Présentation du projet dans la classe de CE1/CE2 par Madame Selma S'hieh le jeudi 19 Novembre 2015. Très beau souvenir d'un moment merveilleux passé en sa compagnie. Merci de nous avoir transmis sa passion et de nous avoir permis de réaliser ce beau projet.
Présentation du projet dans la classe de CE1/CE2 par Madame Selma S'hieh le jeudi 19 Novembre 2015. Très beau souvenir d'un moment merveilleux passé en sa compagnie. Merci de nous avoir transmis sa passion et de nous avoir permis de réaliser ce beau projet.
Présentation du projet dans la classe de CE1/CE2 par Madame Selma S'hieh le jeudi 19 Novembre 2015. Très beau souvenir d'un moment merveilleux passé en sa compagnie. Merci de nous avoir transmis sa passion et de nous avoir permis de réaliser ce beau projet.
Les élèves ont écrit des questions :
(Le fichier sera mis en ligne prochainement).
Marie Desplechin et Chris Donner - Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Olivier de Solminihac, Marie Desplechin et Chris Donner, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Olivier de Solminihac, Marie Desplechin, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
La sortie à la gare Saint-Sauveur.
Selma nous a lu trois passages des livres des écrivains présents. Il y avait: Chris Donner, Olivier de Solminihac et Marie Desplechin.
Nous avons posé des questions à l'aide du micro. Ensuite, nous avons eu un goûter : des madeleines, des bonbons et du jus de pomme.
Enfin, nous sommes allés voir une exposition sur la ville de Détroit située aux États-Unis. Elle était à l'abandon, et détruite car les usines ont fermé.
La classe de CE1/CE2
Marie Desplechin Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Marie Desplechin , Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Olivier de Solminihac, Marie Desplechin, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Chris Donner, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Dédicaces !!!
Dédicaces avec Marie Desplechin, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Dédicaces avec Marie Desplechin, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Dédicaces avec Marie Desplechin, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Dédicaces avec Marie Desplechin, Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016. Une maîtresse fière de ses élèves.
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
Visite de l'exposition "Détroit", Gare Saint- Sauveur, le 21 février 2016
La conférence de Viviane BOUYSSE, Inspectrice générale de l’Éducation nationale, a eu lieu à l'auditorium de Douai, le 14 novembre 2012.
Une fois n'est pas coutume, afin de diffuser largement la conférence de Madame BOUYSSE, cet article ne sera pas rédigé de ma main mais constitué essentiellement par le compte-rendu de cette intéressante intervention.
Ce dernier a été rédigé par Catherine MULERO, Inspectrice de l’Éducation nationale, circonscription de Douai-Cuincy, Académie de Lille.
Conférence de Viviane BOUYSSE, Inspectrice générale de l’Éducation nationale, Douai, le 14 novembre 2012. Compte rendu rédigé par Catherine MULERO, Inspectrice de l’Éducation nationale, circonscription de Douai-Cuincy, Académie de Lille.
Conférence de Viviane BOUYSSE du 14/11/12 - Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai. "L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré." (Grand merci pour cet accord gracieux.)
Conférence de Viviane Bouysse du 14/11/12 -
Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai. "L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré."
Rendre les enfants conscients qu’on n’écrit pas exactement comme on parle. Développer une conscience syntaxique – quel est le bon ordre des mots dans une phrase - est une aide.
De même, Emilia Ferreiro dit - presque mot pour mot : « On n’écrit pas comme on parle, on n’organise pas les mots de la même façon. » 2) - p 8.
La chercheuse insiste : « Il est nécessaire de déstabiliser l’adulte pour qu’il abandonne cette idée naïve qui correspond à la vision séculaire suivant laquelle l’écriture reflèterait la parole… Il faut rendre plus complexe le regard que nous portons sur l’écriture. Paradoxalement, le regard de l’enfant en développement est plus complexe que celui de l’adulte alphabétisé. » 2) - p.99.
Ecrire, c’est donc se construire un système de représentation 8) et non pas simple notation ponctuelle des aspects sonores du langage. (Culture écrite)
"Lire c’est connaître un code culturel."
"Passer de ce qui est écrit à ce qui est oralisé et inversement, lire c’est connaître ce code et l’appliquer.
… Ce qui est écrit peut être converti en langage oral et en même temps ce que l’on dit, on peut l’écrire.
Ce que je vois écrit, on peut le lire. Et ce que l’on dit, on peut l’écrire.
Rendre explicite cette relation entre l’oral et l’écrit."
Qu’est-ce que c’est un mot ? Vivianne Bouysse et Emilia Ferreiro se sont posées la question, répondant à l’identique.
« C’est par la fréquentation des textes à travers la lecture (une lecture soutenue par autrui avant de devenir autonome) que l’enfant découvre la signification conceptuelle de cette « banalité » technique : les blancs entre les mots ;
… au début de la période phonographique, les enfants préfèrent écrire en scripto continua, c’est-à-dire tout attaché, comme le faisaient les grecs et les romains de la période classique. » Ferreiro Emilia –2) p 8.
Vivianne Bouysse, dans la vidéo, développe : "A l’oral, on ne parle pas par mot. L’unité articulatoire c’est la syllabe.
Il faut connaître l’écrit – d’une certaine façon – pour repérer les mots à l’oral."
Conférence de Viviane BOUYSSE du 14/11/12 - Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai. "L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré." (Grand merci pour cet accord gracieux.)
Aussi, conclurons-nous cet article en ces termes au goût, à l’apparence, à la sonorité de tautologies mais qui n’en sont pas :
" Tous les enfants ne sont pas au contact de cette langue modélisante. C'est le rôle de l'école maternelle de le proposer.
