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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 17:04
Fenêtre du château de Montaigne.

Fenêtre du château de Montaigne.

« Quand je danse, je danse : quand je dors, je dors. Voire, et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps : quelque autre partie, je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude, et à moi. » (1726)


Les essais bruissent des doutes, contradictions, avancées, reculades, allongeailles de son auteur : Sieur Michel de Montaigne. 


J’entends - le craquement des feuilles noircies.
Une force émane de ce livre ordonné. 

Montaigne : La pensée à portée d’œil.

Sont-ce les centaines de segments, les pans entiers de vie, les intrusions variées d’anecdotes, les citations qui murmurent si près de mon oreille ? Les gravillons sur lesquels marche l’écrivain font des allées familières.
« J’aime que les mots aillent où va la pensée. » écrit Montaigne.
 
Montaigne débute de nulle part, sinon du lieu de sa naissance, l’œuvre plane de l’histoire du périgourdin, maire Bordeaux , seigneur de Montaigne, un être non pas pédant mais vivant. Non pas homme – encore moins avide de pouvoirs, de médailles, de gloire vaine - mais mortel. 

Spécialiste en rien sinon en pensées.
Plein du désir solide de cheminer. 

 

Page raturée des essais.

Page raturée des essais.

« Et quand personne ne me lira ».
Cette sentence pourrait assurément augurer de l’avenir. 
Le public – nous, c’est-à-dire un dérivé du peuple – n’estime point les jugements de soi sévères. Nous ne sommes points prompts à respecter l’humilité. 
Qu’un esprit plein juge ses qualités propres avec froideur, dureté, rectitude, ne se laisse rien pa
sser et voici que son manque d’arrogance nous agace, nous aveugle.
Aux bourreaux de soi aux lames tranchantes, nous préférons les lectures légères.
Nos regards changent de point du vue. Nous ne voyons plus en lui que sa mémoire erratique. Ses doutes. Ses réflexions buissonnantes. Son manque d’affirmations. 
Son refus de faire système, de créer des concepts en font un philosophe trop ordinaire. Sa simplicité, ses allongeailles, ses pillotages, son scepticisme en font un écrivain faussement simple, atypique. L’homme, finalement, n’est pas si net, ni si passionnant. L’intérêt se détourne.  

Montaigne – pourtant – est un empoisonneur.
Son texte est un discours à livre ouvert. L’oral cultivé de pensées. 
L’équilibre de ses réflexions, limpides, font d’intenses paysage. Et c’est vrai, que tout de suite, l’esprit traverse l’univers vif, réel, cocasse, sincère de
ce gentilhomme - mieux : honnête homme. Ses introspections organiques, ses doutes font nos préoccupations : plus vibrants, étonnants, modernes que n’importe lequel de notre ordinaire. 

L’œil éveillé. La respiration de Montaigne est un « miroir cognitif » puissant déclencheur de pensées. 
Les branches vives de ses objections, dénonciations des clichés, se contorsionnent violemment pour atteindre la lumière de notre conscient. J'observe que...  nous  tendons l’oreille pour entendre… le souffle dense de son esprit parle tel un discours égocentrique à livre ouvert 1*.  


On ne peut pas oublier ça, ce frôlement des idées. Immédiatement, le cheminement saute à l’esprit.

 

                           Montaigne, c’est de la pensée à portée de vue.
 

 

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Les Nouveaux chemins de la connaissance –
Montaigne philosophe 1/5 : Montaigne philosophe

 

Arte vidéo - Emission à voir en entier sur le site !

INVITÉ : JEAN-YVES POUILLOUX


Jean-Yves Pouilloux est professeur de littérature à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour. Il est spécialiste de Montaigne, de Rabelais et de littérature contemporaine (Queneau, Borges...). 

 



Les nuances de la pensée de Montaigne : Le gai savoir
- France Culture -


 

Sciences humaines - Pensées et langage. 

 

Persée - Pensées et langage

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1* - p 26-27 : Pour Vygotski, il n’est pas vrai que le langage égocentrique atteste le caractère initialement asocial de l’enfant et dépérisse à mesure que l’enfant se socialise. Il montre au contraire, sur une base expérimentale, que le langage égocentrique du jeune enfant est d’emblée social et que, loin de dépérir, il se transforme par la suite en langage intérieur, jouant un rôle de médiateur dans la formation de la pensée verbale au cours de l’activité pratique de l’enfant.


