « clés » qu’il ne détient pas ; 


L’espèce vaillante, forte, intrépide, entière tel Ryan Gosling de ‘Drive’ veut. Mais l’ange mafieux à l’air placide doute. Comme Neo, il sait où ses pas les mènent. La solitude, le silence ne sont point force mais faiblesse, interrogation, confusion mentale. 


Le destin, l’autre nom d’une vie dénuée de pronostics, recordée à de misérables faiblesses, d’actions incomplètes, d’espérances malades. 

Elu, L’éclairé sait : aller au devant de sa mort, c’est aller au devant de sa vie.


 Néo est un accablé. .. 


                       Un guerrier du néant et du vide.
    

Drive - A real hero.

Voluntas (Question chrétienne arendt faculté inventée par les grecs – voluntas ne correspond pas à la boulesis grecque , c’est « la capacité de choisir entre des possibles »… des possibles prédestinés – choisir une « optique après une délibération », volonté rationnelle , c’est une  délibération (image de la balance revient souvent) « La pensée la plus aboutie fait pliée la volonté » Gaelle 

« Toute décision est déterminée par des raisons » Raphaël Enthoven – « aucun choix n’est un choix » Raphaël Enthoven il y a illusion de choisir chaque choix  « épouser le cours des choses ; » « La vie ne s’arrête pas à la mienne » R enthoven 27/04/ 2010 – l ‘histoire du courage


Jankélévitch ( penseur du fidèle courage – les vertus et l’amour » tome 2 du traité des vertus chapitre sur le courage
(dire aussi que nous sommes tous comparables)

 

Cynthia fleury 28/04/2010 ‘la fin du courage’

Les nouveaux chemins de la connaissance : Courage ! 3/5 : "La fin du courage"
courage (force opérative chez Jankélévitch ) « l’échec n’est pas la défaite » RE 
on fait sujet – seuil inaugural de la décision (Jankélévitch)  quand on veut on peut (il faut le vouloir vraiment ) 
« Ca vous fait sujet – ça vous rattache au monde ; » [mais ça ne se décrète pas]  
organisation de la forfaiture.
La démocratie ça ne marche pas tout seul. On gagne toujours contre un autre camp 
45 min : «On se rend compte que souvent voilà le courage, ça ne paye pas.  Donc à quoi bon être courageux dans ce monde. Mieux vaut être le passager clandestin – je l’ai dit tout à l’heure - de sa propre vie et on va passer entre les gouttes. [….] Dans le monde du travail chacun reconnaît que ça ne va pas, ça dysfonctionne un maximum […] C’est totalement le désastre . Et pourtant , chacun continue à tenir encore un  moment de plus.  Donc vous avez un  dessaisissement du courage dans le monde du travail. … Sur le monde du travail, il fallait se ressaisir de la chose. »

 

Citations : 

 

 "les hommes se trompent aisément, et souvent s’obstinent à ce qui leur plaît, sans savoir si ce qui leur plaît est possible."P 271 : …
Alain – Propos sur les pouvoirs – Folio Essais – Gallimard 1985 – Cher 2009 - ISBN 978-2-07-032278-7
 

 

p 378 : Vouloir, c’est ne pas pouvoir. Quiconque a pu agir l’a voulu avant de pourvoir le faire mais seulement après l’avoir pu effectivement. Quiconque veut ne pourra jamais, car il se perd à vouloir. Je crois que ces principes sont fondamentaux.
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquillité. Christian Bourgois éditeur. 1999. ISBN : 2-267-01516-1
 

Skyfall - Bond - James Bond 007

Tomasz Gudzowaty - Galery -  

Bibliographie :

 

1* "L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale", de Ruwen Ogien - Grasset.

france Culture.  

Article du Monde

 

2 * "La prophétie était un mensonge. L'élu n'a jamais été prévu pour mettre fin à quoi que ce soit. Ce n'était qu'un système de contrôle de plus." A cela, Morpheus est obligé de répondre : "Je n'y crois pas." Mais il reconnaît un peu plus tard : "j'ai eu un rêve, et ce rêve m'a maintenant abandonné." in Matrix ;machine philosophique, ed ellipses, p 164.

 

 Tomasz Gudzowaty. - pouvoir de la volonté.   

Un peu d'humour : La vraie vie.

Partager cet article
Repost0
31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 17:24

 Ernest-Pignon-Ernest---Ecole-de-Michel-Ange---Promethee-e.jpg

    Une goutte de faiblesse se fait parfois l’océan du fort...

 

 

La plupart des concepts grammaticaux comportent des cas particuliers. L’être humain n’échappe pas à la règle. 

Dans une forme globale où règne le sensible, la raison, où tout un chacun semble en mesure de discerner le bien du mal, un petit nombre d’individus se montre capable d’assassiner son voisin, d’enlever la fille de ce dernier ou, pris d’une inspiration surréaliste, supprimera sans états d’âme tout ce qui bougera dans la rue. 

 

Ce principe d’un tout humain et d’une partie inhumaine est un récif. 

L’homme majoritaire ne cède pas à la violence gratuite, les forces du bien règnent en lui. C’est un être de mesure, ce qui est le sens du ‘normal’ – norma 1* – la règle, l’équerre.  

L’homme minoritaire, au contraire, peut se montrer violent, cruel, obstiné, obtus, médiocre, ignoble.

On supputera son geste par une biographie insoutenable ou un débordement maladif. 

Un monde nous sépare de lui. On martèlera ses bizarreries, sa froideur, ses excès, ses pulsions, sa maladie mentale. Une vitre étanche mure nos deux existences. On voit sa folie. 

 

Ainsi, jour après jour, cette distinction profonde se vérifie-t-elle. Le quotidien force la conviction. Le normal brille d’un côté, le pathologique de l’autre 1*. 

 

Or, voici qu’en présence du vil, dans les confidences du monstre, à le côtoyer - la démonstration confortable et rassurante perd de sa pertinence, les frontières se brouillent. Les cases éclatent.

 

« Le cinéma – écrit Frédéric Schiffter - est à la fois une école des sentiments et un atelier du regard. »

 

Ecoutons les leçons d’un maître de la noirceur - en ce cas.  

 

Les premiers épisodes de la série Dexter mettent le spectateur extrêmement mal à l’aise. Plus encore en version originale, le paysage offert est oppressant. Images très sombres, musique glauque, voix caverneuse, monde troublé de night-clubs, ponctué par la dégénérescence d’une ville qui s’étend à l’infini des ténèbres. On sent la violence du personnage, sa disposition au meurtre, son absence de sentiment, sa jouissance, sa jubilation face à l’exécution. 


