Robert Shana ParkeHarrison - Galery.
« Soyez le changement de ce que vous voulez être » Gandi
« Etre le héros de sa vie », voilà l’esprit des productions américaines.
Dans la série télévisée Arrow, le fils de bonne famille - Oliver Queen - lutte pour son émancipation.
L’œil du spectateur admire l’acteur plein d’assurance. L’éphèbe épris de justice combine deux éléments. D’abord, il se rachète une conduite – de goujat sans manières ni morale, le Don Juan s’éprend de bien et de justice (les trois-quarts des productions américaines sont téléphonées depuis ce code de la rédemption). Ensuite, plein de cette audace courageuse, l’âme r-éveillée effectue avec succès toutes ses missions, atteint tous ses désirs.
Confronté au danger, à la violence, face aux ennemis, Olly – diminutif d’Oliver - se tient droit, présent dans son univers, courageux au possible. Contrairement à vous et moi, cet « action man » détient une limpide ténacité, une intensité muette - une puissance. Sa respiration, se fait brise. Ses déplacements ont l’adresse du vent éveillé. Tout à coup, on hume son impatiente envie d’en découdre. Dans un magnifique moment de bravoure, la force-fragile affronte le pire sans s’accabler, se joue des odeurs organiques, enfin, contre vents et marée, en un happy end glorieux : triomphe.
Ainsi naît l’accomplissement – l’être fictionnel exécute ses plans et les mène à leur terme. En réalisant tout en se réalisant, en accomplissant sans coup férir, le héros fait surgir le résultat de la promesse, du désir - la réalité.
« Le libre arbitre est un effet de survie » nous apprend Michel Onfray dans un entretien avec Pierre Rhabhi.
Reprenons le paragraphe en son entier :
« Vous le formulez très bien », dit Michel Onfray à Pierre Rabhi. Le philosophe poursuit : « Le libre arbitre est un effet de survie. Arrive un moment où l’on se dit : soit je me laisse faire et je suis broyé, soit je survis, et, dès lors, il faut que je prenne mon destin en main. C’est là qu’on se « crée liberté », pour le dire comme Nietzsche. A priori, on n’a pas la liberté de choisir sa vie. Mais c’est parce qu’on construit son propre libre arbitre qu’un jour, alors, on peut dire non : je ne veux pas de cette vie-là, j’en veux une autre. » Philomagazine.
Effectivement, Myster Queen fonctionne à la survie. Au moins durant son séjour forcé sur l’île, l’héritier millionnaire en dollars ne l’est pas moins en exploits. Doué d’un courage construit par l’épreuve - celle d’avoir perdu son père -, confronté aux divers agents du mal en raison d’un complot fomenté contre sa famille, l’esprit défensif devient offensif .
Autrement dit : le beau gosse dégomme tous les méchants un par un.
D’accord « celui qui le veut, le peut », voilà les ressorts de la fiction. Mais dans la ‘vraie vie’, qu’en est-il vraiment ?
L’adage germanique ayant bercé mes années de collège – et la jeunesse de Cynthia Fleury - est-il vérifiable ? Le « Wer will, der kann » que l’on nous faisait écrire en première page du cahier, le « quand on veut, on peut », est-il proverbial ou artificiel ?
Quelques exemples…
Premier cas : L’étudiante se paye des études et, par là même, s’arrache à son destin.
Prenant son avenir en main, la fille a décidé de détruire l’injonction qui lui était faite de rester à sa place – de ne pas se la jouer « futée », de ne pas faire « sa maligne », bref, de ne pas dépasser le maître.
La chose est réalisable. Cette dernière a un toit où dormir. Le produit de son travail salarié peut donc être affecté aux études.
Aurait-elle agit de même si cette dernière s’était trouvée à la rue ?
Peu probable. Comment, en effet, subvenir à des besoins propres et à des frais d’inscription de concert ?
Autre exemple : dans un magasin de vêtements, une vendeuse exerce ses talents.
En pleine après-midi, la responsable régionale débarque et ordonne : virez-moi ça !
Etant sous période d’essai, le sort de la recrue est - quoi qu’il advienne - scellé.
Pourtant, la directrice du magasin – lucide de la réaction en chaîne que va entraîner sa réponse - oppose un non catégorique.
Voilà de quoi se réjouir, nous exclamons-nous. La jeune âme vivant en famille a osé dire « non », s’est crée liberté. On a envie de croire en l’universalité d’une réponse si belle, d’en faire un exemple, un automatisme, une valeur cardinale, un fait acquis. Une composante de la grandeur humaine.