Lev Vygotski – Pensée et langage – La dispute. Paris 1997 ; Isbn : 2-84303-004-8

 

INVITÉ : JEAN-YVES POUILLOUX Jean-Yves Pouilloux est professeur de littérature à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour. Il est spécialiste de Montaigne, de Rabelais et de littérature contemporaine (Queneau, Borges...).

Le château de Montaigne et sa tour.

Le château de Montaigne et sa tour.

La tour de Montaigne.

La tour de Montaigne.

Michel de Montaigne

Michel de Montaigne

« La philosophie ne me semble jamais avoir si beau jeu que quand elle combat nostre presomption et vanité, quand elle reconnoit de bonne foy son irresolution, sa foiblesse et son ignorance. Il me semble que la mere nourrisse des plus fauces opinions et publiques et particulieres, c’est la trop bonne opinion que l’homme a de soy. »

Essais, II, XVII, cité en exergue au chapitre "Socrate" de Montaigne, une vérité singulière", p. 217.

Montaigne - Jean-Yves Pouilloux est l’invité de "Philosophie"

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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 16:29
Jacqueline lichtenstein et Adèle Van Reeth - Les nouveaux chemins de la connaissance - Conférence Citéphilo  du 10 novembre 2013 - Le faux en Art- au Palais des Beaux Arts de Lille - Merci de leurs accords gracieux.

Jacqueline lichtenstein et Adèle Van Reeth - Les nouveaux chemins de la connaissance - Conférence Citéphilo du 10 novembre 2013 - Le faux en Art- au Palais des Beaux Arts de Lille - Merci de leurs accords gracieux.

Adèle Van Reeth - conférence Citéphilo du 10 novembre 2013 - Le faux en art - merci de son accord gracieux

Adèle Van Reeth - conférence Citéphilo du 10 novembre 2013 - Le faux en art - merci de son accord gracieux

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Jacqueline lichtenstein- conférence Citéphilo du 10 novembre 2013 - Le faux en art - merci de son accord gracieux«Que soient maudits les pilleurs
et les imitateurs du travail et du talent des autres »
Albrecht Dürer

 

« Il faut dessiner, dessiner,
Dessiner encore, la peinture viendra après. »
Picasso

 

Admiratif.
Vous vous asseyez sur la banquette rouge du Palais des Beaux Arts.
Là à regarder fixement, telle la femme du narrateur du livre de Thomas Bernhard, ce tableau merveilleux, un ange, vous dites-vous. Vous souriez, vous ne vous expliquez pas ce prodige. Une heure durant : vous planez.

« Cet homme à la barbe blanche de Tintoret vous plaît donc tant que cela ? » interroge Reger, le personnage du roman de Bernhard, Maîtres anciens.
Pas de réponse.
« Ce n’est qu’au bout d’un temps assez long que la femme a dit un Non »
Ce non abrupt, direct, sans concession, fascine le narrateur. Stupéfait, il poursuit : « jusqu’à ce Non je n’avais encore jamais entendu un pareil Non. » […] L’homme à la barbe blanche de Tintoret ne vous plaît donc pas du tout ?» p 160

La réponse de la visiteuse pour extrêmement concrète est parlante. L’effet est cocasse. L’image, stupéfiante.
La ménagère épuisée de courses avait dû trouver repos dans ce salon divin. La visiteuse n’admirait pas, tout simplement, elle récupérait de la fatigue de la Foire humaine dans ce havre de culture échappant aux lois du marché. Aussi le corps repu de magasins 1*, les genoux abrutis d’abord du désir d’achats puis pleins du spectacle des tableaux avaient-ils trouvé à se régénérer dans cet antre muséal.

A travers ce passage, Thomas Bernhard pose la question de la société marchande, du monde et de ses dommages collatéraux : l’affairement, la vitesse et la superficialité. Il gifle également les représentations et les idées solidement établies que nous nous forgeons sur le monde.

On retrouve ces questions parfaitement posées par Jacqueline Lichtenstein dans la conférence de Citéphilo et des nouveaux chemins de la connaissance.