Le premier regard est de nous disposer en dehors de ses furieux sentiments, nous exclure de son monde, nous  placer au-dessus, en dehors, nous donner le beau rôle. Nul ne peut a priori s’identifier ni comprendre un tel personnage. Il s’agit d’un esprit dérangé ne pensant pas comme nous – un dingue 2* - assiégé de l’image de son père – commandé par un code. En un mot : une âme malfaisante. Bref, son absence de sentiment moral, son insensibilité, son manque ‘d’humanité’ le placent indéniablement du côté du monstrueux, de l’inhumain. 

 Ernest Pignon Ernest - d'après Nicolas poussin - Le massac

Puis – habilement - la série nous mène par le bout de l’ombre. 

 

En absence de justice, puisque des assassins échappent à leur peine et passent allègrement entre les mailles de la police, mettre fin à leur existence ne devient-il pas un spectacle bien fait ? Après tout, les êtres supprimés ne l’avaient-ils mérité ? 

Non seulement tuer, découper deviennent le signe du tribunal du juste mais un geste de vertu. Dexter passe du statut de sociopathe à celui du protecteur de la veuve et des citoyens. En liquidant les ordures, le psychopathe pourfend le néfaste, nettoie la ville, sauve des vies. Son couteau sauvage devient le symbole insensé d’une lutte pour le bien, mieux, un remède au mal. 

 

Le spectateur glisse doucement, se dérobe à ses principes jusqu’au renversement du regard, l’inversion des valeurs. Le sentiment d’un châtiment mérité fait de lui un complice. 

 

Le personnage raconte - on l’écoute. Le meurtrier s’épanche – on éponge ses égarements. 

Morgan mâle sort de sa figure noire et blanche, son visage sent la souffrance. Ses longs monologues nous gagnent, nous rapprochent de ses états d’âmes, révèlent son combat gris, profond, quotidien. Sa lutte de tous les instants contre sa pathologie, ses difficultés à mener une existence ordinaire, l’envie d’échapper au vide, aux commandements noirs, aux instincts pèsent sur nos convictions. Nous apercevons dans sa cruauté – une impuissance. Un néant. L’image frappante d’une incapacité à lâcher prise, se donner à l’autre, à s’abandonner aux sentiments ordinaires. Un désarroi masqué ? Sa sinistre condition apparaît comme une malédiction subie. Mille nuances de sentiments étonnants. 

 

Au fond, ses préoccupations mortelles, ses envies de s’extirper de la caverne de tôle, d’éventrer le container de sa solitude, ses tentatives sans résultats, son rêve de mener une vie ordinaire, son exclusion, nous touchent.  

 

         Finalement, Dexter est plein d’une envie d’abolir les distances. 

 

                                Une quête d’intégration à fin de se fondre dans la matière du monde. 

 

Il est fort à parier que cet acte sera sanglant. 

 

 

 

 

--------------------------

 

1* Canguilhem, Le normal et le pathologique. 

Georges Canguilhem – le normal et le pathologique – Quadrige PUF

 « Le dictionnaire de médecine Littré et Robin définit le normal comme suit : normal (normalis, de norma, règle) qui est conforme à la règle, régulier…

Le vocabulaire technique et critique de Lalande est plus explicite : est normal, étymologiquement, puisque « norma » désigne l’équerre ce qui penche ni à droite, ni à gauche, donc ce qui se tient dans un juste milieu, d’où deux sens dérivés : est normal ce qui est tel qu’il doit être : est normal, au sens le plus usuel du mot, ce qui se rencontre dans la majorité des cas d’une espèce déterminée ou ce qui constitue soit la moyenne soit le module d’un caractère mesurable. […]… terme équivoque, désignant à la fois un fait  et une valeur attribuée à ce fait par celui qui parle, en vertu d’un jugement d’appréciation qu’il produit à son compte. » p 76.

« On souligne enfin une confusion analogue en médecine où l’état normal désigne à la fois l’état habituel des organes et leur état idéal, puisque le rétablissement de cet état habituel est l’objet ordinaire de la thérapeutique. » p 77 

Dominique Lecourt

 

2 * Gérald Bronner, Vie et mort des croyances collectives

* M; Duval, Un ethnologue au Mandarom, Paris, PUF, 2002, p 19.

« D'ailleurs, au début de son enquête, on lui demandait souvent s'il valait le peine de faire une étude sur ce groupe (le Mandarom), attendu que « le gourou est un dingue et les adeptes aussi * ». Après une étude de plusieurs années sur cette secte, Duval s'est fait un point de vue un peu différent. Non seulement les adeptes ne lui paraissaient pas plus fous que la moyenne des gens, mais il constate, statistiquement, qu'ils ne sont pas en rupture avec la société extérieure (ils travaillent, lisent des journaux, inscrivent leurs enfants dans les écoles publiques ou privées, appartiennent à des associations etc.) Il ne s'agit pas de trouver raisonnables les croyances absurdes qui sont défendues dans le fanatisme politique ou religieux ou dans les sectes, mais de voir pourquoi et comment les gens qui les endossent ne sont pas forcément déraisonnables. 

….

Une croyance individuelle a une histoire, c'est à dire qu'elle résulte d'une construction parfois lente et progressive, de sorte qu'il n'est pas toujours possible pour le croyant en devenir de prendre conscience qu'il s'engage, pas à pas, sur le chemin d'une adhésion qui, en d'autres contextes, eût pu lui sembler déraisonnable. » P 39 :

Gérald Bronner, Vie et mort des croyances collectives, Hermann, collection sté et pensées, France, 2006, ISBN : 2-7056-6570-6

 

3* Frédéric Schiffter - Philosophie magazine. L'art nous rend-il moralement meilleurs ? 

"Quand aux séries télévisées, les meilleures sont descriptives et non normatives. Prenons la plus réussie : Dexter. Si le héros, un sérial Killer, nous est sympathique, au sens le plus fort du terme, ce n'est pas parce qu'il traque les "méchants", mais parce qu'il réveille l'instinct du tueur qui est ne nous. Est-il sur le point d'être découvert ? Nous tremblons pour lui. Si on l'arrête, nous ne pourrons plus jouir par procuration de son art de boucher. Les saisons de Dexter semblent écrites par des disciples de Baltasar Gracián ou de La Rochefoucault. Le héros ne comprend rien à l'amitié ni à l'amour dont ses proches font grand cas. Dès lors, il mime les comportements de la normalité affective qui, peut-être, se dit-il, finiront par déteindre sur ses sentiments totalement anesthésiés. Aidé d'une figure aimable, il joue à merveille la comédie. Tout le monde s'y laisse prendre, à part quelques-uns - mais ceux-là, il se dépêche de les liquider sans état d'âme. Dexter nous venge de toutes nos compromissions. 