J'insiste sur cette idée d'imitation qui ne doit pas être tabou. Plus les enfants sont petits, plus ils apprennent par imitation
ils apprennent par essai-erreur et ils apprennent aussi par imitation.
Les apprentissages les plus culturels ne peuvent pas aboutir uniquement avec les essais et les erreurs, il faut qu'il y ait du modèle quelque part."
Viviane BOUYSSE.
Conférence de Viviane BOUYSSE du 14/11/12 - Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai. "L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré." (Grand merci pour cet accord gracieux.)
Conférence de Viviane BOUYSSE du 14/11/12 - Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai. "L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré." (Grand merci pour cet accord gracieux.)
Conférence de Viviane BOUYSSE du 14/11/12 - Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai. "L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré." (Grand merci pour cet accord gracieux.)
Sous le ciel du texte, la lecture est d’azur, la vision porte loin, l’horizon lumineux semble ignorer les obstacles.
Et pourtant, à bien y regarder, le marbre des mots prend des formes nébuleuses, son reflet miroitant nous aveugle. Plus on creuse, plus l’apparence lisse révèle des fractures, des nervures granitiques abyssales offrant des directions contradictoires, des embranchements impossibles, des passages diablement bien camouflés.
Le spectre du sens couvre tout d’un fond brumeux, piège peut-être même des contresens. Entendre, dans un tel cocktail revient à extraire les modulations d’un glaçon, dans un verre de Żubrówka à 2 mètres d’un conflit armé. La signature acoustique à fort stimulus de ralliement développe une triangulation naturelle qui – débarrassé de son harmonique - fait exploser les barrières sociales – brouille les points de vue – et peut déclencher la signalétique du rond et de la confusion.
A. S. Pouchkine, dans son « poème sans titre de 1830 » nous conte cet état de surdité :
Un sourd citait un sourd devant le juge sourd.
« Il m’a volé ma vache ! » criait le premier sourd.
« Permettez, lui hurla le second, cette terre
Appartenait déjà à mon défunt grand-père. »
Le juge statua : « Evitons le scandale,
Mariez le gars mais c’est la fille la coupable. »
Comment sortir du chaos et du désordre, de la cabane des mots, du grand bordel des babillages où l’obscur se mêle aux troubles ?
« Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre ».
(Genèse, 11, La Bible de Jérusalem)
Cliquer sur l'image pour accéder à la vidéo :
"La tour de Babel de Pieter Bruegel l’Ancien et la cochlée racontées par le biologiste Jean Claude Ameisen". Universciences.
Chaque mot – du moins la plupart d’entre eux, se livre au culte – à la débauche - desattributs**qu’on lui affecte.
Tous ces attributs forment des particularismes qui se structurent et par la même occasion influencent notre jugement… En d’autres mots, nous les déterminons en même temps qu’ils nous orientent – déforment – gouvernent
Toute langue est égocentrée – c’est-à-dire fondée sur l’assimilation du savoir et de l’expérience, en même temps qu’elle est égo-sociale c’est-à-dire active des liens, des oppositions, etcetera. Elle reflète et fixe les tourments principaux d’une société. Ainsi les Inuits possèdent-ils une douzaine de termes pour désigner les différents états de la neige – de même que pour les nuances de glace.
qanik - neige qui tombe
aputi - neige sur le sol
pukak - neige cristalline sur le sol
aniu - neige servant à faire de l'eau
siku - glace en général
nilak - glace d'eau douce, pour boire
qinu - bouillie de glace au bord de la mer
sitilluqaaq « une récente masse dure » s'applique à une congère de neige durcie qui s'est formée après une tempête
Le territoire du mot est donc large, vaste, solide mais également mou et labile. Le sens fonctionne comme un nuage d’éléments stables, distinctifs tout en étant changeant en qualité et quantité, le tout suspendu dans le vide.
Barbara Cassin - Philosophe - Directrice de recherche au CNRS
Extrait d'une conférence donnée à propos du "dictionnaire des intraduisibles."
La logologie.
"...Comme de légers nuages apparaissent dans un ciel pur."
Lev Vygotski dans Pensée et langage, emprunte cet exemple à Idelberger :
« Dans un autre exemple souvent cité, l’enfant désigne par le mot « coua » d’abord le canard qui nage sur l’étang, puis tout liquide, y compris le lait de son biberon. Plus tard, lorsqu’un jour il voit un aigle représenté sur une pièce de monnaie, il donne alors à la pièce cette même appellation et cela suffit pour que par la suite le mot « coua » désigne tous les objets ronds rappelant une pièce. Nous avons ici un exemple typique du complexe en chaîne, où chaque objet s’incère dans le complexe sur la base exclusive d’un caractère distinctif qu’il a en commun avec un autre élément et où le caractère même de ces traits distinctifs peut se modifier à l’infini. » 1* p 238
« Cette forme par complexes de la pensée enfantine entraîne cette particularité que les mêmes mots peuvent avoir dans des situations différentes des significations différentes, et même, dans des cas exceptionnels, particulièrement intéressants pour nous, un même mot peut chez l’enfant cumuler des significations opposées, dès lors que celles-ci sont en corrélation l’une avec l’autre, comme le couteau avec la fourchette. » 1*
L’homonyme détient les mêmes particularités. Un même mot – explique Barbara Cassin peut receler des sens opposés… et pourtant, il n’est pas sûr que ces homonymes a priori sans liens les uns avec les autres ne fassent pas tout ou partie d’un ensemble.