Que le monde soit fait d’illusions, de fausses impressions, de simulacres, la philosophie d’obédience idéaliste nous le dit depuis le troisième siècle avant Jésus Christ.

Mais l’Art partage avec la science, un idéal d’objectivité peu souvent questionné.
L’œuvre estampillée comme telle, n’est-elle pas une valeur sûre ? Un pilier ? Sa côte n’est-elle pas assurée sur des critères sérieux, dénués de fantaisie ?
Son intérêt ne réside-t-il point dans celui qu’on lui trouve à cœur ouvert ?

Une qualité précieuse que l’on ne lui peut retrancher. Tenez cette statue - ce Cupidon vendu par Michel-Ange à son mécène Laurent de Médicis par exemple. Eh bien, plus nous nous plantons devant ce marbre - cette offrande faite aux esprits - plus nous sentons à le regarder toute la sûreté du sculpteur antique : la puissance du burin, la précision de la masse.
Rien de subjectif, donc.
Le spectacle de ses traits nous emporte. Séduits par sa lumière, nous voici ensorcelés. Ses yeux, animés de vie, vrais, nous suivent. Sa musculature exceptionnelle fait le palpitant de notre chair.
Savant ou non, il faudrait être de fort mauvaise foi pour ne pas lui trouver des proportions harmonieuses. Une sincère beauté. Un force vraie. Sa valeur semble incontestable.

Et pourtant, une révélation – d’un coup - mène la vie dure à la plastique naguère célébrée : le marbre n’est qu’un Michel-Ange, apprend Laurent de Médicis.

Son intensité, sa perfection disparaît avec la connaissance de l’usurpation.
La tromperie, nous ébranle.
Nous nous sentons en présence d’une beauté fatale dont nous nous serions approchés imperceptiblement afin de sentir son harmonie, de nous rendre complices de son existence, de respirer sa singulière beauté et qui, aurait découvert d’odieuses ancres mal tatouées sur toute la superficie de ses bras en retirant sa veste.
D’un coup, la laideur crasse nous chavire.
La sauvagerie se mêle à l’absurde. Le désir est tué net.

La fascination fait place à la froideur. L’unique, la belle, l’originale, la Parfaite. Le « Dieu le sait, je n’ai cherché autre chose en toi que toi-même. » confessé par Héloïse à Abelard se vaporise.

Liquidé l’Adéquation parfaite entre 'nous et l’œuvre’.

Notre répulsion est un fait, une réalité.

 

Et voici que son imperfection nous écœure.

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Les Nouveaux chemins de la connaissance :

Ressemblances et faux-semblants (4/4) : Le faux en art

Citéphilo : Le faux en art.

Réplique d'Alain Finkielkraut avec Jean Clair et Régis Debray : La passion des images

 

Revue électronique Céroart : 

Vers des frontières plus claires entre restauration et hyper-restauration

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Dimanche 10 novembre 2013 - Citéphilo -

Auditorium du Palais des Beaux Arts de Lille Le faux en art - 

Jacqueline Lichtenstein et Adèle Van Reeth lors de l'émission des nouveaux chemins de la connaissance.

Merci de leurs accords gracieux ainsi que celui de Gilbert Glassman.  

Michel-Ange du temps où ce dernier n'était point encore connu, réalisa un faux Cupidon de marbre qu'il vendît comme antique à son mécène Laurent de Médicis. Ce dernier s'étant aperçu de la supercherie, lui demanda de lui restituer la somme. Troquant ainsi - pour le coup - un faux antique mais un vrai Michel-Ange contre une somme dérisoire.

 

Dimanche 10 novembre 2013 - Citéphilo - Auditorium du Palais des Beaux Arts de Lille - Le faux en art - Jacqueline Lichtenstein et Adèle Van Reeth lors de l'émission des nouveaux chemins de la connaissance. Merci de leurs accords gracieux ainsi que celui de Gilbert Glassman.

Quelques notes : 

Les trois-quarts des tableaux de Rubens, Rembrandt étaient réalisés par des ateliers et non par l’auteur.

L’idée d’auteur s’est construite au moment du "Romantisme" ;

L’auteur se doit d'être 'original'. (Dürer) Au XVIIème l’originalité est confondue avec l’origine.