A celui qui voit de bons films ou de bonnes séries, quand il sort du cinéma ou éteint son poste, la réalité humaine lui apparaît clairement. Les artistes ne sont pas des prêcheurs de vertu mais des maîtres de lucidité."

Philosophie Magazine - Dossier l'art - L'art nous rend-il moralement meilleurs ? P 55

 

frédéric Schiffter - Blogue Entretien téléphonique donné à Philosophie Magazine, numéro de juin 2013

L'art nous rend-il meilleurs ?

      ---------------

A Lire... L’art rend-t-il moralement meilleur ? - Barney Stinson et Dexter Morgan. Blogue d'Axel

 

--------

      Analyse de la série sur Arte. 


-------------------------------

 

 Raymond Devos a vu l'une de ses vidéos, censurée par quelque « bien pensant »... 

      Un excellent sketch de second degré, genre d'humour anti-charlatans incompris des petits soldats de la censure. 

 

Qui tu es ? Ou ne laisse jamais les autres te dicter qui tu es.

 

Un jour, en pleine nuit... mon médecin me téléphone:

"Je ne vous réveille pas ?"

Comme je dormais, je lui dis:

"Non."

Il me dit:

- Je viens de recevoir du laboratoire 

le résultat de nos deux analyses. 

J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. 

En ce qui me concerne, tout est normal. 

Par contre, pour vous... c'est alarmant.

Je lui dis:

- Quoi?... Qu'est ce que j'ai ? 

Il me dit:

- Vous avez un chromosome en plus... 

Je lui dis:

- C'est à dire ? 

Il me dit:

- Que vous avez une case en moins !

Je lui dis:

- Ce qui signifie ?

Il me dit :

- Que vous êtes un tueur-né ! 

Vous avez le virus du tueur...

Je lui dis:

- ...Le virus du tueur ?

Il me dit:

- Je vous rassure tout de suite. 

Ce n'est pas dangereux pour vous, 

mais pour ceux qui vous entourent... 

ils doivent se sentir visés.

Je lui dis:

- Pourtant, je n'ai jamais tué personne !

Il me dit:

- Ne vous inquiétez pas... cela va venir ! 

Vous avez une arme ? 

Je lui dis:

- Oui ! Un fusil à air comprimé.

Il me dit:

- Alors pas plus de deux airs comprimés par jour !

Et il raccroche !

!!!

Toute la nuit... j'ai cru entendre le chromosome 

en plus qui tournait en rond dans ma case en moins. 

Le lendemain, je me réveille avec une envie de tuer...

Irrésistible !

Il fallait que je tue quelqu'un. Tout de suite ! Mais qui ?

Qui tuer ?... Qui tuer ?

Attention ! Je ne me posais pas la question : 

"Qui tu es ?" dans le sens :

"Qui es-tu, toi qui cherches qui tuer ? "

ou : "Dis-moi qui tu es et je te dirais qui tuer."

Non !... Qui j'étais, je le savais !

J'étais un tueur sans cible !

(Enfin... sans cible, pas dans le sens du mot sensible !)

Je n'avais personne à ma portée. 

Ma femme était sortie ...

Je dis : "Tant pis, je vais tuer le premier venu !"

Je prends mon fusil sur l'épaule... et je sors.

Et sur qui je tombe ? Le hasard, tout de même ! 

Sur... le premier venu !

Il avait aussi un fusil sur l'épaule...

(Il avait un chromosome en plus, comme moi!)

Il me dit:

- Salut, toi, le premier venu !...

Je lui dis:

- Ah non! Le premier venu, pour moi, c'est vous !

Il me dit:

- Non ! Je t'ai vu venir avant toi et de plus loin que toi !

Il me dit:

- Tu permets que je te tutoie ? Je te tutoie et toi, tu me dis tu !

Je me dis:

- Si je dis tu à ce tueur, il va me tuer !

Je lui dis:

- Si on s'épaulait mutuellement ? 

D'autant que nous sommes tous les deux en état 

de légitime défense !

Il me dit:

- D'accord ! 

On se met en joue...

Il me crie:

- Stop!... Nous allions commettre tous deux une regrettable bavure...

On ne peut considérer deux hommes qui ont 

le courage de s'entre-tuer comme des premiers venus !

Il faut en chercher un autre !

J'en suis tombé d'accord !

Là-dessus, j'entends claquer deux coups de feu

et je vois courir un type avec un fusil sur l'épaule...

Je lui crie:

- Alors, vous aussi, vous cherchez à tuer le premier venu ? 

Il me dit:

- Non, le troisième ! 

J'en ai déjà raté deux ! 

Et tout à coup, je sens le canon d'une arme 

s'enfoncer dans mon dos. Je me retourne. C'était mon médecin...

Qui me dit:

- Je viens vous empêcher de commettre un meurtre à ma place...

Je lui dis:

- Comment, à votre place ? "

Il me dit:

- Oui ! Le laboratoire a fait une erreur.

Il a interverti nos deux analyses. 

Le chromosome en plus, le virus du tueur, c'est moi qui l'ai !

Je lui dis:

-Docteur, vous n'allez pas supprimer froidement un de vos patients ? 

Il me dit:

- Si ! La patience a des limites. 

J'en ai assez de vous dire: Ne vous laissez pas abattre !

Je lui dis:

- Vous avez déjà tué quelqu'un, vous ?

Il me dit:

- Sans ordonnance... jamais ! Mais je vais vous en faire une !

 

Raymond Devos.

 

Partager cet article
Repost0
29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 18:33

      « Au début, un enfant, s'il doit se sentir libre

et devenir capable de jouer, 

a besoin d'être conscient d'un cadre,

 il a besoin d'être un enfant insouciant. » 1*   

Donnald Woods Winnicot 2 *

 

 

Quiconque entre dans une classe – a fortiori située en zone difficile - s’expose au déchaînement des passions humaines. Le vent des rires, le bruit des règles glissées, des stylos lâchés, des trousses ouvertes et vidées à grand fracas, des manteaux déplacés, des taille-crayons disputés. Les cris hystériques face à l’embryon d’une araignée, le duvet d’une abeille butant la vitre, la tempête des tempéraments, les éclats de voix, le son des chaises levées et claquées, le cliquetis des sacs ouverts/ fermés/ ouverts, peuvent venir à bout du plus patient des enseignants. Bref, la classe contraste spectaculairement d’avec la douce tranquillité d’une balade en forêt. Un retrait tactique n’étant guère envisageable, l’agitation perpétuelle difficilement supportable… Que faire ? Comment passer la tourmente sans la fuir ? Comment rassurer, générer un environnement stable sans se perdre en de futiles combats ?