Pourtant, cette personne aurait-elle agi à l’identique, seule, avec un enfant à charge ?
Soyons honnête – à moins d’être une complète irresponsable - , l’employée restera à sa place. Cette fois, la travailleuse dans le prêt-à-penser-fémimin éprise de bien, pleine de la volonté de se « créer liberté », s’écrasera, se taira, obéira.
Question non de lâcheté – ou de manque de courage - mais de responsabilité. De nécessité.
Ruwen Ogien, dans un excellent livre intitulé "L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine" 2011, décrit très précisément l’influence exercée par une odeur, une rencontre, une dispute voire même un tas de feuille tombé au sol sur des choix décisionnels futurs 1*.
Mais revenons à nos vouloirs.
Quels sont les ingrédients de ce « je veux » ? Quelle est la nature de son pouvoir ?
Peut-on faire « de [sa] vie un rêve et d’un rêve une réalité. » comme l’indique Antoine de Saint-Exupéry. Lequel - ironie de l’histoire - a été viré d’un journal par manque d’imagination
Retour à la case fiction.
On assimile souvent Matrix à un film traitant de la réalité, dénonçant l’illusion.
Néo, le héros de la superproduction hollywoodienne – a toujours su que quelque chose n’allait pas dans sa vie. Raison pourquoi le placide jeune homme choisit de suivre le chemin de la vérité, de combattre, donc, les agents « Smiths » et autres programmes.
Dès le départ, souligne le glossaire des principaux symboles, concepts et personnages, Neo apparaît épuisé, fatigué 2* p 165.
Pourquoi ?
« L’épuisement favorise les justes. », nous indique le résumé du film. « Les grands hommes trouvent la fortune et n’encourent aucun blâme. » «[…] au milieu des épreuves, la joie peut être préservée – et là réside précisément la dimension fertile de l’épuisement. […] Si l’épuisement est abordé avec rigueur, l’être s’accorde avec l’instant. » 2 * p 167.
Pour ma part, j’y lis non un accord ou une voie d’accomplissement mais essentiellement une réaction 2* p 166.
"La prophétie était un mensonge. L'élu n'a jamais été prévu pour mettre fin à quoi que ce soit. Ce n'était qu'un système de contrôle de plus." A cela, Morpheus est obligé de répondre : "Je n'y crois pas." Mais il reconnait un peu plus tard : "j'ai eu un rêve, et ce rêve m'a maintenant abandonné." in Matrix,machine philosophique, ed ellipses, p 164.
Développement :
Conformément à l’ordinaire des fictions, Neo agit.
Avalant la pilule rouge – l’image n’est pas mince - le guerrier entre en action.
Résultat, sans préparation ni indications, notre oiseau voulant subjuguer le ciel - tel Icare le soleil - s’écrase lourdement sur le macadam. Jusqu’à la fin du film, notre soldat de la vérité se confronte avec violence à la fiction du réel.
Comme dans la vraie vie, atteindre un but réclame pratique et apprentissage. (Heureuse chose que l’existence de logiciels accélérés – on en réclame.)
Mais ce n’est pas tout, chacun de ses combats sont un fatras de déconvenues. Néo n’est pas seul.
Son vouloir s’oppose à celui d’autrui. Ses buts, ses idéaux de réussite, son envie de vaincre se heurte systématiquement - avec violence - à la voix poussiéreuse de l’agent Smith, aux sarcasmes du Mérovingien, à la fluidité métallique de jumeaux spectraux. L’engagé tourbillonne alors dans une suite de chutes sans profondeur contrôlée. Sa conviction décline au rythme de l’obscurité lui barrant la route. Au goût de ses victoires et de ses défaites involontaires.
Peu à peu, l’horizon se trouble, sa force, celle là même qui se contorsionne violemment pour atteindre la lumière, s’amenuise. Le ciel s’écroule. L’avenir est incertain.
Le vouloir ne saurait donc suffire au pouvoir.
La volonté n’est qu’impulsion de départ. L’aiguillon du changement une pointe sans obligation de résultat. Si la flèche ne pique, elle n’atteint bien souvent rien d’autre que vous-même.
La rude découverte n’a pourtant rien d’original.
Le glorieux Achille - hêrôs d’Homère entre les héros - chef de guerre incontestable sera frappé par derrière : éliminé d’une simple flèche au talon par le lâche Paris. Siegfried vulnérable d’une feuille tombée sur son épaule sera frappé par Hagen. Jeanne d’Arc ? La bergère brûlée vive est carbonisée au feu de sa foi de réussite.