En outre le parfaite synonymie d’une langue à l’autre pour un même mot existe-t-elle réellement ? En russe, la libellule explique Lev Vygotski s’est substituée à la Cigale du fameux poème de La Fontaine « La cigale et la fourmi », ceci afin de garder l’idée de frivolité, etc.
« De même, sous l’angle de la fonction dénominative, des objets identiques coïncident dans des langues différentes mais le nom d’un même objet dans ces diverses langues peut dépendre de critères absolument différents [Britt-Mari Barth parle d’attributs]. Le mot russe portnoj [tailleur] vient du vieux russe port – « morceau de tissu », « couverture ». En français et en allemand la dénomination de ce même homme dépend d’un autre critère – du mot « tailler », « couper ». » 1* p 244.
« Prenons par exemple l’histoire du mot russe sutki. A l’origine il signifiait « couture », « endroit où s’assemblent deux morceaux de tissu », « deux choses tissées ensemble ». Puis il désigna n’importe quelle jointure, le coin de l’isba, l’endroit où deux murs se rejoignent. Par la suite il désigna au sens figuré le crépuscule, point de jonction du jour et de la nuit, et enfin, englobant le temps qui va du crépuscule ou la période de temps qui inclut le crépuscule du matin et celui du soir, il se mit à signifier « le jour et la nuit », c’est-à-dire vingt-quatre heures, sens qu’il a aujourd’hui ».1* p 245.
Difficile donc de s’y retrouver… Avec Barbara Cassin, nous sommes entre de bonnes mains, nous n’avons aucune raison d'être inquiets.
La philosophe navigue entre les traductions. Poursuit ses incessants allers-retours entre les continents de langues. De ce lent voyage, surgit des résonances singulières, des gazouillis de l'infime, des signes murmurés entre les lignes mais audibles. « C’est d’ailleurs qu’on se voit. »
« … ces phrases – nous confie Barbara Cassin - sont des réponses à d'autres phrases : comme le souligne Nietzsche, les textes grecs, ce sont des palimpsestes. Il est certain que Gorgias reprend Parménide, de même que Parménide reprend Homère. Tout cela peut se lire, encore faut-il avoir un immense savoir que j'ai essayé d'acquérir autant que j'ai pu, et que j'essaie de continuer à acquérir. Je crois qu'on comprend par là ce que veut dire " culture " : un texte est toujours aussi un texte de textes, surtout pour les Grecs. » 2*
Barbara Cassin
"Le sens, c’est d’abord le flair… et puis c’est l’intuition, l’intellect.
Sens veut dire sens : sensation et signification.
C’est à partir d’une autre langue qu’on s’aperçoit de sa propre langue.
C’est d’ailleurs qu’on se voit."
On se laisse gagner par l'enchantement des découvertes..: Comme dénicher de la vaisselle intacte sous des gravas après une tempête. Dégager le bois du sable. La surprise de micro-découvertes est interrompue par certains soubresauts : Contempler les signes cabalistiques de la culture.
« Quand j'ai enseigné la philosophie dans les lycées ou même quand je l'ai enseignée dans des endroits plus bizarres que les lycées, par exemple les PTT (j'ai en effet eu un parcours très atypique), je me suis aperçue que ce qui m'intéressait et ce qui intéressait les élèves, à quelque niveau qu'ils soient, c'était le travail qu'on faisait sur les textes. C'était là où il se passait vraiment des choses, et pas dans les idées générales. Ce travail se faisait sur les textes en langues, forcément. » 2*
L'abondance inhabituelle des tournures poétiques.
Les brusques variations de signification.
On avance sur le souffle fascinant des changements de vent.
« Pour tuer la poésie, il suffit de poser qu’il y a une correspondance absolue, parfaite entre les mots et les choses : alors la poésie n’est plus possible, puisqu’elle travaille au contraire dans la distance entre les deux. Ce que j’appelle exil, c’est cette distance entre le poète et la réalité qu’il ne reproduit pas mais qu’il produit, qu’il élabore, qu’il travaille à transformer. (…) Au fond, la tâche de la poésie est de rappeler que le sens n’est jamais achevé, que l’identité est toujours en avant, du côté de l’avenir, non pas dans le passé, dans une tradition immuable, appelée à se répéter indéfiniment ».
La poésie prospère, prolifère, résiste, crève la terre.
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« En toute créature visible, il y a quelque chose de caché ; Dieu veut que nous le cherchions, et qu'après l'avoir trouvé, nous nous réjouissons de cette découverte. » Saint Augustin.
Je rentre dans ce logiciel, je rentre dans google « Et Dieu créa l’homme à son image. »
Et je demande à le traduire en allemand – j’obtiens une phrase que je demande de traduire en français.
Et j’obtiens « Et l’homme créa Dieu à son image. »
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« Les humanités, ça devient une résistance...Faire passer à l’autre.
C’est beaucoup plus compliqué que de simplement communiquer.»
"Un intraduisible, c'est quelque chose qu'on n'arrête pas de retraduire."
"C'est un idéal." Barbara Cassin.
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** Les attributs sont physiques, observables (taille, son, forme, goût, couleur, température, densité, nombre, volume, consistance, poids, éclat, texture, état, odeur) non physiques, non observables (catégorie, classification supérieure ou inférieure – fonction : utilité, rôle - lieu ou place : relation entre un concept et son emplacement - temps : existence dans le temps - cause/effet : conséquence - séquence : ordre dans lequel il arrive - origine)
[Explication personnelle : Pour faire simple, une chaise, c’est : 4 pieds, un dossier mais pas d’accotoirs (car alors, il s’agit d’un fauteuil) et avec un dossier, sinon, il s’agit d’un tabouret.]