 

Bienvenue en terra pédagogica.

Bienvenue ‘Entre les murs’. La fiction inspirée d’évènements réels, se pare d’une valeur symbolico-pédagogique.

François Marin (alias François Bégaudeau 3*   – les deux images se confondent) est la figure du démocrate par excellence. Tout le monde a envie de lui ressembler ou presque..

 

« Quand il y a quelque chose de bien, déclare-t-il, j’ai envie que tout le monde en profite dans la classe. » A l’écoute de ses élèves, compétent, le professeur tressaille, frissonne, se démène afin de transmettre des savoirs envers et malgré les difficultés rencontrées, lesquelles ne sauraient être minces en banlieue parisienne. Les échanges verbaux dans cette 4ème sont ouverts, sans être libres. Entre directivité et laisser-faire, François Marin propose, discute, réclame les carnets de correspondance,  oriente, guide sans étouffer ni – trop - baisser les exigences.

Marin, c’est la figure de l’enseignant actif - impliqué – celui qui livre le combat de la culture, au centre de l’action, aux premières loges. Son travail relève du sacerdoce, en sa présence le mot « vocation » s’extirpe d’une définition virtuelle et se matérialise pour de bon. L’ancien premier de classe – au curriculum impressionnant – reste humble et modeste, se jette dans le combat, prend tout dans les dents, rage et enrage pour défendre ses élèves, leur rendre une dignité, identifier leurs besoins, tenter d’y répondre. 

 

Idyllique ?…  Nous verrons.

         Barrington Kaye et Irving Rogers 4* ont apprécié l’influence qu’un leader pouvait produire sur le travail des éléments encadrés. Pour ce faire, les chercheurs américains se sont emparés de 3 figures : 

 

- l’autocrate, 

- le permissif,

- le démocrate. 

 

Bien évidemment, ces figures sont conceptuelles, leurs particularismes volontairement contrastés sont sans doute excessifs, leur nature distincte est probablement trop tranchée. Soulignons, enfin, un fait non prévu - à ma connaissance - par les chercheurs mais non moins prévisible, celui des troubles de l’âme amenant l’humain à adopter une attitude plutôt démocrate, plutôt permissive ou autocrate au gré de son humeur ou des évènements rencontrés. Ce qui frappe le lecteur des études pratiquées par Barrington Kaye et Irving Rogers - on le pressentait, mais encore fallait-il en avoir la preuve – c’est combien l’attitude et l’action de l’encadrant modifie les agissements de l’encadré.

 

Chez François Marin, le caractère démocrate domine, sans aucun doute. L’enseignant – aux prises avec le modèle auquel il tient – est animé par les jeux d’esprit voltairiens, « On est toujours l’imbécile de quelqu’un. », par le plaisir de la contradiction, use d’humour et d’ironie. Néanmoins, libérer la parole d’autrui n’est pas anodin. 

Etre « cool », compréhensif ; Jouer sur le  registre du familier, du proche – n’est pas exempt de danger. La potion génère des effets secondaires. La vivacité des échanges oraux, la parole libre et non codée, d’une nature apparemment ouverte se pare d’un brin de banalité, puis, rapidement, s’emporte en bouquet de familiarité, lequel roule en meule sauvage et sans entraves. « Vous charriez trop, c’est un truc de ouf. » ne manque pas lui reprocher Esméralda dans un langage se voulant hyper-moderne, en réalité, le contraire d’un esprit libre.

 

« Les esprits libres résistent au jeunisme. » dénonce Charles Coutel. Le philosophe ajoute :

« Les esprits libres résistent au fatalisme sociologique.

Les esprits libres résistent … au paradoxe de l’ignorant ou au paradoxe de l’illettré… « Moi j’ai deux mots à ma disposition et je crois qu’avec les 12 mots, 15 mots, je peux dire la richesse du monde. ..  Trop fort de ché trop fort. » 

Charles Coutel - L'éducation en questions 1/4: Condorcet: qu'est-ce qu'une éducation républicaine ? 03.09.2012 - 10:0

 

Danièle Sallenave 5* - grande connaisseuse des classes de collèges et lycée Marseillais, commente les écrits de François Bégaudeau : 

 

« C'est du reste un passage extrêmement drôle du livre de Bégaudeau où celui-ci tente de leur apprendre la  différence entre « insulter » et « traiter de » : « Monsieur, vous m'avez traitée !

- Non, on dit insulter. 

- Vous m'avez insultée de pétasse !

- Non, on dit traiter... » 

Allez vous y retrouver. C'est cela que j'aime dans son livre; ce que j'aime moins, c'est quand il entre dans le jeu, leur répond sur le même ton, et avec le même vocabulaire. Que lui aussi emploie ce mot affreux de pétasse » 

 

Le rêve triangulaire de l’échange sincère entre – professeur, savoir, élèves - dénué d’arrières pensées, l'utopie d'une liberté sans entraves, c’est-à-dire le confortable ‘ami-ami’ tourne rapidement au cauchemar. A gommer les clôtures, à rendre les frontières floues, impalpables, la ligne du « tout est permis » se rapproche. Le mouvement s’accompagne de pulsions moins idylliques, de volontés sombres, de jeux de puissances pas franchement amicales. 

Les élèves ont tôt fait de brandir l’arme de la ‘négociation’, de braquer vers le professeur le canon de la transaction comme outil d’asservissement. Le jeu d’oscillation entre la parole du sachant et de l’instruit se déséquilibre. Les règles d’écoute et de respect s’effacent. Les velléités de dominations se réveillent... A susciter les réactions, titiller par un dialogue direct, on peut se faire mettre en pièce.

 

Le ‘démocrate permissif’ passe dés lors rapidement du statut de maître à celui de laquais, contraint sans cesse à parlementer, enjoint pour un ‘oui ou un non’ à s’expliquer -  sommé de se justifier. 

Les vieilles violences retrouvent leur prime jeunesse. 