Le faussaire introduit un doute. On doit réfléchir : doute théorique / philosophique.

Le corpus des œuvres de Corot,  Utrillo contiennent nombre de copies.

Parfois l’artiste falsifie lui-même (Chirico)

L'hyperrestauration  de Joseph Van der Veken (1872-1964)

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Thomas Bernhard – Maîtres anciens – Folio – Gallimard – isbn : 9782070383900.


P 164 - 165 :
« Ma femme avait ce qu’on appelle un problème de conscience, Explique le narrateur. pendant plusieurs heures, marchant devant le centre-ville, elle n’avait pas su si elle devait s’acheter un manteau de la firme Braum ou un tailleur à la firme Knize. Ainsi déchirée entre la firme Braun et la firme Knize, elle a finalement décidé de n’acheter ni un manteau à la firme Braun, ni un tailleur à la firme Knize et, à la place, de se rendre au Musée d’art ancien où, jusque-là, elle n’était allée qu’une seule fois de sa vie. »
Regger conclut :
« … tout simplement, elle était complètement épuisée. En fait les gens, dans les musées, commettent toujours l’erreur de projeter trop de choses, de vouloir tout voir, si bien qu’ils vont, ils vont, et ils regardent, ils regardent, puis soudain, tout simplement parce qu’ils se sont gavés d’art, ils s’effondrent. C’est ce qui est arrivé à ma femme… »


« … Nous nous sommes assis sur cette banquette, abandonnés du ciel et de la terre, a dit Reger, et nous sommes plus ou moins la déprime elle-même, la désespérance, a déclaré Reger… »

Le profane va au musée et se le gâche par excès.

P 163 : Nous arrachons de notre vie un objet qui nous est cher, qui, comme on dit, nous tient au cœur, une œuvre d’art, et celui qui l’a reçu s’en va le vendre pour une somme scandaleuse, extravagante, a dit Reger. Faire des cadeaux est une habitude épouvantable, naturellement contractée par mauvaise conscience et, très souvent aussi, par la peur commune de la solitude.

P 162 (cadeau) … sa nièce, quelques jours après avoir reçu le tableau de sa tante, ma future femme, l’avait vendu deux cent mille schillings au Musée de la ville de Vienne. Faire des cadeaux est l’une des plus grandes folies, a dit Reger.

P 101 : Seul l’imbécile admire, l’intelligent n’admire pas, il respecte, estime, comprend, voilà. Mais pour le respect, l’estime et la compréhension, il faut de l’esprit, et de l’esprit, les gens n’en ont pas, sans esprit et parfaitement dépourvus d’esprit ils vont voir le Pyramides et les colonnes siciliennes et les temples perses et s’imbibent d’admiration avec toute leur bêtise, a-t-il dit. L’état d’admiration est un état de faiblesse d’esprit,

P 102 : « L’admiration – écrit Thomas Bernhard dans « Maîtres anciens » - n’est pas seulement le signe distinctif de l’homme soi-disant inculte, tout au contraire, elle l’est aussi, dans la mesure tout à fait effrayante, oui, en vérité terrifiante, surtout des gens soi-disant cultivés, ce qui est encore beaucoup plus répugnant. L’homme inculte admire parce qu’il est tout bonnement trop bête pour ne pas admirer, en revanche l’homme cultivé est trop pervers pour cela, a dit Reger. L’admiration des gens soi-disant incultes est tout à fait naturelle, en revanche l’admiration des gens soi-disant cultivé est une perversité positivement perverse, a dit Reger.

Dimanche 10 novembre

 

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 14:23
Marseille - 2015

Marseille - 2015

 

 

Costume par le photographe Katarzyna Konieczka 

 

Ce n’est pas l’âme ou le vide qui infuse dans le corps de Lady Dior, c’est le "bankable". Tout le volume corporel de Lady Dior est plongé, tendu vers cet unique but : Faire du chiffre. L’équation de ses courbes ne recèle aucun second degré. Le corps infuse, diffuse une fausse liberté, une illusion d'insouciance; la nature de ses frémissements sont calculés à la fleur de carat près.



La Chorégraphie au charme désuet conserve un goût exotique.