Même Vercingétorix et César atteints tous deux d’un Syndrome de personnalité aigu – celui de se prendre pour des "demi-dieux" – seront trahis par la contingence des évènements.
Le héros a besoin de « clés » qu’il ne détient pas ;
L’espèce vaillante, forte, intrépide, entière tel Ryan Gosling de ‘Drive’ veut. Mais l’ange mafieux à l’air placide doute. Comme Neo, il sait où ses pas les mènent. La solitude, le silence ne sont point force mais faiblesse, interrogation, confusion mentale.
Le destin, l’autre nom d’une vie dénuée de pronostics, recordée à de misérables faiblesses, d’actions incomplètes, d’espérances malades.
Elu, L’éclairé sait : aller au devant de sa mort, c’est aller au devant de sa vie.
Néo est un accablé. ..
Un guerrier du néant et du vide.
Drive - A real hero.
Voluntas (Question chrétienne arendt faculté inventée par les grecs – voluntas ne correspond pas à la boulesis grecque , c’est « la capacité de choisir entre des possibles »… des possibles prédestinés – choisir une « optique après une délibération », volonté rationnelle , c’est une délibération (image de la balance revient souvent) « La pensée la plus aboutie fait pliée la volonté » Gaelle
« Toute décision est déterminée par des raisons » Raphaël Enthoven – « aucun choix n’est un choix » Raphaël Enthoven il y a illusion de choisir chaque choix « épouser le cours des choses ; » « La vie ne s’arrête pas à la mienne » R enthoven 27/04/ 2010 – l ‘histoire du courage
Jankélévitch ( penseur du fidèle courage – les vertus et l’amour » tome 2 du traité des vertus chapitre sur le courage
(dire aussi que nous sommes tous comparables)
Cynthia fleury 28/04/2010 ‘la fin du courage’
Les nouveaux chemins de la connaissance : Courage ! 3/5 : "La fin du courage"
courage (force opérative chez Jankélévitch ) « l’échec n’est pas la défaite » RE
on fait sujet – seuil inaugural de la décision (Jankélévitch) quand on veut on peut (il faut le vouloir vraiment )
« Ca vous fait sujet – ça vous rattache au monde ; » [mais ça ne se décrète pas]
organisation de la forfaiture.
La démocratie ça ne marche pas tout seul. On gagne toujours contre un autre camp
45 min : «On se rend compte que souvent voilà le courage, ça ne paye pas. Donc à quoi bon être courageux dans ce monde. Mieux vaut être le passager clandestin – je l’ai dit tout à l’heure - de sa propre vie et on va passer entre les gouttes. [….] Dans le monde du travail chacun reconnaît que ça ne va pas, ça dysfonctionne un maximum […] C’est totalement le désastre . Et pourtant , chacun continue à tenir encore un moment de plus. Donc vous avez un dessaisissement du courage dans le monde du travail. … Sur le monde du travail, il fallait se ressaisir de la chose. »
Citations :
"les hommes se trompent aisément, et souvent s’obstinent à ce qui leur plaît, sans savoir si ce qui leur plaît est possible."P 271 : …
Alain – Propos sur les pouvoirs – Folio Essais – Gallimard 1985 – Cher 2009 - ISBN 978-2-07-032278-7
p 378 : Vouloir, c’est ne pas pouvoir. Quiconque a pu agir l’a voulu avant de pourvoir le faire mais seulement après l’avoir pu effectivement. Quiconque veut ne pourra jamais, car il se perd à vouloir. Je crois que ces principes sont fondamentaux.
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquillité. Christian Bourgois éditeur. 1999. ISBN : 2-267-01516-1
Skyfall - Bond - James Bond 007
Tomasz Gudzowaty - Galery -
Bibliographie :
1* "L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale", de Ruwen Ogien - Grasset.
2 * "La prophétie était un mensonge. L'élu n'a jamais été prévu pour mettre fin à quoi que ce soit. Ce n'était qu'un système de contrôle de plus." A cela, Morpheus est obligé de répondre : "Je n'y crois pas." Mais il reconnaît un peu plus tard : "j'ai eu un rêve, et ce rêve m'a maintenant abandonné." in Matrix ;machine philosophique, ed ellipses, p 164.
Tomasz Gudzowaty. - pouvoir de la volonté.
Un peu d'humour : La vraie vie.