Britt-Mari Barth, l’apprentissage de l’abstraction, méthodes pour une meilleure réussite de l’école ; RETZ, 1987, isbn : 9-782725-611990 p 119.
1 * Lev Vygotski ajoute : ;
Le fait que l’enfant désigne par le mot « avant » un rapport temporel qui peut être aussi bien « avant » qu’ « après » ou emploie le mot « demain » pour désigner également hier et demain forme une analogie parfaite avec ce que les chercheurs ont depuis longtemps remarqué dans les langues anciennes – hébraïque, chinoise et latine -, c’est-à-dire qu’un même mot comportait deux significations opposées. Ainsi les Romains désignaient par le même mot le haut et le profond. Cette combinaison dans un même mot de significations opposées n’est passible que dans la pensée par complexes, où aucun objet concret entrant dans un complexe ne se confond par là même avec les autres éléments du complexe mais conserve toute son autonomie concrète.
[Ici, naturellement, Lev Vygotski décrit ce type de pensée comme une pensée enfantine, primitive, dans le sens de primaire . Il se situe au dessus – dans l’idée de progrès – d’élévation, comme la suite le confirme lorsqu’il cite … L. L évy-Bruhl, Les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures, p 77-78. Difficile de s’extirper des pensées de son temps... Néanmoins, il nuance ses propos lorsqu’il indique :
« Cependant une analyse minutieuse des liaisons qui sont établies par la pensée primitive et qui extérieurement ne s’écartent pas de notre logique nous convainc que les unes et les autres relèvent au fond du même mécanisme de pensée par complexes. » p 240.
« Pour que les mots coïncident dans leur référence concrète, il faut qu’ils indiquent le même objet. Mais ils peuvent indiquer le même objet par des procédés différents.
[…]
Les mots russes luna et mesjac désignent le même objet [lune] mais le désignent selon des modes différents, gravés dans l’histoire du développement de chacun d’eux. Luna est lié étymologiquement au mot latin qui signifie « capricieux », « inconstant », « fantasque ». Quand on a donné ce nom à la Lune on voulait évidemment mettre en relief le caractère changeant de sa forme, son passage d’une phase à l’autre, en tant que sa différence essentielle avec les autres corps célestes. La signification du mot mesjac est liée à celle de « mesurer ». Il signifie le « mesureur ». Quand on a donné ce nom à la Lune on voulait par là mettre en relief une autre propriété, c’est-à-dire que les phases de la lune permettent de mesurer le temps. »» p 244.
« La découverte que les significations de mots ne sont pas immuables, constantes, invariables et qu’ elles se développent est une découverte capitale, qui seule peut sortir toute la théorie de la pensée et du langage de l’impasse où elle est engagée. La signification du mot n’est pas immuable. Elle se modifie au cours du développement de l’enfant. Elle varie aussi avec les différents modes de fonctionnement de la pensée. C’est une formation plus dynamique que statique. La variabilité des significations n’a pu être établie qu’à partir du moment où la nature de la signification elle-même a été correctement définie. Cette nature se manifeste avant tout dans la généralisation qui est contenue en tant qu’élément fondamental et central dans tout mot car tout mot déjà généralise. » P 427 :
P 428 : Tolstoï : « Le rapport du mot avec l’idée et la formation de nouveaux concepts sont un processus de l’âme si complexe, si mystérieux et délicat […] » L. N. Tolstoï, Articles pédagogiques.
[…] le rapport de la pensée avec le mot est avant tout non une chose mais un processus, c’est le mouvement de la pensée au mot et inversement du mot à la pensée.
[…] Bien entendu il ne s’agit pas d’un développement déterminé par l’âge mais d’un développement fonctionnel et le mouvement même de la pensée de la pensée qui va de l’idée au mot est un développement. La pensée ne s’exprime pas dans le mot mais se réalise dans le mot.
P430-431 : Ainsi, dès l’origine, la pensée et le langage ne sont absolument pas taillés sur le même modèle. On peut dire en un certains sens qu’il existe entre eux une contradiction plutôt qu’une concordance. La structure du langage n’est pas simple reflet, comme dans un miroir, de celle de la pensée. Aussi le langage ne peut-il revêtir la pensée comme une robe de confection. Il ne sert pas d’expression à une pensée toute prête. En se transformant en langage, la pensée se réorganise et se modifie. Elle ne s’exprime pas mais se réalise dans le mot. Et c’est justement parce que les processus de développement de l’aspect sémantique et de l’aspect phonétique du langage sont orientés en sens inverse qu’ils forment une véritable unité.
Lev Vygotski – Pensée et langage – La dispute. Paris 1997 ; Isbn : 2-84303-004-8
La naissance de l’écriture donne lieu à de multiples récits, des recherches inépuisables.
A chercher des filiations – inévitablement - on en trouve.
On imagine l’écrit naître de mille dessins. Souvenons-nous du principe des graphismes évolutifs : la forme de l’animal ou
de la chose allant vers une stylisation aboutissant à l’abstraction. Au vrai, cette origine - vérifiée au niveau des graphismes sumériens – est séduisante tant elle a l’apparence de l’évidence,
aussi adhère-t-on à cette merveille de logique sans réfléchir.
Mais en ce qui nous concerne, cette genèse est-elle valide ?
On recense quatre foyers d’écritures déchiffrées - nous explique dans l’excellente émission du Salon Noir, le
Directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, Pascal Vernus 1) - en voici la
liste :
1 - La Mésopotamie : l’écriture sumérienne s’étend vers l’Iran et fait tâche d’huile.
2 - L’Egypte : Ce sont les signes du pouvoir, le besoin d’affirmer l’emblème de la souveraineté.