Le travail des chorégraphes est bien orchestré, l’aspect mécanique s’efface, le désir prend le dessus.
C’est « le lien très intime du désir - écrit Jacques Darruilat sur son blogue ‘philosophie esthétique’, le philosophe poursuit : Le choc tout physique, par l’effet de l’union, communique alors à l’âme un ébranlement qui la commotionne d’autant plus que l’intensité de la rencontre a été plus grande, ce qui fait qu’elle demeure comme étourdie sous le coup de cette révélation, et qu’elle ne peut plus détacher son regard de l’objet surgissant qui, soudain, la fascine. »


Lady Dior est une automatisation du désir, un mécanisme bien huilé, une surenchère permanente d’effets, de lumières, de costumes, de mouvements calibrés, avec, ici une touche de Marilyne, là une retenue à la … - je ne sais - à vous d'imagier... 
Derrière la marche aériennes de Lady Dior – des coachs professionnels – des chorégraphes du mouvement, de l’envie, de la mesure, experts es sciences des « besoins du public » sculptent là une mèche dans le vent, ici, des cheveux plongeant vers le bas des reins. Sa réalité est scénique, celle d’habiles ingénieurs experts en manipulation de pensées. Sa générosité est une qualité au service de la Marque. Ses tremblements, sa langueur, ses rires, ses gémissements, ses larmes sont les signes d’une manipulation bien orchestrée. 

Son rayonnement nous aveugle.

Sa fantaisie nous anesthésie. Ses excès hypnotiques sont autant de mépris proférés à l’encontre de la pensée. Le minimalisme de la tenue pailletée à fin d’attirer le regard concupiscent du spectateur fonctionne. La jolie fille montre ses atours à fin de provoquer un seul désir – celui d’acheter. Et de fait, nos regards sont les mêmes : effarés. Nous l'observons, la savourons, la goûtons.

Puis, nous nous précipitons vers la caisse.


La liberté – le beau - le meilleur sensualité – l’illusion d’indépendance – la légèreté, l’érotisme. Dans ce tourbillon où les mannequins s’abandonnent « Tu n’es plus toi-même, tu es une vision de toi-même », explique le coach de Cloé Morteux, visage satisfait tout imprimé de morgue.


Faire appel au superficiel, c’est mieux qu’être soi-même, c’est être une narration, une image, un idéal, un fantasme,
                                                            une vision.
                                                                                    Un vacillement.

 

 

Article rédigé entre 2010 et 2012.

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Sites    :)

 

Katarzyna Konieczka     - Site du photographe 

 Katarzyna Konieczka galerie

 

Socrate au pays de la pub. Philosophie magazine

 

 

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 21:23

 

«  Ces stoïciens de boudoir boivent dans leur masque leur sang qui coule, 

et restent masqués.  » 

Barbey d’Aurevilly P 92.

Du dandysme et de George Brumell. 

 

 

Quel homme se cache derrière Romain Gary, Shatan Bogat, Fosco Sinibaldi ou Emile Ajar ? 

Que  masque cette écriture à la fois classique, sérieuse dans les Racines du ciel en même temps que teintée d’humour et de sensibilité dans Gros câlin

 

Romain - Gary en russe, c’est celui qui se consume.

Brûle d’écrire, le soir, la nuit, au petit matin surtout – à l’heure où le ciel plein de pénombre encore se désagrège et coule doucement vers les  bleus du jour.

 

Romain Gary est un immigré. Juif. Sur sa vie plane l’ombre de la guerre. Contraint de quitter sa Lituanie natale, il effectuera de brillantes études à Nice où il subira les ricanements veules de collégiens, ces êtres ordinaires  qui se sentent à leur place. « Un homme qui est bien dans sa peau – nous révèle Pierre Audi, se faisant porte voix de Romain Gary -  est soit un inconscient soit un salop. » 1*

Il est difficile d’être soi-même, de rentrer dans sa propre peau. On peut être fissuré de ce que l’on est – et - touché parce que l’on n’est pas. Marionnette impuissante et honteuse.

 

Nous sommes des additionnés, des êtres de plusieurs visages, explicite Paul Audi en porte pensée de l’écrivain. 1*

 

Aviateur accompli. Compagnon de la libération. Consul général de France. Fils irréprochable, écrasé par la perfection qu’on attend de lui. Assuré de la peine capitale du devoir être à la hauteur. 