C’est qu’il n’est guère aisé de s’élever - comme l’indique Condorcet - au dessus de notre propre médiocrité.

 

Il dit à sa fille : « Si tu n’as point porté les arts à un certain degré de perfection. Si ton esprit ne s’est point formé, entendu , fortifié par des études méthodiques [élémentaires précise Charles Coutel] tu compterais en vain sur tes ressources. La fatigue, le dégoût de ta propre médiocrité l’emporteraient bientôt sur le plaisir. »

 

Paradoxalement, explicitent Barrington Kaye et Irving Rogers, le leader permissif obtient peu de résultats. En absence de cadre, les éléments font montre de peu d’ardeur au travail, les initiatives sont pratiquement inexistantes. La description des chercheurs fait frémir : les rapports de force explosent : réactions de mépris, craintes, agressions se multiplient. La contestation gronde. Les esprits s’agitent. Les individus ne sachant comment s’accorder, développent des réactions d’hostilités et d’autodéfenses faites d’alliance, de soumission, d’animosité. Le danger pour certains éléments – paisibles, non aguerris à ce type de lutte - est réel. La figure de l’humilié fleurit dans cette diversité d’abus. C’est la défense, l’alternative répondant – sans doute – à l’angoisse du « libre jeu des passions de chacun », de l’exercice des intérêts privés. Le bouc émissaire cristallise l’ensemble des frustrations. S’en prendre à une nature sensible, canaliser les actes de puissance sur cette dernière, permet – fut-ce très momentanément, de dévier le champ de la violence,  bouclier fragile permettant de  se ‘sauver’ soi-même, de se conserver. 

 

Retour au film… 

Place à un moment de cours intitulé l’« Autoportrait. » :

Entre-les-murs.JPG

 

Souleymane se balance sur sa chaise. (La perfection du balancement est accompagnée de la rumination compulsive des muscles masticateurs.) 

François M. cadre : « Souleymane, tu arrêtes de te balancer et tu nous lis ton autoportrait… Je suis très curieux d’entendre ça.

- Hein ?

- Non pas de ha. Non.

- Moi, j’ai rien marqué, moi. Se défend Souleymane.

- Si, si. Je suis sûr que tu as marqué quelque chose, je t’ai vu tout à l’heure.

- J’ai rien marqué. 

- Si, si.

- J’ai rien.

- On t’écoute. Pose François M. d’une manière calme et sûre d’elle-même qui ne souffre pas de refus.

-  Je m’appelle Souleymane, lit-il en se jetant vers l’arrière, et je n’ai rien à dire sur moi car personne ne me connaît sauf moi.

Bravo, entonnent en cœur les élèves (applaudissements).

- Ca va… rétorque l’enseignant, quelque peu agacé par l’agitation. Très bien…Pose, avant que de reprendre : Peut-être un tout petit peu long, mais très bien… Comment ça se fait que les autres font l’effort d’écrire des lignes et toi une ligne suffit ? 

- Moi, j’aime pas raconter ma vie, c’est tout.  

- Et pourquoi les autres font l’effort de raconter leur vie ?

- C’est leur problème. Moi je raconte pas ma vie à tout le monde, quoi, à l’école. 

- C’est pas, il veut pas - objecte Esméralda en insistant sur la dernière partie de la phrase - Il sait pas écrire, voilà. 

La formule fait mouche. Souleymane riposte – avec un plaisir palpable : 

-  Qu’est-ce qu’elle ouvre sa gueule, la Keuf ?…Pourquoi tu parles avec moi, sale keuf […] Tu pues de la gueule ! 

- Ca suffit…Coupe François M. T’es pas obligé d’être vulgaire, Souleymane…Ca Souleymane, pour tout ce qui est insulte et pour l’oralité, ça, t’es très très fort, mais dès qu’il s’agit d’écrire, alors là, il n’y a plus personne.

- Mais il ne sait même pas écrire son nom ! déclare Esméralda, les bras levés en signe de limite.

(Les agressions fusent, les élèves se traitent en ennemis pour le coup, les attaques semblent interminables. Souleymane exhibe son tatouage. François M. l’invite alors à s’exprimer sur sa signification. ) 

- C’est quoi ce tatouage, Souleymane ? …Hé. Hé. Hé ! C’est quoi ce tatouage ?

- Ca veut dire ferme ta bouche, ferme ta gueule, intervient Boubacar.

- Ferme ta gueule, déjà ça veut pas dire ça. Rectifie Souleymane, très sérieux.

- Qu’est-ce que ça veut dire alors ? … Puisque c’est pas la bonne traduction, alors dis-le nous.

- Moi, j’ai pas envie de le dire.

- C’est toi qui le montres dans mon cours, donc tu vas nous dire ce que ça veut dire.

- « Si ce que tu as à dire n’est pas plus important que le silence, alors tais-toi. »

 

François M. interroge :

- Pourquoi c’est pas la même chose que ce que nous avait dit Boubacar ?

- Moi, je trouve que c’est plus beau.

- Oui, voilà, c’est mieux dit. .. Si seulement tu pouvais écrire des choses aussi intéressantes sur ta feuille que sur ton bras ce serait extraordinaire… Ca prouve bien que tu peux le faire. »

 

      L’originalité du dialogue tient sans doute dans sa violence. La pseudo liberté de parole (ou plutôt une parole libre) cache une parodie de dialogue. Le semblant d’échange 'démocrate' masque un réel rapport de force, une fausse sérénité, des tirs à vue, règlements de compte -. Esméralda, Souleymane et leurs affiliés ne s'entendent pas - aucune écoute - versent dans l’affirmation des passions de chacun, tentent de se distinguer, d’imposer leur point de vue, de rabattre l’autre, de prendre le contrôle, de mettre en poussière les esprits 6*. De triompher. 

 

« Chacun a gentiment  l’impression d’être supérieur à l’autre. » Explique Jacques Rancières. 

L’élève pense que le maître est un bouffon. Et le maître reprend les expression de l’élève.

                    Jacques Rancières*. Que doivent savoir les maîtres ? 

                    Nouveaux chemins de la connaissance. 06/09/12

 

 

Nous sommes ici en présence de pensées totalement inamicales, désunies, en lutte… La classe est un champ de force où s’expriment une variété de volontés singulières. 

 

John Dewey 7* dans son livre « expérience et éducation », pose les conditions d’une libération,  dessine minutieusement les contours d’un cadre* neutre et non permissif. Celui où « Aussi longtemps que le jeu se déroule sans accroc sérieux, les joueurs n'ont pas l'impression de se soumettre à une quelconque coercition interne... » Coexister, prendre en compte la puissance, l’inconstance, les désirs de chacun impose des barrières, l’établissement de règles, de lois.