3 - La Chine.
4 - La Méso-amérique - Amérique centrale.
A cela s’ajoute deux foyers d’écritures non déchiffrées :
Pourtant, si ces foyers se sont enflammés, si ces systèmes se sont côtoyés et/ou se sont succédés, ils n’ont pas connu de
descendance directe.
Cette option d’un dessin transformé peu à peu dans un mécanisme « naturel » étant au fondement de notre système écrit est
donc à flanquer au panier. Emilia
Ferreiro confirme : « Aujourd’hui, un certain nombre de chercheurs rejette l’idée de la pictographie comme première étape de l’histoire de l’écriture. En effet, il apparaît peu probable que
le « dessin » ait évolué dans le seul but d’aboutir à l’écriture. Le dessin, aujourd’hui encore, possède son propre développement. » 2) p 57.
Notre écriture ne s’étant point créée de toute pièce, quelle est son origine ?
Son histoire ne saurait s’expliquer dans une transmission de techniques soulignent Pascal Vernus et Jean-Jacques
Glassner. Alors quoi ? Il s’agit d’idées. C’est bien l’idée de conserver des paroles, des faits, des savoirs qui est à la source d’inventions scripturales particulières. Autrement dit, l’écrit
est un objet pensé, travaillé dans une culture particulière 3), chaque société étant créateur de son système en propre 4).
En l’occurrence, c’est le système alphabétique dont « le principe […] veut qu’à toute ressemblance
sonore corresponde une ressemblance graphique et vice versa. » 5) , qui, par sa facilité d’utilisation, son caractère économique, a triomphé.
Pascal Vernus enfonce le clou, il n’existe pas de proto ou de pré-écriture... l’écriture est « l’intersection entre
deux dimensions de la culture humaine, d’une part la représentation, d’autre part le langage. » C’est le principe des belles « paroles » comme disaient les égyptiens – correspondant à
nos belles lettres.
Et cette relation entre l’oral et l’écrit, nous nous devons de la rendre explicite.
Pour autant cette accroche de l’écriture à la langue, cette belle mécanique constituant sa chance en fait également sa
malédiction. Le diable – ange déchu – est dans les nuances.
De la lumière du simple, de l’aisé, du facile, du brillant, émerge toujours les pires aveuglements.
1 - Confusion chez celui qui en maîtrise le code :
Evènement fréquent chez ‘l’intellectuel’ penché sur l’admiration de la science dont il est issu et pris de fièvres
raisonnantes :
Emilia Ferreiro nous rapporte une anecdote savoureuse:
« À un certain moment, les grecs ont introduit les voyelles. Un alphabet constitué de voyelles et de consonnes
voyait le jour pour la première fois. Comme, au même moment, sont apparues la pensée rationnelle et l’organisation démocratique des citées, on a tout amalgamé : l’alphabet, la pensée rationnelle
et la démocratie.
… la linguistique, en faisant des phonèmes les unités ultimes, les atomes du langage, que seule l’écriture
alphabétique parvient à isoler, entretient la croyance à la supériorité de l’alphabet. » Ferreiro Emilia, Culture écrite et éducation, p 156 – 6).
Le meilleur est à venir, jugez plutôt :
« David Olson raconte une anecdote intéressante, qui met en évidence les présupposés qui sous-tendent cette
conception. Après la seconde Guerre mondiale, alors que les Américains se demandaient comment ils pourraient aider le Japon, une commission a recommandé de remplacer leur système d’écriture par
un système alphabétique. Ils prétendaient que le Japon ne pourrait atteindre le développement technologique occidental tant qu’il maintiendrait son système d’écriture car, selon eux, ce dernier
ne favorisait ni la pensée rationnelle, ni le progrès technologique. L’histoire a semble-t-il, contredit les prévisions des américains.
L’alphabet semblait indissociable de la pensée rationnelle, de la science, de la technologie et, surtout, de la
démocratie, si bien qu’aucun linguiste n’aurait osé proposer aux populations agraphes une écriture qui ne fût pas alphabétique. » Ferreiro Emilia, Culture écrite et éducation, p 60 –
6).
2 - Confusion dangereuse chez celui qui n’en maîtrise pas le code :
L’écriture est certes accrochée à la langue, elle en a la sonorité, le pétillant, l’éclat, le rythme mais ce n’est pas de
la parole. 7).
« L’écriture n’est pas née pour refléter la parole quotidienne, celle des conversations en tête-à-tête. » insiste
Ferreiro Emilia – 2) - p 85.
Si la voix du texte et celle du lecteur se confondent, c’est en raison d’une interprétation parfaite de la partition. Le
lecteur donne voix au texte parce qu’il en maîtrise les pauses, le sens, les notes.
C’est un déchiffreur hors pair.
Viviane Bouysse – Vidéo A
(Grand merci pour cet accord gracieux.)
Conférence de Viviane Bouysse du 14/11/12 -
Entrer dans l'écrit en maternelle - Auditorium de Douai.
"L'oral écrit n'est pas un oral spontané mais un oral structuré."
Rendre les enfants conscients qu’on n’écrit pas exactement comme on parle. Développer une conscience syntaxique – quel
est le bon ordre des mots dans une phrase - est une aide.
De même, Emilia Ferreiro dit - presque mot pour mot : « On n’écrit pas comme on parle, on n’organise pas les mots de
la même façon. » 2) - p 8.
La chercheuse insiste : « Il est nécessaire de déstabiliser l’adulte pour
qu’il abandonne cette idée naïve qui correspond à la vision séculaire suivant laquelle l’écriture reflèterait la parole… Il faut rendre plus
complexe le regard que nous portons sur l’écriture. Paradoxalement, le regard de l’enfant en développement
est plus complexe que celui de l’adulte alphabétisé. » 2) - p.99.