 

  Bien plus tard, il tombera inanimé dans le ghetto de Varsovie  « Foudroyé par les absents. », confiera-t-il aux journalistes. 2*

 

Plume contre plaie. Pointes contre glaive. L’écrivain se dresse contre l’absurdité d’un monde qu’il n’a pas choisi - sculpte le présent en sons et couleurs.  

Par la fiction – fut-elle celle de sa vie - lui, le dépossédé, contraint d’abandonner ses racines, le seul au monde entend se débarrasser du réel – et ce - une bonne ligne pour toutes. 

Après la Russie, la France, les Etats-Unis d’Amérique, un quatrième monde l’habite et le hante, Gary exerce son énième langue maternelle : le Daîmon de la littérature. L’impérative sensation des lettres. La joie confuse du pur plaisir d'exister - dix fois plus rafraîchissante, cent fois plus épaisse que les cinq autres continents. 

L’irruption du roman est insaisissable et brûlant.

Succès rapide. Fulgurant. Foudroyant. L’auteur obtient le prix Goncourt en 1956.  La consécration à 42 ans. 

L’enfermement, aussi. 

La cage de l’écriture sûre, solide, exigeante, lettrée, se referme sur lui. Etiquette : lettres classiques.

Même de ce continent – là, frôlant – trébuchant, les critiques, lecteurs, éditeurs veulent le spolier.

 

Romain Gary est-il heureux ?

« Je me lie très facilement. » rappelle Paul Audi, en le citant. 

  Il établit certes des rapports aimables avec autrui développe le philosophe mais le romancier se confie : « Je suis absolument sans amis. » 1*

 

Retour à la base, à l’inconnu. Repartir à zéro. 

Etre du côté du Rien.

« Mon vieux, demande Romain Gary à son petit cousin germain, Paul Pavlovitch, j’ai besoin de toi, peux-tu être Emile Ajar ? Donner quelques interviews, jouer à l’écrivain ? » 2* 12 min « Paul Pavlovitch se prend au jeu »

 « Je savais que Romain était bourré d’idées impossibles. Et que probablement on allait les réaliser. »2*

« Il m’avait dit : t’as pas besoin d’en rajouter. Les gens compléteront.  Tu n’as rien à faire. Et là il avait entièrement raison, y’ avait rien à faire. Les gens voyaient ce qu’ils croyaient, Vous n’aviez pas à jouer. D’abord les types considéraient que j’avais du talent, donc ils apercevaient mon talent même si j’étais réellement quelconque. Ca, c’était un fier coup de main.» 2* 

 

Changer de peau, un idéal, muer tel un serpent « Je change davantage de costume que de peau. » 

Peut-on se (re)trouver en bâtissant des milliers de personnages fictifs ? Peut-on dévorer le monde à travers le ventre de ses personnages ? La littérature peut-elle être le creuset de son histoire. 

 

« Nous sommes faits de la peau des autres. » reprend Paul Audi 1*

Entre désespoir du miroir de soi-même et espoir boulimique d’être autrui, Romain Gary tente adroitement de lisser du temps en volant des morceaux de vie – simplement pour lisser le fripé, s’adoucir, se rajeunir. 

S’accepter à perte de peau, jusqu’à sa disparition en autre. 

 

L’imposture fonctionne . Emile Ajar, alias Romain Gary obtient le prix Goncourt en 1975 pour La vie devant soi.  

Peut-on se réinventer ? 

Renaître à une vie potentiellement supérieure ? 

La danse de Gengis Cohn, ce livre racontant le fantôme d’un juif venant hanter un soldat allemand est certes d’un Humour explosif mais reste le tourbillon d’écorchés ouverts à vif par excès de sensible.

 

Le Dibbouk,  l’attachement, l’ esprit malin, le démon est un dys-book, le dysfonctionnement du fantôme des mots venant hanter les vivants. « Romain Gary s’éprouve comme déjà disparu. » 1*

 

Sa réalité est en morceau. C’est « Un sourire sans défense. » 2* 

 

            Cette fois, n ’est-ce pas dans sa propre chair qu’il plante la plume ? 

 

                                                                                                                        En profondeur ?