 

       Ne pas poser de cadre, c’est laisser libre court aux puissances primitives, sauvages, négatives.

                      En d’autres termes, tel que Pascal 8* l’indique dans sa ‘Justice et raison des effets’ : à Ne pas faire que le juste soit fort, on fait que le fort soit juste.

                                         

                                                Laisser libre champ à...

 

                                                                                             La guerre civile des ego. 

--------------------------------------------------------

     * Un cadre libérateur. Billet à venir sur certaines modalités.

 

1 * D. W. Winnicot (Pédiatre, psychiatre et psychanalyste britannique préoccupé d’étudier l'équilibre psychique de l’enfant), L'enfant et le monde extérieur, Le développement des relations, Science de l'homme, Payot, Orne, 1990, P 168.

2 * Op. Cit. P168. « Des êtres humains aimants et un environnement stable sont particulièrement nécessaires pendant cette période et les personnes environnantes sont utilisées par l'enfant qui grandit, pendant ce processus de construction dans l'individu d'un surmoi plus personnel avec ses propres idées sur la discipline et la liberté... ».

 

3* Alias François Bégaudeau, Entre les murs, ed Verticales. ISBN : 2070776913 deviendra un film de Laurent Cantet. Palme d’or du festival de Canne.

 

4 * Kaye Barrington et Irving Rogers, Pédagogie de groupe dans l'enseignement secondaire et formation des enseignants, ed Dunod, 1971, P 89 – 93.

 

5* Danièle Sallenave, Nous on n'aime pas lire, Gallimard, 2009, P 88.

 

6 * « Le danger n'est ni à Londres, poursuit Marat, comme le croit Robespierre, ni à Berlin comme le croit Danton ; il est à Paris. Il est dans l'absence d'unité, dans le droit qu'à chacun de tirer de son côté, à commencer par vous deux, dans la mise en poussière des esprits, dans l'anarchie des volonté.Victor Hugo, « Le cabaret de la rue du Paon », pp 119- 120.

 

7* P 255, cité par  Anne Marie et Francis Imbert, in « L'école à la recherche de l'autorité », cf bibliographie. « les enfants aux récréations ou après l'école, jouent à des jeux depuis cache-cache jusqu'au football. Les jeux impliquent des règlements et ces règlements ordonnent leur conduite. … Sans règlement pas de jeu possible... qu'une querelle s'élève et le règlement sert d'arbitre... Aussi longtemps que le jeu se déroule sans accroc sérieux, les joueurs n'ont pas l'impression de se soumettre à une quelconque coercition interne... »

 

8* En d’autres termes, tel que Pascal, l’indique dans sa ‘Justice et raison des effets’ : Ne pouvant faire que le juste soit fort, on fait que le fort soit juste.

--------------------------------

  France Culture !

 

 

 Jacques Rancières*. Que doivent savoir les maîtres ? 

                    Nouveaux chemins de la connaissance. 06/09/12

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 12:12

On-the-Road-New-Mexico-Christmas-Day-2004-Painting---Chris-.jpg

(On the Road New Mexico Christmas Day 2004 Painting - Chris Easley)

 

 

« Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers. »

Henri Michaux 1939.

 

 

Dean Moriarty est un explorateur enthousiaste, extraverti, amoureux de la vie, séducteur – magnétique - débordant de la saveur du chaos. 

 

L’espace de Dean, c’est le démon de la route – la vie dévorée au kilomètre – les pulsions puissantes, radicales, la blancheur craquante des substances illicites, l’excès, l’orgie, l’abandon des corps aux contemplations érotiques. 

 

Le mouvement est une poussée avide, étrangère au calme. Ça permet d’échapper à l’immobilité, au figé, à la pesanteur de la vie, aux responsabilités – à la tranquille lassitude – au ralentissement automnal – c’est un remède curant les démangeaisons, un cataplasme posé sur le vide urticant, camouflant la détresse.            

 

La marche n’est-elle pas une suite de chutes anticipées de justesse ?

 

Dean est un astre brûlant à haute énergie, suivant son propre mouvement, sa trajectoire est sans destination précise. Il expérimente, n’en fait qu’à sa tête, dans un désir sans remède, celui qui l’assure au monde, ne redresse rien et lui évite à peine de se disloquer. 

 

 « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? » demande-t-il à Sal Paradise – alias Jack Kerouac – son ami. 

Que peut répondre Sal à ça ? 

Que peut-on répondre quand on est dans la recherche multiple d’un chemin, en quête de soi ? 

 

Au fond, rejoindre Mauriarty, épouser son orientation, c’est entrer dans un tournoiement, aller de l’avant. Eprouver le lever du soleil, sentir le tourbillon de l’univers où chaque départ brille d’un ‘Eternel retour’, celui de la flamme, du solaire, du démesuré. Du Sur-expressif. De la vie. En marche. Irrésistible emprunt d’émotions violentes. 

On-The-Road-Again---see-Pay-Pal-button-below.jpg

(New Work - On The Road Again.)

Oui, ne pas stagner à l’ombre mauvaise, c’est suivre la lumière, se laisser transporter vers l’horizon.

Suivre la route du vent, à l’évidence, suivre la route – gêné par personne -, voguer sans obstacles jusqu’aux confins des sensations.

                                            On-The-Road-Again---Abstract-Landscape-by-California-Artist.JPG

                                                                                                (On The Road Again -  Janet Bludau.)


 La route est un ruban d’éternité filant vers le ciel.

 

Dean – d’une certaine manière s’y accroche - aujourd’hui comme hier, s’exaspère d’attendre.

Son tempérament lui dicte de s’arracher au poison du présent. Etre dans le précaire – dans une sobre trajectoire. Se brûler sur l’asphalte, s’absorber à - toujours - suivre la direction indiquée par le goudron. 

 

Se perdre dans l’amoncellement confus des distances.

Sans soucis. Sans s’en faire. Vraiment ?

A vouloir trop prendre et reprendre la route, la vaste agitation de la poussière laissée derrière soi finit par retomber.

La réalité physique de la droite - courbe dans l’espace  - conduit le voyageur à boucler son périple. L’égaré retourne alors immanquablement à son point de départ. 

 

Sal et Dean partent donc ailleurs, plus loin, vers le Mexique.  