Ecrire, c’est donc se construire un système de représentation 8) et non pas simple notation ponctuelle des aspects
sonores du langage. (Culture écrite)
Viviane Bouysse – Vidéo B
"Lire c’est connaître un code culturel."
"Passer de ce qui est écrit à ce qui est oralisé et inversement, lire c’est connaître ce code et l’appliquer.
… Ce qui est écrit peut être converti en langage oral et en même temps ce que l’on dit, on peut l’écrire.
Ce que je vois écrit, on peut le lire. Et ce que l’on dit, on peut l’écrire.
Rendre explicite cette relation entre l’oral et l’écrit."
Qu’est-ce que c’est un mot ? Vivianne Bouysse et Emilia Ferreiro se sont posées la question, répondant à l’identique.
« C’est par la fréquentation des textes à travers la lecture (une lecture soutenue par autrui avant de devenir
autonome) que l’enfant découvre la signification conceptuelle de cette « banalité » technique : les blancs entre les mots ;
… au début de la période phonographique, les enfants préfèrent écrire en scripto continua, c’est-à-dire tout attaché,
comme le faisaient les grecs et les romains de la période classique. » Ferreiro Emilia –2) p 8.
Vivianne Bouysse, dans la vidéo, développe : "A l’oral, on ne parle pas par mot. L’unité articulatoire c’est la
syllabe.
Il faut connaître l’écrit – d’une certaine façon – pour repérer les mots à l’oral."
Aussi, conclurons-nous cet article en ces termes au goût, à l’apparence, à la sonorité de tautologies mais qui n’en
sont pas :
Pascal Vernus, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études
Jean-Jacques Glassner, directeur de recherche au CNRS
2 - Ferreiro Emilia – Culture écrite et éducation – Retz, Paris, 2002, ISBN : 9782725620497
3 – « L’écrit n’existe que dans la culture (objet socioculturel). » p 5. Ferreiro Emilia – Culture écrite et
éducation.
4 – [ système d’écriture non élaboré à partir du dessin qui se serait modifié au cours du temps mais inventé
exprès.]
« … en octobre 1991, lors d’un symposium interdisciplinaire consacré à la literacy, à l’université de Michigan, un
mésopotamiste, Piotr Michalowsky, a violemment attaqué la conception évolutionniste de l’histoire de l’écriture. Il soutenait que les systèmes d’écriture avaient été créés en tant que systèmes et
qu’à l’origine, ils étaient mixtes, ce dont on possédait d’ailleurs des preuves. » Ferreiro Emilia – Culture écrite et éducation. p 56.
« Le dessin n’est pas le précurseur de l’écriture. A partir d’une indifférenciation générale (dans laquelle il n’y a ni
dessin ni écriture, mais trace et exploration de l’espace graphique), l’enfant parvient à distinguer nettement dessin et écriture. Or, cette différenciation initiale contredisait l’interprétation
établie par l’histoire de l’écriture, qui postulait une première période pictographique et présentait les débuts de l’écriture comme une stylisation du dessin. » Emilia Ferreiro – Culture écrite
et éducation – p 55.
5 - (Eléments non alphabétiques dans le système d’écriture. = Les indicateurs silencieux qui donnent des informations au
lecteur. ) « L’espace entre les mots, ) par exemple. C’est une indication d’un autre ordre, puisque ce blanc ne correspond pas à un silence. Si l’écriture était le reflet fidèle de la
parole, il n’y aurait pas de blancs, ou il y en aurait seulement pour indiquer que quelque chose, effectivement, se termine. Ainsi, à la place du point, il faudrait laisser un
espace.
L’espace entre les mots est un indicateur silencieux qui donne des informations au lecteur. Il en est de même de la
ponctuation, qui indique au lecteur s’il doit traiter les informations ensemble ou séparément, ou encore si les unités considérées sont de même nature. Les majuscules, aussi, sont des éléments
étrangers au principe alphabétique.
Le principe alphabétique veut qu’à toute ressemblance sonore corresponde une ressemblance graphique et vice versa. Les
ressemblances et différences dans le signifié n’ont pas de place dans un système alphabétique pur, bien qu’elles interviennent clairement dans de nombreuses écritures alphabétiques. Ainsi,
certaines langues comme le français et l’anglais contiennent de nombreux homophones qui, pourtant, ne sont pas homographes (les exemples bien connus comme « peau/pot », « toit/toi
»…)
Ceci entraîne des difficultés supplémentaires pour celui qui apprend à écrire, mais facilite considérablement la tâche du
lecteur. Dans tous les cas, il s’agit de ressources non alphabétiques introduites dans un système alphabétique.
L’évolution historique des systèmes alphabétiques est allée dans ce sens. Elle a introduit des éléments graphiques qui
tendent vers l’indication des différences sémantiques, transgressant par là même les principes alphabétiques. » Ferreiro Emilia – Culture écrite et éducation. p 59.
6) Ferreiro Emilia – Culture écrite et éducation – Retz, Paris, 2002, ISBN : 9782725620497
7) « Lire et écrire sont, par définition, des activités orientées vers les formes écrites d’un langage que le sujet
pratique déjà oralement. » Emilia Ferreiro . Comment s’y apprennent-ils ? p 11. [D’où les problèmes de ‘parasitages’.]
8) « A cette conception traditionnelle, Parkes ajoute une autre hypothèse… : préférer un texte sans marques, c’est
préférer un texte neutre, qui autorise de multiples interprétations.
