« L'Art, le beau doivent être partout. » Martine Aubry
Hervé Di Rosa est l’un des pionniers de la « Figuration libre ». Mélange d’un tout-mais-pas-n’importe-quoi joyeux et coloré, l’artiste produit un décalage suffisamment inconfortable pour irriter et interroger. En quoi la fresque murale présentée à Lille est-elle si éloignée de la vision officielle de l’Art ? Est-ce la palette ? Le tracé ? Le décalage ? L’usage de la faïence ?
Utilisant la joie, l'humour, l'art brut, l'accumulation, le détournement, la curiosité et l'ouverture aux autres, l'artiste déploie l’ensemble des codes sociaux et des matériaux plastiques à disposition afin de rendre l’Art accessible à tous.
Pari réussi ?
Une chose est sûre, affirme Madame La Maire de Lille, Martine Aubry, Hervé Di Rosa Parvient à « outrepasser les frontières ». Formule heureuse, n’est-il pas ?
Réflexion surgissante, laissant entendre un dépassement des normes couplé à un lien avec l’autre. Car Hervé Di Rosa outrepasse – effectivement - les limites de l’acceptable et dépasse les bornes de la norme tant sa pratique – certainement fort agaçante pour les hyper-conceptualistes - brise la complexité en visant le plus simple.
Efficace, effectivement. L’œuvre présente une suite de visages juxtaposés, une série de faces aux joues rondes, aux sourires simplifiés et à l’œil cyclopéen. Un tout artistique, certes harmonieux, mais anéantissant impitoyablement la perspective, utilisant des aplats vifs, jouant à plein les clichés du langage relationnel : tout en caractères tranchés cernés de noir, vision – en apparence – sans nuance où se tendent de féroces facilités émotionnelles…
Ce style épuré serait-il synonyme de facilité ? De simplicité ? D’un art de rue sans message ? La fabrique d’un art ordinaire, inintéressant, donc ?
Ou serait-ce l’inverse ?
Car ce n’est peut-être pas si impensable que cela de se jouer de l’inévidence par le biais de l’évidence. C’est qu’il y a une intelligence du sensible, une pensée de l’accessible, laquelle est déjà une traduction du visible.
Sourire à pleines dents, n’est-il point déjà opposer le coloré à la morosité d’un art complexe se voulant intellectuel jusqu’à l’illisible ?
N’est-ce point encore marcher sur le fil des codes sociaux ? Présenter les artifices dans leur nudité rupestre : caractères minimaux – bruts - caricaturaux et pourtant riches d’enseignements ?
C’est que ce sourire adressé est un langage.
D’abord celui du stéréotype, tant à bien y regarder, ces personnages sont parés d’attendus. On y découvre la caricature du chercheur à la loupe, du militant au poing levé, du garagiste au bidon d’huile, du vacancier au chapeau de paille, du graffeur à la bombe de peinture et de la belle parée de boucles fleuries de bijoux.
Ensuite, celui du graphisme. Un œil. Unique, à la forme géométrique des plus dépouillées, presque similaire d’un personnage à l’autre. Et pourtant, en quelques lignes minimales l’artiste génère des différences interprétatives maximales. Ici, des regards complices, là, l’amoureux, rêveur, parce qu’entre ciel et terre ou – tout simplement – parce que l’amour échappe à l’ordinaire droiture des lois établies et s’évade des règles strictes, a la tête penchée à l’oblique. Ici, l’« air » désabusé d’un homme fort sérieux. Ou encore, là, le regard dubitatif d’un travailleur en service ou scrutateur d’un militant en colère. Qu’est-ce qui produit cette « impression » ? Qu’est-ce qui différencie l’œil perdu de pensées – vague d’un plein submergeant - de celui, dénué de pensées, au flou laissé par le vide ? Qu’est-ce qui différencie la colère d’un vacancier, de la révolte d’un syndicaliste ? Où se joue les différences d’impressions produisant ici un sourire joyeux plein de présence et là un sourire amoureux plein d’une absence ? Qu’est-ce qui sépare le sourire spontané de l’obligation feinte ?
La réponse se situe sûrement dans les nuances géométriques du visage, lesquelles sont indubitablement complexes et poussent à l’analyse. Qui ne s’est déjà surpris à méditer sur la flexion d’un sourire étonnant ? Qui ne s’est arrêté sur un regard porté vers le songe ? Autant d’indices silencieux faisant d’un imperceptible une œuvre et du minuscule un texte.
Entrons dans l’étude scrutatrice des éléments et de leurs liens.
Etrange attitude, en effet, décalée dans ce concert de sourires que celui du vacancier au chapeau de paille colérique. Manque de tact – peut-être – de ce chercheur à la loupe impudique scrutant une jeune femme voilée.
Où les limites sont-elles outrepassées ?
Sont-ce… Les dents serrées ? Les sourires unanimes ? La simplicité ? La complexité des rapports sociaux ?
Dans cette photo de groupe, tous ces personnages font-ils société ? S’écoutent-ils ? Dialoguent-ils ? Ou sont-ce des rires juxtaposés, échanges superficiels et dialogues façades ?
De fait, un schéma simple appelle une foule de différences invisibles. Touches indétectables pour le spectateur pressé. Mais finalement très accessible pour peu que la pensée s’y attarde.
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Quelles exploitations en classe ?
Stéréotypes :
Qu’est-ce qui « signifie » ? Qu’est-ce qui est porteur de sens ?
Visages ( Quoi, les yeux ? La bouche ? La bouche associée aux yeux ?)
Vêtements
Accessoires ?
Comparer avec des graffs de rue :
Qu’est-ce qui fait langage ?
(Comparaison langage d’une image – langage d’un texte)
L’image ?
Ce qui est dit ?
Comparer avec des images « naturelles »
Qu’est-ce qui parle ? Nous imaginons, faisons « parler » ?
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Galerie photos