 

Mais cette fois, le vertige – l’ivresse de l’intensité...  ont la saveur des terres déjà froissées aux pieds. 

 

L’euphorie s’élève – certes – mais avec un je ne sais quoi de morbide, d’inutile, d’insensé. Une sourde fatigue surgit de derrière la fièvre. La route, dont la perspective semble désigner une hauteur, s’affaisse. L’étendue se vrille, se tasse et s’écrase - sans dénivellation. La ligne continue se barde de pointillés effilochés, trompeurs.  

Sal Paradise sait lire ces feuilles de route. Sa conscience décèle la platitude de l’Electro-encéphalogramme, l’absurdité de la tentative, l’impasse. 

 

A toute force, il refuse d’y croire. Il dérivera encore avec Dean. Dans un ultime élan, il avancera une dernière fois - sans rien gravir.

Saturé de fièvre, las, atteint de dysenterie, prostré dans une chambre sordide, il attend la dislocation.

L’enthousiasme organique de Dean ne se transforme pas, ne change pas, ne cultive rien. Son éternité c’est sa conduite tourmentée, inquiète, explosive. Démuni face à l’inertie, Dean disparaîtra, laissant Sal à ses ruines somnambuliques, l’œil teinté de goudron noirâtre, la pupille brouillée d’abandon.

.

                                   L’amitié cloque et crève sous la canicule d'un zénith crépusculaire. 

 

 

--------------------
La Route.
Kerouac_Map.jpg

Carte des trajets de Kerouac dans Sur la route :

  •      1947
  •       1949
  •       1950

----------------------------------

 

Russel Banks et Jack Kerouac - une belle rencontre.

Partager cet article
Repost0
27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 09:49

Nature-morte-aux-gaufrettes---Lubin-Baugin---1631.jpg « Nietzsche raisonne souvent en termes de ruminations et de ruminants ; la pensée de la digestion l’occupe même si matériellement qu’il a pris soin, dans Ecce Homo, de nous donner de longues précisions sur le régime alimentaire qu’il s’était aménagé au cours de sa vie, régime auquel il attribue une part importante de la qualité de sa vie et de son œuvre. Mais il y a deux espèces de ruminants chez Nietzsche : ceux qui ruminent sans cesse mais sans réussir à digérer (cas de l’homme de ressentiment), et ceux qui ruminent et digèrent (cas de l’homme dionysiaque). Mauvais et bons ruminants. … le bon ruminant a accès tout à la fois au bonheur et au malheur, et le sort du mauvais ruminant est de n’avoir accès ni à l’un ni à l’autre. Car il ignore le bonheur puisqu’il ne réussit pas à digérer le malheur, mais il ignore aussi le malheur, précisément puisqu’il ne réussit pas à en digérer la pensée ».

Clément Rosset. (1) p 41. 

 

Il n’est pas rare dans de nombreuses familles de rechercher ses ancêtres, d’en vouloir connaître la naissance, l’histoire, le métier, voire les circonstances de leur mort. Cette enquête généalogique se poursuit généralement sur une longue période. De longues années, des décennies où l’homme croit (re)trouver - par ce lignage – les « qualités » qui lui auraient été transmises par les gênes.

 dandy-dog.jpg

Depuis l’observatoire de mes branches en friches, j’ai souvent regardé ces recherches frénétiques d’un œil retenu, parfois amusé, souvent critique. Tant de courage, d’abnégation, de temps passé à remplir ces cases, à visiter les mairies, à rédiger lettres et courriels. Reproduire, embranchement par embranchement, pousse après pousse, brindille par brindille ce cortège d’ancêtres - faire la rencontre avec ici, un tapissier, là un éleveur de poules… Vaine tentative de se trouver parent de l’illustre. 

Ne sommes-nous pas - après tout - tous fils et filles de Charlemagne ? 

 

Outre le fait que nous ne soyons jamais certains que nos ancêtres le soient vraiment (du point de vue du sang, s’entend). « Il importe – développe Hubert Reeves se plaçant sur un terrain scientifique - de remarquer que cette tradition repose sur l'idée que la prétendue « qualité du sang » se transmet uniquement par le père. A la lumière de nos connaissances contemporaines en génétique, nous devons reconnaître que cette idée est totalement fausse. Le partage se fait moitié moitié entre le père et la mère. » P 18.

Il apparaît également qu’une généalogie si brillante soit-elle ne pourra jamais apporter les idées, les valeurs, qui cimenteraient une soif de communion de pensées.

 

Car nous ne sommes jamais « nous-mêmes » sans autrui. Nous ne sommes pas les self-made-man de notre existence, bien qu’actuellement, tout soit organisé – tel que Cynthia Fleury l’indique dans son livre référence «Les pathologies de la démocratie ».(3) 

Se forger sur des qualités exclusivement filiales – de nature et non de culture, nier les personnes, les lectures, les expériences qui nous constituent est non seulement un déni pur et simple de la réalité mais un délire névrotique.

 

C’est, en effet – un refus de reconnaître la longue construction de la carte de notre territoire individuel. Une négation de notre généalogie culturelle : de nos tentatives, nos hésitations, nos échecs, nos élans – qui – tantôt nous ont précipités vers les hauteurs du savoir, tantôt nous ont jetés à bas d’un profond désespoir.

Mais c’est aussi – par dommage collatéral – accroire tout devoir à soi-même. Or l’on survit difficilement à l’échec lorsqu’on s’est décrété seul responsable. Etre un pur produit de son essence – être le feu de sa propre lumière, c’est flamber haut et vite à la moindre paille de déchéance. 

 

Au sein de notre vagabondage – singulier par nature –des chemins ont été défrichés au milieu des montagnes sauvages, des jalons ont été posés, des êtres nous ont guidé. 

 

Imaginez alors comment pourrait être la vie, si tous, nous nous mettions à citer les influences que certains trésors ont eu sur nous – à déclamer nos sources, l’origine de nos idées, à livrer haut et fort nos lectures. 

 

Comme tout jaillirait – limpide – comme nos oreilles entendraient la claire musicalité du chant des sirènes.

Les hommes dans les cités conteraient fleurette ainsi :

      "Etes-vous de ce village ?" 

 

      Dom Juan - Molière - Acte II, scène 2 - 1665.

(Vidéo libre de droit : un outil pour la classe.)

 

« Ces récits trouvaient en moi des résonances familières 

et j'y reconnaissais nombre de mes états d'âme. 

Il furent déterminants dans le choix professionnel qui fut le mien. » p 7. 