L’une des fonctions sociales de l’écriture non ponctuée était de permettre à un groupe restreint de lecteurs de
multiplier les lectures potentielles. Plus la méfiance vis-à-vis du lecteur est grande, plus on introduit de marques dans le texte… la ponctuation sert de guide à l’interprétation. Il est
facile de constater qu’à notre époque, il y a surabondance de moyens graphiques pour orienter la lecture (encadrés, typographies, )
En ce sens… le texte ponctué est un texte déjà interprété.
… l’auteur introduit des marques pour prévenir certaines interprétations, parce qu’il veut être compris d’une certaine
manière, bien qu’il sache pertinemment qu’il ne peut contrôler l’interprétation du lecteur. Il se produit une tension intéressante entre la prolifération des marques (désir de contrôle, de
protection) et la multiplication d’usagers qui ne partagent pas les présupposés de la culture lettrée. » Ferreiro Emilia – Culture écrite et éducation – p 64
« Claude Hagège, un linguiste français influent, a publié un livre qui s’appelle L’homme de paroles, où il écrit :
« L’écriture est une analyse linguistique avec différents degrés de conscience. » … « Une langue écrite n’est pas une langue orale transcrite, c’est un nouveau phénomène linguistique et culturel.
» Ferreiro Emilia – Culture écrite et éducation – p 84-85.
Quelques définitions, à toutes fins utiles :
Ecrire, c’est se construire une représentation selon une série de règles socialement codifiées ; lire, c’est reconstruire
un réel langagier à partir de l’interprétation des éléments fournis par la représentation. Emilia Ferreiro – L’écriture avant la lettre – p 62.
Hachette éducation – 2000 – Paris ISBN : 2-01-170619-X
Viviane Bouysse - Compte rendu de la conférence - Entrer dans l'écrit en maternelle- réalisée par Catherine Mulero, Inspectrice de l'Education Nationale Douai-Cuincy.
La vraie pauvreté, c’est celle qui consiste à ne pas tout tenter, ne pas tout essayer à fin de
pallier les difficultés. Au lieu de dire et redire ce que l’on vient de raconter, au lieu de répéter encore et toujours la pratique visuello-auditive de l’apprentissage, ne peut-on pas se tourner
vers d’autres pratiques ? Innover, inventer, éviter de cloisonner et garder l’esprit ouvert ?
Quand « Le canal auditif, le canal visuel ne marchent pas - énonce Olivier Dulac, responsable de
l'unité neuro-pédiatrique à l'hopital Necker-Enfants malades (4) - il y en a un qui continue à fonctionner, c'est le canal tactile. Et les caresses continuent d'être là et d'être toujours
efficaces... Ce sont des fonctions qui se sont développées plus tôt... que le canal visuel et auditif... Tout cela (les caresses) a des vertus thérapeutiques... »
Le médecin ajoute : « Il va falloir essayer de compenser les difficultés par des rééducations appropriées. Essayer de
contourner la difficulté en utilisant d'autres canaux... Kinésithérapie... posture... Psychomotricité... motricité fine c'est-à-dire l'utilisation des doigts, une certaine stabilité dans le
comportement... ces enfants ont un trouble majeur de l'attention... sont hyperactifs... (elle) contribue largement à stabiliser l'enfant et donc permettre les interactions avec le
ré-éducateur... préalable... avant de pouvoir commencer une rééducation du langage c'est à dire de l'orthophonie.. On a... la séquence de la kinésithérapie, de la psychomotricité, de
l'orthophonie ces trois approches viennent l'une après l'autre, se renforcent mutuellement et s'aident... »
C’est ce que confirme la vidéo ci-dessous.
Elle tente d’éclaircir comment le cerveau fonctionne quand on apprend. Celle-ci (parmi une série de six autres) s’est
attachée à analyser les parties des zones cérébrales activées par des individus non-voyants lors d’une phase de lecture en braille.
Qu’y constate-t-on ?
Chose contraire au bon sens, la zone visuelle est activée par la lecture en braille. Cet éclairage est surprenant car
enfin ne répète-t-on pas que des connexions non activées en bas âge deviendront définitivement inopérantes ?
Or, l’apprentissage tactile va non seulement provoquer un « réveil de connections dormantes », mais va venir « réveiller
» la zone de vision de la même manière qu’un lecteur « ordinaire ».
Première observation : La zone de vision reste intacte chez l’aveugle.
Deuxième observation : Le toucher active les zones de la vision.
Lire ne serait rien que sentir ? Réveiller la sensibilité dormante de la lecture ? Réveiller les connexions dormantes
?
« Apprendre à lire, nous explique Stanislas
Dehaene - ce n’est pas seulement associer des lettres à des sons ; c’est également organiser la perception des lettres dans l’espace, dans le bon ordre et avec l’orientation
adéquate. Le chercheur cite les travaux de Maria Montessori dont l’une des activités qui préparent l’enfant à la lecture consiste à tracer du doigt le contour de grandes lettres en papier de
verre. Cette pratique assez ordinaire déroge pourtant à la domination du visuelo-auditif sur-pratiqué dans les classes. En imposant à la vision une exploration spatiale et motrice asymétrique,
elle ne peut que faciliter la rupture de symétrie de la voie visuelle ventrale. » (5).
La méthode Borel Maisonny
(6) fait surgir le canal tactile au milieu de ceux du visuel et de l’auditif. L’enfant prononce la lettre (éventuellement la lit), en écoute le son (phonème) tout en la symbolisant par un geste.