 

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      Citephilo.

 

 paul-audi---Adele-van-reeth.jpg

1* - La fin de l’impossible – Deux ou trois choses que je sais de Gary.

Citéphilo du 9/11/2013 – Adèle Van Reeth, Paul Audi.

 

2* Vidéo .

3min 29

4min 29 (photo romain)

12 min

14 min (j’étais mal - ) 

18 (Simone Babil – l’homme coïncide avec son texte)

22 « moi, créateur de personnage »

23 « Une percée dans l’absolu » 

25 «  Avec l’amour maternelle, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela à chaque fois vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. »

 

 

      (Petit montage vidéo à venir)

 

 

      Les nouveaux chemins de la connaissance. Bonne écoute à tous !

 

Paul audi - Adèle La fin de l’impossible – Deux ou tro

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      Paul Audi - France Culture

La fin de l’impossible – Deux ou trois choses que je sais de Gary.

Citéphilo du 9/11/2013 – Adèle Van Reeth, Paul Audi.

 

Philépol - site philosophique, d'épistémologie et de politique, dirigé par Yves-Chearles Zarka.

 

Romain Gary par Paul Audi - Je suis toujours été un autre.

L'affaire homme - Gallimard.

 

Philosophie Magazine - Citephilo.

 

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 16:18

Clin d’œil – David Spergel


Etienne Klein – Gamov la mastication des vaches. Ecole Centrale de Paris  N° 9

Cédric Villani – Le mouton noir. Visages.

Etienne Klein - Le fond diffus cosmologique. Ecole Centrale N° 5

Visages - Cédric Villani - Invention du laser.

Etienne Klein - Peut-on avoir raison contre les faits ? Ecole Centrale N° 4

Wolfgang Pauli - la découverte du neutrino. Ecole Centrale N° 6 - Etienne Klein

 

 

 

 

Le paradoxe du chat beurré.

 

 

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Présentation

  • : Le chêne parlant
  • : L'éclectisme au service de la pédagogie & L'art de suivre les chemins buissonniers. Blogue de Virginie Chrétien chrétien. Maître formatrice en lien avec l'ESPE de Lille. Rédactrice chez Slow Classes. Partenariat : philosophie Magazine. Écrivaine : La 6ème extinction - Virginie Oak.
  • Contact

Introduction.

L’éducation, dans son étymologie même, c’est : «Educere, ex-ducere, c’est conduire « hors de » rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz dans Le Philosophoire. Charles Coutel parle quant à lui d'[Educarea] ēdŭcāre ‘prendre soin de l’ignorance de l’élève’. "Le rôle de l’éducation - dit-il - c’est de me disposer à mon humanité en moi grâce à mon instruction." Ecoutons George Sand… « Mes pensées avaient pris ce cours, et je ne m'apercevais pas que cette confiance dans l'éducabilité de l'homme était fortifiée en moi par des influences extérieures. » George Sand, La mare au diable, Folio Classique, 892, P 37. Ce blogue se propose de partager des outils pédagogiques, des moments d'expériences, des savoirs, des lectures, de transmettre des informations relatives à la pédagogie ordinaire et spécialisée, des idées d’activités dans les classes allant du CP au CM2 en passant par la CLIS. Enfin, on y trouvera aussi quelques pensées plus personnelles. « Notre savoir est toujours provisoire, il n'a pas de fin. Ce n'est pas l'âge qui est le facteur déterminant de nos conceptions ; le nombre de « rencontres » que nous avons eues avec tel ou tel savoir l'est davantage, ainsi que la qualité de l'aide que nous avons eues pour les interpréter... » Britt-Mari Barth, le savoir en construction. ________________________________________________________________________________________________ 1 Le Philosophoire, L’éducation, n° 33, P16 2 P 52, Britt-Mari Barth – Le savoir en construction – Retz – Paris – 2004 – Isbn : 978725622347

Contributions et Partenariats.

Contributions gracieuses : Magazine Slow-classes. Numéro 1 Faire Mouche en géométrie et 2. Le moulinet à vent : mettre des mathématiques dans les voiles. ....... SLOW CLASSES : Slow Classes __________________________________________ Partenariat gracieux Philosophie Magazine. Philomag ________________________________________

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