Hubert Reeves, Je n'aurai pas le temps, Seuil

 

« Une vie sans livre serait une erreur » énonce Aléa Keen – plagiant Nietzsche sans vergogne. 

Ainsi, la philosophe en herbe – qui sait ce qu’elle doit à autrui – cite à son tour Clément Rosset, qu’elle tient en haute estime.

 

Citer ces pensées – issues d’autrui -  qui nous forgent, déclamer ces grands auteurs constituerait « une triple initiation : initiation au bonheur, initiation à la vie, initiation à la philosophie.

Initiation, bien sûr et tout d’abord au bonheur : « Comme le bonheur tient à peu de choses ! Le son d’une cornemuse… » (Crépuscule des idoles.)

Mais aussi initiation à la vie et à la philosophie. A la vie, comme en témoignent par exemple les pages du « Cas Wagner » consacrées à Carmen, dont Nietzsche célèbre par-dessus tout le « sens du réel » » (1) p 48

 

Les vols – de bourse - se dérouleraient ainsi :

"La peste soit de l'avarice et des avaricieux." 

 

            L'avare - Molière - Acte I, scène 3 - 1668. 

 

      La joie remplacerait l’affectation. La beauté terrasserait le vulgaire.

Le monde prendrait de suite une autre profondeur. La parole deviendrait la marque d’une richesse. La pensée profonde déterminerait nos actes singuliers. L’allégresse d’une phrase, d’un mot, d’un verbe, illuminerait notre journée. 

Peu à peu, nous ferions nôtres ces  influences extérieures.  

Inséparables des réflexions buissonnantes d’autrui ; leurs richesses nous contamineraient, les bifurcations nous donneraient à penser, l’ivresse des savoirs nous enivrerait d’une complexité étoilée, inspirante, de fulgurances foudroyantes… de…

 

Quoi ? 

          Chimères ?

                 Si on ne peut même plus rêver !

 

 

-------------------------------------------

 

(1) Clément Rosset – La force majeure – Les éditions de minuit – collection critique – isbn : 978-2-7073-0658-6

 

(2) Citation complète : « : Il est de coutume, dans les bonnes familles, de s'intéresser à la lignée des ancêtres. Cette préoccupation est particulièrement importante chez les nobles, qui peuvent ainsi faire valoir les mérites politiques ou guerriers de leurs ascendants. Il importe pourtant de remarquer que cette tradition repose sur l'idée que la prétendue « qualité du sang » se transmet uniquement par le père. A la lumière de nos connaissances contemporaines en génétique, nous devons reconnaître que cette idée est totalement fausse. Le partage se fait moitié-moitié entre le père et la mère. » Hubert Reeves, p 18.

 

(3) Cynthia Fleury, Les pathologies de la démocratie, p 64 reprenant le travail de  Francis Jauréguiberry, « Hypermodernité et manipulation de soi », in Nicole Aubert (dir.) , L'Individu hypermoderne, Paris, Erès, 2004, p 162. « lui-même » sans autre référence que sa propre volonté... On n'espère plus collectivement dans le futur : il faut réussir personnellement dans le présent. L'individu est mis face à ses propres réalisations. Démiurge de lui-même, il n'est plus l'objet de son destin, il est le seul maître de sa vie. Or, l'écart vécu entre l'idéal de lui-même (auquel il ne manque alors pas de prétendre) et ce qu'il constate être vraiment le déçoit dans bien des cas. 

 

 

-------------------------------------

Sites 

 

Nicolas Delon : Atelier Clément Rosset

 

Entretien avec Clément Rosset..


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chêne parlant
  • : L'éclectisme au service de la pédagogie & L'art de suivre les chemins buissonniers. Blogue de Virginie Chrétien chrétien. Maître formatrice en lien avec l'ESPE de Lille. Rédactrice chez Slow Classes. Partenariat : philosophie Magazine. Écrivaine : La 6ème extinction - Virginie Oak.
  • Contact

Introduction.

L’éducation, dans son étymologie même, c’est : «Educere, ex-ducere, c’est conduire « hors de » rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz dans Le Philosophoire. Charles Coutel parle quant à lui d'[Educarea] ēdŭcāre ‘prendre soin de l’ignorance de l’élève’. "Le rôle de l’éducation - dit-il - c’est de me disposer à mon humanité en moi grâce à mon instruction." Ecoutons George Sand… « Mes pensées avaient pris ce cours, et je ne m'apercevais pas que cette confiance dans l'éducabilité de l'homme était fortifiée en moi par des influences extérieures. » George Sand, La mare au diable, Folio Classique, 892, P 37. Ce blogue se propose de partager des outils pédagogiques, des moments d'expériences, des savoirs, des lectures, de transmettre des informations relatives à la pédagogie ordinaire et spécialisée, des idées d’activités dans les classes allant du CP au CM2 en passant par la CLIS. Enfin, on y trouvera aussi quelques pensées plus personnelles. « Notre savoir est toujours provisoire, il n'a pas de fin. Ce n'est pas l'âge qui est le facteur déterminant de nos conceptions ; le nombre de « rencontres » que nous avons eues avec tel ou tel savoir l'est davantage, ainsi que la qualité de l'aide que nous avons eues pour les interpréter... » Britt-Mari Barth, le savoir en construction. ________________________________________________________________________________________________ 1 Le Philosophoire, L’éducation, n° 33, P16 2 P 52, Britt-Mari Barth – Le savoir en construction – Retz – Paris – 2004 – Isbn : 978725622347

Contributions et Partenariats.

Contributions gracieuses : Magazine Slow-classes. Numéro 1 Faire Mouche en géométrie et 2. Le moulinet à vent : mettre des mathématiques dans les voiles. ....... SLOW CLASSES : Slow Classes __________________________________________ Partenariat gracieux Philosophie Magazine. Philomag ________________________________________

Blogs voisins

Silapédagogie silapédagogie Aider ses élèves. com, un site de mathématiques créé par Marc Godin, chercheur en mathématiques, ce dernier est pointu et passionnant. Aider ses élèves . com Document Aider ses élèves . com - document

Emissions à écouter

___ Gai savoir Raphaël Enthoven - Paula Raiman et les indispensables Nouveaux chemins de la connaissance. Gai savoir ................................................................. Les nouveaux chemins de la connaissance - Adèle Van Reeth Les nouveaux chemins d'Adèle Van Reeth

Sites plus

Jaques Darriulat Jacques Darriulat _________________________________________ Philolog Philolog _______________________________________ Le lorgnon mélancolique. Le lorgnon mélancolique