Cette activité mimée permet de s'approprier les sons, la forme des lettres tout en constatant les effets produits sur le corps. Par exemple le son « R » sera renforcé par la constatation
physiologique de la sensation du roulement dans la gorge. Le Site « La Petite Souris » détaille tous les sons de
cette méthode largement répandue chez les orthophonistes.
« La méthode, disait Descartes, est l’art de guider sa raison dans les sciences. Ajoutons : elle est l’art
de guider sa science dans la raison. Une scienza nuova, qui n’est plus liée à un éthos de manipulation et d’arraisonnement, implique une méthode autre : de pilotage, d’articulation. » La façon de
penser complexe se prolonge en façon d’agir complexe. » (3) p 214.
Descartes lui-même a rétabli l’importance de la perspective du sensible [Quoique « La critique de la certitude
sensible est le premier argument du doute méthodique. »(7) ]: prenant l’exemple du soleil lointain vu à la taille d’une orange, il écrit « En ce sens, la perspective sensible est
justifiée, et non pas réfutée : que le soleil ne me semble pas plus gros qu’une orange n’est pas un effet de ma vanité, ainsi que le prétendent les partisans de la morale ascétique, mais au
contraire de la perfection de ma nature sensible. Il est nécessaire en effet que les objets rapprochés me semblent agrandis, et diminués les objets éloignés, car ma sensibilité me témoigne par là
qu’il faut porter plus d’attention à ce qui est prochain, parce que le danger est alors plus immédiat, qu’à ce qui est lointain, qui me menace de façon moins directe. »
« Car l’homme n’est pas seulement chose pensante, comme il l’appréhende pourtant par la plus simple et la plus
originelle des intuitions métaphysiques, il est aussi âme unie au corps, et doit prendre garde à la conservation de ce corps par l’entremise duquel il lui est donné de rencontrer le monde.
»
Or jouer sur tous les tableaux afin d’aider l’élève en difficulté de lecture. Réveiller les connections dormantes grâce
au canal tactile – ce n’est pas « trouver la recette miracle » - mais c’est au moins tout tenter, tout essayer, tout expérimenter, tout imaginer… afin de tromper les chaînes des déterminismes.
(3) Édgar Morin, science avec conscience, éd du Seuil, point, 1990, ISBN : 2-02-012088-7,
(4) Olivier Dulac - Épilepsie chez l'enfant : La recherche et la prise en charge médico-sociale. responsable de l'unité neuro-pédiatrique à l'hopital Necker-Enfants
malades, professeur à l'université Paris-Descartes. Émission « Avec ou sans rendez-vous » par Olivier
Lyon-Caen du 14 juillet 2009.
(6) Suzanne Borel Maisonny, langage oral et écrit, Delachaux et Niestlé, 1985.
(7) «C’est ainsi que, selon l’exemple présenté dans Méditation Sixième, exemple par ailleurs emprunté à Lucrèce, une tour carré semble ronde dans le lointain, ou
bien encore les statues colossales au sommet des architectures, celles de Palladio par exemple, semblent petites vues d’en-bas. »
La critique de la certitude sensible est le premier argument du doute méthodique. »
Néanmoins, nuance Jacques Darriulat in ‘Descartes
et la réhabilitation du sensible’ : « Cependant, la réhabilitation des sens dans la Méditation sixième est physiologique plutôt qu’esthétique, et porte davantage sur la mécanique du réflexe que
sur le jugement de goût. On a parfois prétendu qu’il n’existe pas d’esthétique cartésienne, et que Descartes est indifférent au Beau. »
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Arthur Rimbaud - Sensation
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
:
L'éclectisme au service de la pédagogie & L'art de suivre les chemins buissonniers. Blogue de Virginie Chrétien chrétien. Maître formatrice en lien avec l'ESPE de Lille. Rédactrice chez Slow Classes. Partenariat : philosophie Magazine. Écrivaine : La 6ème extinction - Virginie Oak.
L’éducation, dans son étymologie même, c’est : «Educere, ex-ducere, c’est conduire « hors de » rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz dans Le Philosophoire.
Charles Coutel parle quant à lui d'[Educarea] ēdŭcāre ‘prendre soin de l’ignorance de l’élève’. "Le rôle de l’éducation - dit-il - c’est de me disposer à mon humanité en moi grâce à mon instruction."
Ecoutons George Sand…
« Mes pensées avaient pris ce cours,
et je ne m'apercevais pas que cette confiance dans l'éducabilité de l'homme était fortifiée en moi par des influences extérieures. »
George Sand, La mare au diable, Folio Classique, 892, P 37.
Ce blogue se propose de partager des outils pédagogiques, des moments d'expériences, des savoirs, des lectures, de transmettre des informations relatives à la pédagogie ordinaire et spécialisée, des idées d’activités dans les classes allant du CP au CM2 en passant par la CLIS. Enfin, on y trouvera aussi quelques pensées plus personnelles.
« Notre savoir est toujours provisoire, il n'a pas de fin. Ce n'est pas l'âge qui est le facteur déterminant de nos conceptions ; le nombre de « rencontres » que nous avons eues avec tel ou tel savoir l'est davantage, ainsi que la qualité de l'aide que nous avons eues pour les interpréter... »
Britt-Mari Barth, le savoir en construction.
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1 Le Philosophoire, L’éducation, n° 33, P16
2 P 52, Britt-Mari Barth – Le savoir en construction – Retz – Paris – 2004 – Isbn : 978725622347
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Gai savoir Raphaël Enthoven - Paula Raiman et les indispensables Nouveaux chemins de la connaissance.
Gai savoir
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Les nouveaux chemins de la connaissance - Adèle Van Reeth
Les nouveaux chemins d'Adèle Van Reeth